chapitre trente-neuf

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Après que Wooyoung ait envoyé un message à Jisung pour le prévenir que San et lui rentraient à leur mobilhome pour « se reposer », comme il lui avait dit après l'avoir rassuré pendant un petit moment en lui assurant que tout était réglé entre le bicolore et lui et que le bleuté ait fini par abdiquer en leur souhaitant une bonne nuit à tous les deux par le biais du noiraud, assurant à celui-ci de transmettre le message de leur départ à leur mobilhome, le plus jeune avait délicatement enveloppé la main de son meilleur ami de la sienne et l'avait entraîné avec lui à travers les allées plongées dans l'obscurité de cette nuit au ciel couvert. San, qui s'attendait à ce qu'ils rentrent directement au mobilhome de ses parents, fut surpris de le voir le tirer vers une toute autre direction – vers le parc longeant le camping, s'il se situait bien. Il ne dit pourtant rien, se laissant traîner en silence, attendant de voir ce que le noiraud lui réservait pour marcher ainsi déterminé.

C'est après cinq bonnes minutes à traverser le camping sans faire le moindre bruit, le bicolore se contentant de savourer la chaleur de la peau de son meilleur ami contre la sienne, qu'ils semblèrent arrivés à leur destination. Une fois devant le portillon qui marquait l'entrée du parc, Wooyoung se retourna pour planter ses pupilles dans celles de San. Cette action eut le don de couper le souffle au bicolore un instant, absolument subjugué par les étincelles que reflétaient les orbes noires et profondes de celui qu'il aimait plus que de raison. Il restait là, planté sans bouger, tel un pantin dont la seule finalité aurait été d'obéir au moindre des désirs du détenteur de son cœur. Le concerné n'avait pas lâché son vis-à-vis des yeux, comme si les mots se trouvaient sur le bout de ses lèvres mais qu'il lui était défendu de les prononcer. Et c'était le cas, dans une certaine mesure. Il ne pouvait tout bonnement pas les prononcer. Il ne pouvait se résigner à perdre l'être le plus cher à sa vie, le morceau d'âme venant compléter la sienne. Alors un simple soupir tremblant passa la barrière de ses croissants de chair si tentateurs aux yeux du bicolore, et il se détourna, ses doigts toujours entrelacés à ceux de son meilleur ami, pour pousser de sa main libre le portillon donnant accès à ce lieu préservé par l'heure tardive. San le suivit sans se poser une seule question, il l'aurait suivit jusqu'au bout du monde si Wooyoung lui avait intimé. Mais ça, tous deux le savaient, et ça n'avait pas besoin d'être énoncé pour être ressenti.

Alors, à deux, ils franchirent la barrière et pénétrèrent dans le parc. Et quand le noiraud se baissa pour commencer à retirer ses chaussures, San esquissa un sourire, mais ne put s'empêcher de faire de même. Ainsi, tous les deux désormais pieds nus, chaussures dans la main qui n'était pas occupée par celle de l'autre, ils parcoururent quelques dizaines de mètres avant de s'arrêter à un endroit ou on pouvait bien percevoir le ciel, les arbres ne gênant pas la vue de celui-ci. Wooyoung s'allongea alors dans l'herbe, attirant son meilleur ami à ses côtés. Une fois le dos contre le sol, les yeux lancés aux cieux, la main toujours fermement agrippée à celle de son homologue, un souffle quitta ses lèvres. Souffle d'apaisement, relâchement de toute la tension accumulée ces dernières heures qu'il avait vécues comme un calvaire, loin de celui qu'il considérait comme son âme-sœur. San le perçut bien, ce souffle tremblant lâché à l'encontre des constellations dissimulées par quelques nuages vagabonds. Il culpabilisait, au plus profond de lui. À vrai dire, il ne se pardonnerait sans doute jamais ses actes, bien que ça puisse être considéré comme peu par certaines personnes. Mais ce qui comptait, à l'instant, c'était la paume tiède qui compressait la sienne dans la plus grande des douceurs, conservant tout de même une certaine fermeté, comme si son détenteur avait peur qu'il ne parte.

Le bicolore fit donc ce qu'il savait faire de mieux, et, répondant à ses propres envies irrépressibles, attira le noiraud au grain de beauté dans un étreinte tendre au possible, le serrant fort tout contre lui, le sentant se relâcher dans le creux de ses bras.

❝ à quand les beaux jours ? ❞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant