Craving

1.1: IRIS

Onze ans auparavant.

_ C'est gentil, Iris. Je te suis reconnaissante d'accepter d'aider ces enfants.
_ C'est à moi de vous remercier, Madame Loren. Ça me permettra de m'entrainer des heures supplémentaires.
Ma professeur de biologie m'adresse un sourire tendre avant de me donner deux tappes légères sur l'épaule droite.
_ Nous savons toutes les deux que tu n'en a pas besoin que moi de mes fausses ongles; dit-elle.
_ On est jamais assez bon; souris je citant ses propres mots. Mais vous avez raison, vos vraies ongles sont magnifiques.
Elle rigole doucement et s'en va vers la salle de prof.
Je soupire et m'en vais rejoindre mes amis qui m'attendent devant la porte du réfectoire.
_ Que voulait-elle; s'enquiert Dawn aussitôt que je suis à leur hauteur.
_ Elle veut que j'aide le club de danse des petits. Leur présidente démissionne pour mieux se préparer à l'Examen d'Etat.
_ Et tu as accepté?
_ Oui.
_ Mais tu as à peine le temps de réspirer avec ton emploi du temps; proteste Gwen. Et notre club à nous? Tu es déjà présidente d'un club.
Je hausse les épaules.
Madame Loren le savait avant de me proposer de prendre en charge le club des juniors. Si elle avait jugé que ce n'était pas une excuse, pourquoi lui en offrirai-je comme telle.
Je vais trouver une solution. En attendant, il est temps de manger.
Alors que nous nous dirigeons vers une table avec nos plateaux, Gwen me donne un coup de coude discret dans les côtes.
_ Ce ne serait pas les nouveaux? chuchote-t-elle.
_ Quels nouveaux? dis-je me retournant vers Gwen.
_ Putain, baisse ta voix; continue-t-elle sur le même ton, cette fois un peu apeuré.
Je suis le regard fuyant qu'elle pose devant elle et mon souffle se coupe. Un regard aussi neutre que le vernis sur mes ongles s'accroche au mien, attiré peut-être par ma voix qui n'a jamais su être discrète.
Son regard retourne sur son assiète. Combien de temps a passé? Une seconde? Je jurerai pourtant que son regard a été des plus brefs.
Pourtant, pendant un instant, le temps s'est arrêté pour moi. Ainsi que mes jambes, apparemment. Ou tout mon corps pour être précise.
_ Iris.
La voix de Dawn me ramène sur terre et je m'empresse de les rejoindre. Je crois entendre un rire féminin m'accompagner jusqu'à ma table.
_ PUTAIN! s'exclame Gwen et je n'ai jamais était plus d'accord avec elle sur sa façon de dire putain même si dans ma tête, l'expression qui me suis venue en premier était HOLY SHIT!
_ Il est beau, on en disconvient pas; dit Dawn.
_ Comment ça on en disconvient pas; s'indigne Gwen. Le mec est la définition même de la virilité masculine. J'allais dire du sexe sur pattes mais bon..., putain j'en ai la culotte mouillée.
Un sourire se dessine sur mes lèvres. Leur dispute a au moins un avantage. J'essaie de retrouver mon calme.
_ Gwen, s'il te plaît, tu devrais arrêter avec tes expressions perverses toutes sorties de tes romans érotiques. Tu n'as que quatorze ans, bon Dieu, qu'est ce que tu peux connaître de la virilité masculine.
Gwen lui adresse un sourire moqueur.
_ Pas grand chose, j'avoue. Mais pour sûr, ce n'est pas quelque chose que tu as. Mon petit ami non plus.
Dawn ne replique pas, pour sûr étant d'accord avec Gwen pour la première fois. Non pas sur son insinuation de son manque de virilité mais plutôt d'accord pour le petit ami de Gwen pour qui il Porte une aversion qui nous dépasse, Gwen et moi.
En parlant du loup...
_ Qu'est ce que je n'ai pas, chérie?
Gwen se retourne vers lui avec son plus beau sourire et lui offre ses lèvres.
Je hasarde un regard vers l'objet de mon trouble qui me tourne le dos maintenant et l'emotion me remplit le ventre.
Il est beau, on en disconvient pas; je répète interieurement. Si Gwen m'entendait!
Ce n'est pourtant pas sa beauté qui m'a hapé tout le souffle. Du tout. Enfin, peut-être en partie. Mais franchement, tout son être m'a appelée, quelque chose en lui attire quelque chose en moi comme un aimant. Et apparemment, ce quelque chose m'attire toujours, même maintenant qu'il me tourne le dos. Le pourquoi de ma conviction que ce n'est pas que son visage.
