Le choix

Ça commence

J'étais agenouillé près du corps, au milieu de la pièce. Vide. Mon regard se posa sur ma main droite qui tenait fermement le couteau de cuisine ensanglanté. C'est plutôt drôle, quand on y pense, qu'on prenne la vie du GRAND roi des sorciers avec un vulgaire couteau de cuisine. Je souris presque à cette pensée. J'ai les mains pleines de sang et mon jean baigne dans la mare rouge qui se propage tout autour du cadavre, j'ai tué cet homme. J'aimerai avoir la nausée à la vue de tant de sang, de violence. J'aimerai avoir des regrets. J'aimerais être en colère, furieuse. J'aimerais être effondré par le noirceur de mon acte. Je veux juste ressentir quelque chose, je veux que mon âme soit traversé par un semblant de sentiment. Seulement rien, silence, je ne ressens rien. Une larme coule sur ma joue, pas de triste ni de joie ni de soulagement. Juste une larme qui coule et qui finit sur le sol en marbre de la pièce. C'est juste une réaction physique, il n'y a aucune trace de sentiment dans cette larme, elle est vide d'émotion, sans cœur pour pleurer véritablement.

Un soupir m'échappe, fatigué. Je me lève lentement, péniblement. J'essuie mes mains rougeâtres sur le haut de mon jean et jette un dernier coup d'œil au roi. Il est pâle, livide. Il n'a plus l'air d'un roi, il n'a plus l'air de rien du tout. La couronne gise par terre un peu plus loin et je me dis que, sans cette dernière, mort ou vivant, il n'était déjà plus rien.

J'enjambe le corps inerte et marche jusqu'à la porte d'un pas pressé : le temps défile, je dois partir. J'ouvre la porte et plonge dans l'obscurité des couloirs du châteaux. Pas d'émotion, pas de regard en arrière. Ce soir j'ai tué le roi avec le même ennuie que quand je vais chercher de l'eau au puit. Je ne veux pas dire que je n'avais pas le choix, rien ne m'obligeais à le tuer. Mais sa mort devait arriver tôt ou tard et j'ai décidé que se serais moi et pas un autre qui lui aouterais. J'ai fait un choix.