CHAPITRE 005

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- Il est regrettable qu'une aussi belle fille que toi ait subi pareils traitements, surtout de la part de sa mère. Quelle méchanceté ! tu peux te considérer comme ma propre fille. Le jour n'est plus loin
Maïmou, où le mariage forcé et même la dot exagérée, ainsi que la polygamie ne seront plus que de vieux souvenirs. C'est l'évolution qui le veut.

Peu après, Maïmou, abattue par la fatigue, s'allongea sur le lit et s'endormit profondément.
Pendant ce temps, Salmou avait suscité la médisance chez les habitants de Dourmi.
Elle était indexée de toute part et par tout le monde, surtout au moment où Adamou lui réclama sa dot.
Garba était donc resté seul dans
son désespoir.
Les filles, les jeux, les amis, les
tam-tams, rien ne l'enchantait plus.
Il rêvait, pensait et boudait à longueur de journée dans l'attente d'une fille qui ne venait pas.
Il était indifférent à tout ce qui l'entourait, et ne vivait qu'avec les soucis.
Tous ceux qui le conseillaient d'oublier Maïmou devenaient ses pires ennemis. Sa mère, une fois tenta de le raisonner:
- Pourquoi continues-tu à te faire tant de soucis pour cette fille qui est loin de toi, et qui peut-être n'est même plus en vie ? Essaie de te fiancer à une autre dans le village, ou ailleurs. Tu penses trop et cela, à longueur de journée et de nuit. Fais attention à ne pas t'affoler et te ridiculiser.

- Mère, je te comprends bien, mais tu devrais savoir aussi que Maïmou est ma vie, mon âme, mon être. Pour rester fidèle à notre amour, elle a abandonné les siens: je vais l'attendre, quel que soit le nombre des années, car si je la trahis, Dieu me punira d'un éternel regret. Les gens peuvent dire ce qu'ils veulent, mais moi, je reste fidèle à Maïmou.

Sa mère n'ajouta plus aucun mot, et se contenta simplement de lui faire des souhaits pour qu'il puisse retrouver sa bien-aimée. Un soir, Garba, couché sur son lit en tiges de mil, se mit à réfléchir:

- L'on a refoulé ma dot parce que je suis pauvre. Il me faut donc vainere cette pauvreté par la sueur de mon front. Grâce à Dieu, un jour, je deviendrais peut-être riche moi aussi.



En pleine nuit, pendant que tout le village dormait d'un profond sommeil, Garba prit le chemin de Niamey, sans aviser personne.
Trois jours encore après son départ, les commentaires allaient bon train: les uns disaient qu'il était allé à la recherche de Maïmou, les autres pensaient au suicide. Seuls quelques esprits lucides avançaient l'idée d'un voyage.
Deux jours après avoir quitté Dourmi, Garba atteignit Niamey, la capitale. Il fut tout de suite captivé par les innombrables bâtiments ultra-modernes, les avenues et les rues bien droites sur lesquelles circulaient sans cesse voitures, camions et cyclomoteurs, ainsi que les piétons très nombreux qui allaient et venaient dans tous les sens. Tout cela paraissait étrange au jeune campagnard qui faisait pour la première fois connaissance d'une aussi grande et belle ville.
Il voulut se promener un moment, mais il dat vite changer d'idée, parce qu'il avait peur de se faire. ecraser. Il se résigna donc à s'asseoir à l'ombre d'un hangar pour regarder, d'un air étonné, toute cette multitude d'hommes, de femmes et d'entants se pressant, se bousculant, conversant ou riant à pleine gorge. Mais lui Garba, personne ne le regardait. Il lui semblait que tout le monde le tuyait.
Ce jour là, il dût se contenter de se coucher à même le sol, dans un coin du marché, sous un hangar en tole.
Le lendemain soir, alors qu'il était assis devant son petit plat de "tuwo", et se demandait comment il pouvait se debrouiller seul dans cette ville qu'il n'avait abordé qu'avec une somme de cinq cents francs, il aperçut un homme qui ressemblait à Couze, une de ses vieilles connaissances. Quand l'homme fut arrivé à la hauteur de Garba, ils se reconnurent sans peine.
Ça alors ! s'exclama Couze, depuis quand es-tu là, cher ami ? Et ta famille, les habitants du village, les camarades de notre groupe, vont-ils tous bien ?

Couze proposa a Garba de venir habiter chez lui. Après s'être reposés quelques instants, les deux amis s'en allèrent à la découverte de Niamey, parcourant les rues, s'arrêtant devant les magasins, les bars et les salles de spectacles. Garba était au comble de sa joie quand ils regagnerent la maison tard dans la nuit. Le lendemain dimanche, Garba et Couze eurent le temps de se promener davantage, tout en causant ; puis Garba demanda à Couze:

MAÏMOU ou Le drame de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant