Chapitre 69 - Tyler

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Cela fait une semaine que Harper a été tirée dessus, une semaine qu'elle est hospitalisée et surtout, une semaine où à chaque seconde, nous nous attendons à ce qu'on apprenne sa mort.

Elle est à présent plongée dans le coma.

Les médecins nous ont annoncé que les chances qu'elle se réveille un jour sont très faibles, mais que nous devons pas perdre espoir tant qu'elle se bat encore.

Depuis, sa famille est là et avec le temps, nous avons appris à nous connaître.

Ensemble, nous attendons pendant des heures au pied de son lit qu'elle se réveille. Parfois, nous nous relayons pour que chacun puisse manger et se laver – bien qu'aucun de nous n'ait envie de faire quoi que ce soit.

Cette situation est insupportable. Voir la femme qu'on aime dans un état de létargie, sans savoir si un jour on aura la chance de pouvoir de nouveau lui parler.

C'est comme être dans une prison de verre au milieu d'un endroit paradisiaque. Tu peux voir et imaginer, mais rien n'arrive vraiment.

Au final, ce que tu voudrais faire est inaccessible malgré l'envie et l'espoir qui se multiplient jour après jour.

J'ai mis toute ma vie en pause pour m'occuper de Harper et de sa famille un maximum.

Ceux-ci étaient flippant au téléphone, quand je les ai appelé, lorsqu'ils me reprochaient cette histoire comme si c'était ma faute. Cependant, ils sont loin d'être les mêmes maintenant qu'ils sont ici.

À leur arrivée, ils se sont fondus en excuse à la place de Harper, me suppliant de la pardonner pour ses erreurs, qu'ils étaient désolés et qu'ils le disaient pour elle parce qu'ils savent à quel point elle l'est. Ils m'ont dit qu'elle paraissait bien plus heureuse depuis notre rencontre, me faisant ainsi comprendre qu'elle ne leur a jamais dit que notre couple n'a pas toujours été quelque chose de réel. Un jour, dans le passé, nous étions ensemble seulement aux yeux du monde, alors que dans notre vie intime, nous nous détestions.

Ce moment paraît aujourd'hui si lointain, maintenant que nous nous aimons l'un l'autre d'un amour infini.

Même si elle n'a pas eu l'occasion de le savoir.

— Tyler ? Que fais-tu encore là ? s'inquiète alors sa mère alors que cela fait trois jours que je n'ai pas quitté l'hôpital bien qu'ils m'aient renvoyé chez moi plus d'une fois.

Depuis que Harper est ici, je ne suis partie qu'une fois, seulement le temps de prendre une douche.

Et je n'ai jamais autant regretté un instant de ma vie. Rapidement, j'ai compris que je supporterais pas d'être loin de Harper, pas même le temps d'une douche. À présent, j'utilise celle qu'il y a directement dans sa chambre pour ne jamais m'éloigner d'elle.

— Je n'y arrive pas, soupiré-je en baissant la tête.

— C'est important. Tu dors, au moins ?

Presque imperceptivement, je secoue la tête.

Comment dormir alors que la femme de ma vie est dans le coma ?

Je ne peux pas me résoudre à me trouver loin d'elle lorsqu'elle se réveillera.

Parce qu'elle doit se réveiller.

Madame Sinclair soupire alors à son tour.

— Tyler, Tyler, Tyler... Tu dois prendre soin de toi, pour Harper. Tu dois être en forme pour le jour où elle se réveillera.

— Et si elle se réveille alors que je suis loin ? insisté-je.

— Elle t'attendra, exactement comment tu l'as fait pendant une semaine. Et puis, tu ne vis pas si loin d'ici. Il ne te faudrait pas longtemps.

— Je n'en suis pas capable, dis-je en baissant la tête, honteux.

Elle s'approche alors de moi et me serre dans ses bras, comme si j'étais son propre enfant.

Elle caresse alors mes cheveux tandis que je me mets à pleurer une nouvelle fois contre son épaule.

