Chapitre 8 : Oh Roméo ! Qu'est-ce donc qu'un Roméo ?

41 4 0
                                    


Après avoir reçu la lettre, les jours devenaient si longs et pesants que les activités d'Annabelle étaient lassantes et insignifiantes. C'était sans surprise. Puis un jour, elle décréta qu'elle s'était renfermée dans sa bulle pendant assez longtemps. Un beau matin d'école, elle décida d'aller voir Monsieur Loiseau pour lui faire une proposition.

– Il en est hors de question. Au lieu de prendre la parole pour des âneries qui me font perdre mon temps, pourquoi ne participeriez-vous pas en cours plutôt ?, répondit l'affreux bonhomme.

A ces mots, qui au final ne la surprenaient pas, Annabelle se demanda pour quelle raison elle s'était entêtée à le voir lui plutôt qu'une autre personne. Elle haussa les sourcils pour qu'il constate le mépris qu'elle lui portait et mit un pied devant l'autre jusqu'à la classe d'à côté. Loiseau était tellement préoccupé par les études et surtout par son égo qu'il n'avait pas remarqué qu'Annabelle avait prononcé une phrase après des semaines de silence. Alors elle pensa que Madame Cluzet considèrera son idée avec sûrement plus d'intérêt.

– Un spectacle d'hiver ?, se réjouit-elle en joignant ses mains sur son cœur. Quel beau projet !

Elle posa une main sur l'épaule de la jeune fille et lui sourit sans rien dire le temps d'un instant.

– J'irai volontiers proposer l'idée à Monsieur le Maire, je suis sûre qu'il acceptera.

Annabelle savait qu'elle n'irait pas consulter son confrère Loiseau pour avoir son approbation. Il avait déjà tout gâché avec sa proposition d'une chorale pour Noël.
En voyant des étoiles se propager dans les yeux verts de la maîtresse, elle décida qu'elle voulait faire plaisir aux gens qui l'entouraient. Elle s'était sentie si inutile ces derniers temps que rien n'était plus beau que de provoquer ne serait-ce qu'une poussière de gaieté.

Madame Cluzet lui fit promettre de n'en parler à personne jusqu'à ce que l'accord avec le Maire soit officiel. Annabelle regrettait de ne pas l'avoir pour professeur mais pensait aux plus jeunes qui auraient été terrorisés tous les jours par l'affreux Monsieur Loiseau.

Elle était si fière de son idée qu'elle sourit à Isaac sans vraiment le vouloir, ce qui valut au garçon un moment pour réaliser que son amie commençait à se remettre de ses émotions et qu'il pourra peut-être lui reparler bientôt.

Son enthousiasme était tel qu'elle se sentait en paix avec elle-même. Elle n'avait plus envie de rester toute seule ; elle voulait partager de merveilleux moments avec ses camarades, souvenirs dont elle parlerait avec nostalgie à sa descendance un jour. Elle décida de ne pas tergiverser et d'aller voir Daniela qui écoutait une discussion entre deux filles de la classe. Elle posa sa main dans son dos pour la prévenir de sa présence. Daniela, tout d'abord surprise par son approche, et sans même avoir dit un mot, savait que son amie était bel et bien de retour. Elle se jeta dans ses bras en lui promettant que plus jamais cela ne se reproduirait.

– Ce n'était pas de ta faute. Les autres n'étaient pas censés entendre notre conversation. C'est à la personne qui s'est mêlé de ce qui ne le regardait pas que j'en veux, lui chuchota Annabelle.

– Il t'en aura fallu du temps pour t'en rendre compte ! Je me sentais si coupable, si seulement tu savais ! J'aurai voulu revenir en arrière et me taire pour une fois.

Elles rirent de bon cœur et avant que la classe ne commence, son amie lui demanda :

– Tu crois pouvoir reparler à Isaac comme avant ?

Ne connaissant pas la réponse exacte, Annabelle haussa les épaules. Au fond d'elle, elle savait qu'il le fallait bien. Elle ne pouvait pas perdre Isaac une deuxième fois, il lui était trop important. Elle devait essayer de restreindre ses sentiments à simplement de l'amitié et espérait qu'il ne la traiterait pas avec pitié désormais.

Annabelle de CoutaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant