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Lady Balge s'exclama dès qu'elle vit la tête de Lydy apparaître:
- Tu te rends compte de l'heure qu'il est ? Nous avons perdu la moitié des clients de la matinée, ils sont tous partis ! Fit-elle en agitant frénétiquement ses bras maigrelets. La vieille dame semblait déjà exaspérer Lydy qui répondit en se plaçant derrière le comptoir:
- Vous exagérez.
- Je vais te renvoyer avant que tout ne s'effondre ! Tu veux tout gâcher alors que tu ne peux rien me prendre ! Tu n'auras rien, Lydy Hastal.
Lydy soupira et essaya de faire semblant de ne pas entendre. Déjà perturbée, elle supportait à présent les remarques de la vieille dame. Elle commença à ranger devant elle en attendant que la vieille femme s'en aille à l'arrière de la boutique en marmonnant. Cela arriva cinq minutes plus tard, permettant enfin à la jeune femme de respirer. Lydy poussa un autre soupir et laissa sa tête tomber sur un tas de livres sur son bureau, se sentant accablée par sa vie.
Elle se releva dès que la clochette sonna à la porte vitrée, puis se prit la tête dans ses mains après le départ du client, un vieil homme tremblant de tout son long. Ces clients représentaient la majorité de la clientèle, étant donné que Lady Balge ne vendait principalement que des objets anciens. Cependant, seuls quelques-uns tremblaient à ce point.
Lydy avait donc demandé à l'homme si tout allait bien, inquiète qu'il ne rapporte rien chez lui. Il avait répondu affirmativement, et elle avait acquiescé de la tête en le regardant partir. Quelques minutes plus tard, la voix nasillarde de Lady Balge avait déclaré qu'elle allait faire des courses, ce qui avait fait sursauter Lydy et la regarder comme si elle était un revenant, lui causant une véritable peur.
Lady Balge était une femme peu attrayante, affirmant ne jamais avoir été belle et ne désirant pas l'être. Elle portait un vieux bonnet sur sa tête, accompagné de vêtements larges et sombres. Son apparence effrayait parfois les enfants et n'attendrissait pas les adultes. Sa vie solitaire et sa boutique étaient ses seuls centres d'intérêt. Elle n'avait jamais trouvé d'homme à sa hauteur pour se marier, et avait un fils, Donatelo, né d'une relation hors mariage. Ce dernier, tout aussi désagréable qu'elle, était rarement présent. Lorsqu'il s'agissait des courses, Lady Balge se contentait de ramener des antiquités, tandis que son fils apportait mystérieusement des boîtes dans une pièce fermée à l'arrière de la boutique.- D'accord.
Lady Balge passait déjà la porte en titubant. Lydy alla se chercher un café et se mit à rêver en le sirotant. Son téléphone la sortit de sa rêverie, et elle se sentit obligée de répondre à l'appel de sa mère, même si elle n'en avait pas vraiment envie.
- Allo ma chérie !!
- Bonjour maman, répondit-elle sans enthousiasme.
- Tout va bien ? Pourquoi tu n'as pas appelé ta pauvre mère ?
- Tout va bien maman, je suis au travail là. Est-ce qu'Édouard va bien ?
- Oui, il va bien. Tu nous manques ma chérie, quand est-ce que tu reviens ? Tu dois nous apporter quelques cigarettes, Lydy !
Encore une fois, sa mère revenait sur le sujet des cigarettes !
- Je ne sais pas maman, il faut que je te laisse, un client arrive.
- Dès que je te parle de ma cigarette, tu te sauves, se plaignit sa mère d'une voix triste qu'elle utilisait souvent.
Soudainement prise d'une grande tristesse, elle posa son téléphone avant de le reprendre pour naviguer sur internet. Elle commença par consulter sa page Instagram, où elle avait seulement une photo de profil. Cette photo avait été prise lors d'une journée de ski en montagne avec un groupe de touristes de passage dans sa région, venus demander des informations dans sa boutique. Pour pouvoir s'absenter, elle avait dû prétendre être malade. Malgré le fait qu'elle n'avait qu'un seul abonné, elle battait des records avec cette seule photo où son visage était à peine visible sous ses vêtements de ski. On aurait pu la prendre pour une skieuse professionnelle. Ensuite, elle visita le compte d'Elisa, qui avait des centaines de photos et des milliers d'abonnés, ce qui contrastait fortement avec le sien. Elisa venait de publier une photo avec un commentaire mentionnant son désir d'être recrutée par l'agence de mannequins Maxence.
Lydy posa son téléphone après avoir quitté l'application. Un client entra à ce moment-là et elle se prépara à le servir.Lady Balge apparut, suivie de son fils, mais Lydy ne leur prêta pas attention lorsqu'ils se dirigèrent vers l'arrière de la boutique. Elle non plus. Donatelo repartit trois minutes plus tard puis soudainement Lydy se précipita vers l'arrière de la boutique, se dépêchant de rejoindre la vieille femme qui s'était mise à hurler.
- Mon Dieu ! Qu'est-ce qui vous arrive ?
S'écria Lydy très stressée, ses mains étant déjà moites. Elle avait eut peur qu'un malheur ne soit arrivé. Mais lady Balge semblait se porter mieux que jamais, elle fixait simplement Lydy de ses yeux sombres.- Qu'est-ce que vous êtes venue faire ici ?
La vieille dame cria, prête à étouffer de rage.- J'étais juste venu prendre un café.
- Es-tu sûr que tu voulais juste un café ?
La femme lui cracha.Lydy plissa les sourcils et faillit défaillir. Comment cette femme osait-elle encore insinuer qu'elle était une voleuse ? Elle qui avait eu une peur glaciale en la croyant en danger ! Elle qui mettait tout en œuvre pour maintenir le bon fonctionnement de son entreprise ?
L'arrogance de la vieille dame lui pesait soudainement trop sur le cœur, elle devait s'en débarrasser, par tous les moyens.
Lydy frappa du pied une fois.
- Vous savez quoi ? Je vous abandonne.
- Bon débarras ! entendit-elle en s'éloignant rapidement de la frêle vieille dame.
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PLUS JAMAIS NULLE ( En Réécriture)
RomanceQuand les tourments de l'existence nous poussent à plonger dans des abîmes de folie, quand des âmes timides révèlent un caractère explosif, quand la quête de richesse nous attire dans des gouffres béants, voici l'histoire captivante de Lydy et d'Iva...