Elle ne remplacera jamais ma mère, c'est impossible. Pourtant, c'est la première fois que j'ai l'impression d'avoir une famille depuis la mort de mes parents. Je n'ai jamais réussi à être très proche des autres, même s'ils ont essayé.

— Ne t'en fais pas, je comprends. Ce n'est pas grave. Reste si tu préfères, personne n'essaie de te chasser, je te promets que nous essayons seulement de prendre soin de toi.

Je souris en restant encore dans ses bras. Je sais à présent pourquoi, malgré ce qu'a fait Harper, je suis tombé amoureux d'elle. Elle a hérité de toute la douceur de sa mère. Elle a été bien éduquée.

Quand j'avais eu sa famille au téléphone il y a une semaine, ils m'ont dit qu'elle avait agit ainsi à cause de Hollywood, et je commence sincèrement à me dire qu'ils avaient raison.

Elle provient d'une famille bien trop pure, bien trop aimante pour être une personne qui a comme but de détruire les autres sur son passage.

— Je sais, chuchoté-je avant de me relever, même si mes larmes coulent encore le long de mes joues. Vous savez, mes parents sont morts dans un accident de voiture quand j'étais enfant. Et je suis tellement heureux de pouvoir vivre cela à vos côtés plutôt que seul. J'ai enfin l'impression d'avoir une famille.

Elle prend un air encore plus triste et me caresse doucement l'épaule.

— Alors si tu l'acceptes, nous pouvons être ta nouvelle famille. Nous ne remplacerons jamais tes parents, mais nous pouvons au moins te considérer comme notre fils. Après tout, tu vas te marier à Harper, tu feras bientôt officiellement partie de la famille Sinclair.

Elle ne me dit pas qu'elle est désolée, elle n'a pas besoin de le faire. Je sais qu'elle le pense, je sais qu'elle souhaite réellement être là pour moi, comme une deuxième mère plutôt qu'une simple belle-mère grâce au mariage.

— Ce serait avec plaisir. Mais comment pouvez-vous être si sûre que l'on se mariera ? Il faut qu'elle se réveille pour ça.

Elle secoue la tête.

— C'est ma fille. C'est une battante. Elle est devenue célèbre en trois ans à Hollywood. N'est-ce pas bien plus difficile que de sortir d'un coma ?

— Pas vraiment, mais je dirais que c'est équivalent.

— Peu importe. Ce qui est important, c'est que je sais qu'elle se bat pour s'en sortir et que même si cela lui prend du temps, elle se réveillera, un jour ou l'autre. Au plus rapide, je l'espère, mais le plus important, c'est qu'elle le fasse, et qu'elle ne soit jamais seule lorsqu'elle se réveillera.

Je hoche la tête.

— Elle ne le sera jamais, je vous le promets. J'ai bien assez d'argent pour vivre toute ma vie sans travailler. Alors si c'est nécessaire, j'arrêterais de bosser. Je m'en fiche. Elle est bien plus importante que tout le reste.

— Je suis heureuse de savoir que ma fille compte autant pour toi. Mais tu as aussi le droit de vivre. Tu as le droit de rentrer pour prendre une douche et un vrai repas.

— J'en ai le droit, mais pas l'envie. Je ne vois pas d'intérêt à vivre une belle vie si elle n'en fait pas partie. Je veux être avec elle. Je me fiche de ce que je mange, de si je pue parce que je ne me suis pas lavé pour rester avec elle. Je veux seulement passer tout mon temps avec elle, ne plus jamais perdre de temps comme avant. Je regrette de ne pas l'avoir pardonné, parce qu'à cause de ça, je ne la reverrai peut-être jamais.

— Tu la reverra. Elle va se réveiller, me promet-elle.

Je hoche la tête et observe du coin de l'œil un médecin qui nous regarde, immobile.

Finalement, je me tourne vers lui, lui signalant que j'ai conscience de sa présence.

— Harper est réveillée, annonce-t-il quand la mère de celle-ci remarque à son tour sa présence.

Sans hésiter, nous nous levons pour nous précipiter dans la chambre de Harper.

Elle est réveillée, enfin.

Scandal [ANCIENNE ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant