Quant à Maïmou, ne sachant plus que faire dans un monde qui semblait la condamner toute sa vie à ne jamais connaître le bonheur, traquée par un destin des plus cruels, elle décida d'en finir.
Un jour, après une sérieuse dispute avec sa mère à propos de son mariage, elle entra dans la case, se vêtit de ses plus beaux habits et se rendit chez Garba.
Là elle y resta longtemps, parlant de la vie, de la mort, de l'amour, d'un tas d'autres choses:
Garba en était troublé. Avec tristesse, il la regarda s'éloigner pendant longtemps.Seule sur un sentier tortueux, Maimou se mit à penser:
-Ma vie importe peu. Ce qui compte, c'est la cause pour laquelle je lutte. Cette cause n'est pas uniquement mienne. Elle est commune à toutes les filles. Il faut que nos mères et nos pères qui sont d'une autre génération comprennent enfin que les temps ont changé, que nous avons besoin d'être, de nous faire, de choisir nos partenaires. Mon cas fera réfléchir tous les parents.
Maïmou s'arrêta près d'un petit
puits abandonné, à la lisière de la brousse: elle en connaissait l'existence depuis qu'elle était toute petite. Elle inspecta les lieux pour s'assurer qu'il n'y avait personne dans les environs, puis elle revint se jeter dans le puits sans pousser un seul cri.
Pour elle, la délivrance était enfin venue, et ce vieux puits abandonné il y a plus de dix ans, était tout indiqué pour être sa tombe, une tombe isolée sur laquelle aucune âme ne viendrait verser des pleurs. Mais au moment où elle se jetait dans le puits, un jeune berger peulh d'une dizaine d'années se trouvait sur un grand tamarinier au feuillage vert et touffu; il l'avait aperçue.
Bouleversé par une scène si atroce et si étrange, l'enfant courut vite alerter ses parents. Il se jeta tout haletant aux pieds de son père:- Papa, il faut sauver... ! le puits... ! la mort... la.. la mort tout de suite... va...!
De quoi s'agit-il enfin, sois clair. O bon Dieu ! Qu'est-ce qui l'arrive ? demanda le pere.
-Papa, vite, le puits, va... répondit l'enfant.
-Mais va où ? Où vais-je aller moi ? Parle.
-Quelqu'un... une femme, dans le puits..mort... tout de suite. J'ai vu..
Ah ! Tu as vu quelqu'un, une femme tomber
dans le puits ?-Oui, oui, tout de suite.
On organisa immédiatement les secours. Ce ne fut pas si facile, car la pauvre fille ne voulait plus revoir la face de ce monde qui l'a accablée de tant de souffrances et d'injustices. Elle voulait rester là, éternellement. On parvint à la sortir du puits, à l'aide de plusieurs cordes: elle avait des blessures sur tout le corps, du sang en abondance, elle vomissait. Les Peulhs la reconnurent sans peine. Cependant ils n'arrivaient pas à comprendre pourquoi une aussi belle enfant, couverte de tant d'éloges et de sollicitudes, a décidé d'aller volontairement vers la mort: il n'était pas encore temps, estimaient-ils.
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MAÏMOU ou Le drame de l'amour
NonfiksiJe suis une jeune Nigérienne passionnée de lecture et récemment j'ai eu l'incroyable idée de vous faire part de nos romans ici au Niger Ps : Certains parti seront en langue.