Chapitre 67 - Tyler

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Autour de moi, c'est la folie.

Les gens courent dans tous les sens, complètement paniqués.

Le coup de feu a fait un tel bruit que tout le monde pense à une attaque terroriste et bon sang, la vérité n'est pas mieux.

Quelqu'un vient de tirer sur Harper.

Celle-ci est au sol et se vide de son sang.

Mes larmes coulent sans s'arrêter alors que mon corps entier se met à trembler devant la douleur.

J'ai pris tellement de temps à la pardonner que maintenant, c'est trop tard.

Harper est gravement blessée et ce serait un miracle qu'elle s'en sorte.

— Harper, je t'en supplie, sois forte.

Assis au sol, j'ai posé sa tête sur mes cuisses.

Je lui caresse le visage, celui-ci tordu de douleur.

Malgré tout, ses yeux sont plantés dans les miens, me priant pour que je ne l'abandonne pas.

Soudain, ils se ferment de force, même lorsqu'elle essaie de se battre.

— Non, non, non, Harper, sangloté-je en la secouant doucement pour la réveiller – en vain.

Enfin, j'attrape mon téléphone et compose le numéro des urgences.

— 911, quelle est votre urgence ? me répond presque aussitôt une voix féminine.

Je renifle alors que de nouvelles larmes s'écoulent de mes yeux.

— J- euh... La pride. Ma fiancée vient de se faire tirer dessus. Nous sommes dans un char.

— Vous voulez dire que quelqu'un a utilisé une arme et a touché votre fiancé ? Puis-je connaître son nom, prénom et âge, s'il vous plait ?

— Oui. Elle a été visée, ce n'était pas du hasard. Ma fiancée est Harper Sinclair, elle a vingt-deux ans. Faites vite, elle perd beaucoup de sang.

— Oh mon Dieu. Est-elle consciente ?

— Elle l'était il y a encore quelques minutes, mais elle ne l'est plus.

— Vous devez la maintenir éveillée ! s'exclame alors la femme. Nous envoyons une ambulance au plus vite. Stoppez le sang autant que vous le pouvez.

— D'accord. Elle ne va pas tenir longtemps, dépêchez-vous.

— L'équipe sera là dans cinq minutes. Tenez bon. Nous allons également prévenir la police pour qu'ils s'intéressent à cette tentative de meurtre.

— Merci.

Je raccroche et secoue Harper tout en mettant les mains sur sa blessure pour que le sang s'écoule le plus lentement possible.

Malgré tout, impossible de la réveiller. Son cœur bat encore, mais sa respiration, elle, est laborieuse.

Mes larmes coulent le long de mes joues, mon cœur bat au plus vite et j'ai du mal à respirer correctement, trop stressé par cette situation.

Je ne peux pas la perdre.

Pas encore.

Je ne veux pas vivre cela une seconde fois.

J'ai déjà perdu mes parents trop tôt, et je refuse que Harper connaisse le même sort.

— Je t'en supplie, Harper, tu dois tenir. Tu dois vivre. Mourir à vingt-deux ans, ce n'est pas une vie. Tu as encore tellement d'années devant toi. Je t'en prie.

Je me déteste.

Je refuse de perdre Harper ainsi, c'est trop tôt, ce n'est pas le bon moment.

J'ai besoin de lui dire ce que je ressens, j'ai besoin de lui dire que je la pardonne.

Elle ne peut pas mourir alors qu'elle pense que je la déteste.

Par pitié, je ferais tout pour avoir le temps de lui dire que je ne la déteste pas, que bien au contraire, je l'aime de tout mon cœur.

J'ai eu tort dès l'instant où je l'ai su. J'aurais dû être honnête avec elle, et j'aurais dû lui pardonner.

J'ai perdu le temps précieux que j'avais à ses côtés, et maintenant, c'est trop tard.

Maintenant, je ne peux plus lui dire que je suis désolé. Maintenant, je n'ai plus qu'à la regarder mourir dans les plus grandes souffrances possibles.

Elle se déteste et pense que je la déteste. Est-il sincèrement possible de faire pire ?

Comment ai-je pu gâcher mes derniers instants avec elle de cette manière ?

Je m'en veux terriblement de ne pas l'avoir pardonné parce qu'au final, on ne sait jamais quand on peut perdre une personne qui compte pour nous.

Je me déteste que les derniers instants de sa vie aient été si horribles.

J'ai insisté pour lui montrer à quel point je la détestais, seulement pour lui faire autant de mal que ce qu'elle m'avait fait.

Elle a osé assumer devant le monde entier ce qu'elle avait fait. Elle a dit avoir tenté de me détruire par pur égoïsme en n'incriminant qu'elle parce que la seule chose qui comptait pour elle, c'était d'enfin dire au monde ce qu'elle avait fait, me prouvant au passage qu'elle était digne de ma confiance.

Je n'ai pas eu le temps de lui dire à quel point je l'aimais, je n'ai pas eu le temps de lui dire que je la pardonne, bien que j'aurais dû le faire beaucoup plus tôt.

Bien vite, j'entends les sirènes des ambulances qui se rapprochent.

Au bout d'à peine quelques minutes supplémentaires, l'équipe d'ambulanciers prend en charge Harper, la branchant à des machines et lui faisant les premiers soins en attendant qu'elle puisse être opérée à l'hôpital.

— Vous nous avez appelé à temps, déclare l'un d'eux une fois qu'Harper est dans le camion, traitée par ses collègues. Quelques minutes de plus sans soin et elle n'aurait eu aucune chance de s'en sortir. Pour le moment, je ne peux rien vous assurer si ce n'est que nous allons faire de notre mieux pour la stabiliser. Je suis désolé qu'elle ait été victime d'une telle chose.

Je secoue la tête, refusant sa sympathie.

— Ne le soyez pas. Faites votre travail, c'est tout ce dont j'ai besoin de votre part.

— Bien sûr, monsieur. Voulez-vous venir dans l'ambulance avec nous ?

— Je peux rester avec Harper ?

— Bien sûr, c'est votre fiancée. Montez.

Je hoche la tête en le remerciant et rejoins Harper.

Délicatement, je lui attrape la main et embrasse le dos de celle-ci.

— Sois forte, Harper, je t'en prie. J'ai besoin que tu vives encore. J'ai tellement de choses à te dire. S'il te plaît.

Elle est immobile, les yeux fermés, et paraît si calme que si elle n'était pas branchée à tant de machines, je pourrais croire qu'elle est simplement en train de dormir alors que son corps se bat pour vivre.

J'ai rarement aimé me montrer pendant des moments de tristesse, mais cette fois, je m'en fiche.

Cette fois, je me fiche si on me juge pour pleurer.

Parce que j'aime Harper et que je veux qu'elle s'en sorte, parce que tout le monde serait dans le même état que moi après un tel événement.

Il faut que Harper se réveille, sinon, j'ai peur de ne jamais pouvoir sourire à nouveau.

Scandal [ANCIENNE ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant