La Voie des Anges - Partie Finale (A Supernatural Story)

Chapitre 3

Malgré les difficultés, malgré les questions sans réponses et les doutes, malgré la douleur qu'elle ressent, cette sensation qu'elle est un oiseau à qui on aurait arraché les ailes, Maeve se lève de son lit le lendemain, une fois de plus. Elle descend les marches qui la conduisent jusqu'à l'extérieur de la maison, en décidant qu'aujourd'hui, les choses vont changer. Elle va être positive, elle va sourire, elle va accepter le fait que son destin a changé et elle va faire en sorte d'en tirer le meilleur.

C'est ainsi le sourire aux lèvres, la mine presque réjouie et les pieds ancrés sur le sol que Maeve rejoint Castiel et les Winchester devant la maison. En voyant son sourire, Castiel semble se glacer sur place ; il n'est pas prêt. Pas prêt à faire ça à sa fille. Pourtant, il va bien falloir. Alors que Dean et Sam reculent tout doucement de quelques pas, observant de loin les futures réactions de Castiel et de sa fille, celle-ci secoue un peu la tête et se tourne vers son père.

- Bon, dit cette dernière en époussetant le bas de son short en jean, je suis prête.

- Hm...

- Papa ?

Devant la grimace de ce dernier, Maeve penche la tête, les yeux plissés.

- C'est le jour de notre visite mensuelle au Paradis, reprend-elle donc, je n'ai pas oublié. Alors... Oh.

Toujours silencieux, Castiel semble en pleine réflexion : comment aborder le sujet en faisant le moindre mal ? Vue la situation, cela lui semble désespéré. Mais en réalité, Maeve a déjà compris.

- Je n'ai plus accès au Paradis, dit-elle, n'est-ce pas ?

- Ma chérie, grimace Castiel, je suis désolé. Tu ne peux plus te rendre au Paradis comme tu le faisais avant, pas sans l'essence céleste que tu avais en toi. Ce pourrait être extrêmement dangereux. Et... Maeve, j'ai essayé de convaincre Ezrael hier, nous en avons parlé pendant très longtemps. J'ai tenté de le convaincre de te laisser monter, rien qu'une fois, exceptionnellement. Mais Ezrael est un ange, un ange qui prend la direction et l'ordre très à cœur. Il a beau t'apprécier, il n'a pas voulu transiger. Je suis...

- Désolé, le coupe Maeve en soupirant, oui. J'ai compris. Ce n'est pas ta faute.

Maeve recule d'un pas ou deux, les bras ballants et le regard à nouveau fixé vers l'horizon. Au plein cœur de cette affreuse crise de confiance, Maeve aurait eu plus que tout besoin de sa mère et de son frère pour être conseillée. Pour savoir quoi faire, comment, dans quel but. Pour savoir ce qui, selon eux, pouvait être le véritable rôle de Maeve dans les plans de Dieu. Mais on dirait qu'elle ne pourra pas le savoir ; pas comme ça.

- Je suis désolé, répète Castiel. Mais j'irai les voir, j'irai leur donner de tes nouvelles et je te raconterai tout à mon retour. D'accord ?

- Hm hm, tente Maeve dans un faux sourire.

Alors, voilà ce qui lui reste : elle n'a plus de pouvoirs, plus de passe-droit pour le Paradis, plus d'idées de ce qu'elle doit faire du reste de sa vie. En fait, pour résumer, Maeve n'a plus rien. Tout ce qui faisait d'elle, ces derniers mois, quelqu'un de spécial a disparu. Elle est à nouveau une jeune femme sans travail, qui a perdu sa mère, puis son frère, et à qui rien ne semble plus réussir.

Maeve pourrait... non. Elle devrait se contenter de ce qu'elle a. Elle devrait prendre conscience de bonheur d'avoir Sam et Dean dans sa vie, d'avoir son père, son chien, et cette maison. Mais depuis que la cape d'Hermogène a aspiré ses pouvoirs, a aspiré une partie d'elle, elle se sent vidée de tout ce qui faisait d'elle une personne spéciale. Car une chose est essentielle pour Maeve, et l'a toujours été : avoir un but, un objectif à atteindre. Sans ses pouvoirs, Maeve n'est plus sûre de cet objectif. Elle n'est plus sûre non plus d'en avoir un, tout simplement.

C'est à ce moment très précis, alors qu'elle va s'asseoir sur le banc en bois usé sous le porche pour regarder de loin la vie se dérouler, que Maeve prend une décision.

Une fois la nuit tombée, Sam endormi et Castiel parti au Paradis, Maeve sort en silence de son lit. Elle pose sur sa table de chevet un petit papier plié en deux, dans lequel elle a inscrit quelques mots, puis elle quitte la chambre et récupère dans une armoire du couloir un sac de voyage, préparé dans la journée. Elle vérifie son contenu et lorsqu'elle est sûre que ses vêtements, ses faux papiers et ses armes sont là, elle referme le sac en toile et le jette sur son dos dans le plus grand des silences. Elle descend une à une les marches menant au salon et s'approche de la porte. Elle se demande si elle doit prendre les clés de l'Impala ; elle se sentirait coupable de la laisser n'importe où, et elle ne peut pas se balader avec dans tous les États-Unis sans que les frères Winchester la retrouvent. Non, tout bien réfléchi Maeve va plutôt prendre l'Impala jusqu'à la première gare routière et ensuite, elle la laissera dans un endroit assez à découvert pour que Dean la retrouve. Elle pourrait peut-être passer un coup de fil là-bas pour le prévenir ? Elle sait à quel point Dean aime Bébé. Plongée dans ses pensées, elle est immédiatement ramenée à la réalité par une voix s'élevant juste derrière elle.

- Alors, tu t'en vas ?

Maeve se tourne vers la voix en question, pour y retrouver celui qu'elle s'attendait évidemment à voir. Elle hausse les épaules devant son père, silencieuse. Alors celui-ci, après un silence de quelques secondes, hoche la tête. Il avance jusqu'à Maeve et la prend dans ses bras, profitant d'une dernière étreinte avant ce qui pourrait être des jours comme des mois.

- Fais attention à toi, murmure-t-il contre le haut de sa tête. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi. De la manière que tu souhaiteras. Une simple prière me ramènera vers toi, tu peux en être certaine.

- Merci, souffle-t-elle simplement.

Alors, leur étreinte se termine et Castiel disparait dans un battementde paupières. Maeve termine son avancée jusqu'à la porte, lance un dernierregard vers la maison du lac, et rentre dans l'Impala de Dean qu'elle faitdémarrer lumières et musique éteintes, quittant ainsi la famille Winchesterdans le plus lourd des silences et sans même un coup d'éclat.