J'ai à peine touché mon assiette quand je le vois se lever.
Mes reflexes agissent avant mon cerveau et dans une seconde, je suis sur mes talons. Trois paires d'yeux se fixent aussitôt sur moi et je marmone.
_ Je... je vais aller aux toilettes.
Je me retourne avant que l'un d'eux ne me fasse remarquer que j'y suis allée il n'y a pas encore une demie heure.
Je marche rapidement bien que je ne le vois plus, probablement sorti pendant que j'essayais de m'expliquer auprès de mes amis.
Quand je sors du refectoire, je ne le vois toujours pas et une pointe de déception m'envahit mais l'instant d'après, je me dis que c'est peut-être pour le mieux. De toute façon, que comptais-je faire? Que lui aurais-je dit?
Je soupire et m'apprête à me diriger vers les toilettes pour simuler quand je remarque une silhouette qui disparaît derrière une classe et je m'apprete à la poursuivre, oubliant mes craintes d'il y a quelques secondes mais une main sur mon poignet m'arrête.
_ Si tu veux autant attirer son attention, je te déconseille de le suivre.
Je me retourne et croise le même regard qui m'a coupé le souffle il n'y a pas longtemps et pour la deuxième fois cet après midi, je sens mon coeur s'arrêter. Suis-je devenue folle depuis que j'aie posé mes yeux sur ce garçon pour que chaque regard ressemble au sien?
Sauf que ce regard est plus vivant que le premier et qu'il appartient à une fille. Très jolie d'ailleurs. Et
_ De quoi tu parles? dis-je dégageant mon poignet.
Elle sourit malicieusement.
_ Bien sûr que je me fais des idées. Comment l'Hélène du Burundi pourrait-elle avoir des vues sur mon frère.
_ Je ne m'appelle pas Hélène; dis-je commençant à m'éloigner vers les toilettes.
Elle rigole doucement et je reconnais le rire qui m'a suivi jusqu'à ma table au refectoire mais en même temps, mon cerveau décide d'enregistrer une autre information.
_ C'est ton frère? je demande en me retournant vers elle et quand je remarque le sourire triomphant qu'elle m'adresse, je reconnais que je viens de me trahir.
Je soupire.
_ Pourquoi tu me suis déjà? je demande.
_ Tu me plais; répond-elle tranquillement, souriante. Même si apparemment tu es nulle en Histoire.
De quoi elle parle? Cette fille doit être dérangée.
_ Je ne suis pas nulle en rien du tout. Et si tu ne veux pas que je te trouve plus flippante que c'en est déjà le cas, arrête de me suivre.
_ Toute personne ayant passé la huitième connaît l'Histoire de la guerre de Troie et par conséquent, Hélène, la beauté grecque qui est à l'origine de la guerre.
Oh!
Même si je ne vois toujours pas le rapport avec moi.
_ La définition même de la beauté fatale; continue-t-elle. Je m'appelle Zendaya. Mais comme tu me plais bien, tu peux m'appelle Z.; dit-elle.
Est-elle obligé de répeter à chaque fois que je lui plais? Courtoisie obligée...
_ Iris; dis-je en retour.
_ Je sais; répond-elle tout sourire. Toute personne ayant accès aux réseaux sociaux connaît la perle noire aux yeux bleus; continue-t-elle en roulant des yeux répondant à mon froncement de sourcils.
Ah, oui.
Une fois de plus, Oh!
Je baisse le regard. Si je pouvais rougir sous ma peau foncée, ce serait le cas maintenant.
_ En tout cas, si tu veux séduire Hayden, ne sois jamais dans ses pattes; dit-elle. Tu es une très belle fille, Iris. Assez pour attirer vers toi ceux qui te méritent. Enfin, même ceux qui ne te méritent pas et des gens merdiques comme mon frère mais je crois que tu as saisi mon fond de pensée
_ Je ne veux pas séduire ton frère; je proteste.
Bien entendu, Zendaya ne me croit pas et une fois de plus, elle a ce rire moqueur. Elle tourne sur ses talons et s'en va vers la direction dans laquelle son frère a disparu. Je la fixe jusqu'à ce qu'elle disparaisse de ma vue.
Donc en visant le frère, j'avais touché la soeur.
La chance!
Je reste encore un moment dans le couloir avant de faire demi tour vers le réfectoire.
Je ne sais pas ce qui me prend mais je sais que cet homme m'attire plus que de raison. Et si je veux enfin vivre mon adolescence à son plein, une petite touche de virilité masculine comme dit Gwen est ce qu'il me manque.