Cinq heures

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Hope

Je suis allongée dans mon lit, en attendant le sommeil qui n'arrive pas à venir tant mon cerveau est préoccupé. D'où vient ce sceau ?

-Ils ne la cherchent toujours pas ? Demande le voyou.

Mon attention quitte instantanément ce qui me torturait pour me concentrer sur ce qui se passe dans le couloir.

-Non, ni son patron, ni sa grand-mère ni sa meilleure amie.
Je reconnais difficilement sa voix parcontre. Mais je déduis que ça doit être Neil. Comme il ne m'a jamais adressé la parole, et que lorsqu'il me croise il semble éviter tout contact visuel, nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde.

Ils chuchotent mais pas assez pour que je ne puisse pas les entendre. Je reste allongée pour ne pas faire le moindre bruit, allant jusqu'à tenter d'arrêter ma respiration.

-Donc, nos alibis ont bien fonctionné ?
-Parfaitement ! Le patron a accepté sans soucis ses jours de congés, Mia, quant à elle n'a pas demandé plus d'informations, et sa grand-mère lui a juste fait remarqué qu'elle ne vient pas assez la voir.

Les enfoirés ! C'est pour cela que personne ne me recherche, ni la police, ni mes amis. Personne ne sait ce qu'il m'arrive. Ma respiration revient de plus belle, mes narines relachent tant d'air que je ressemble sûrement à un taureau en rage.
Mais mon humeur change tout d'un coup lorsque j'entends la voix de Neil.
-Qu'est ce que tu vas faire d'elle ?
-M'en débarraser. Son ton froid, et sûr m'hérisse les poils de bras. Il ne peut pas faire ça.
-Quand ?
-Demain soir. Winter est à l'infirmerie, c'est parfait car elle s'est trop attachée à Hope. Elle ne doit donc pas voir son amie mourir, ça lui ferait trop de mal.

Demain soir ? Demain soir ! Il me reste moins de 24 heures à vivre. Il faut que je parte. Maintenant ! Je dois réfléchir. Ma fenêtre est scellée et toutes les chambres sont fermées à clé lorsque les membres du gang en sortent.
Quant aux portes, elles sont gardées par des dizaines d'hommes.
Toutes les échappatoires qui se présentent disparaissent aussitôt. Comment faire ?
Sans que je m'en sois rendue compte, je sue à grosse goutte, et je tremble comme une enfant.

Nous sommes le lendemain, il est 17h.
Il me reste maximum cinq heures à vivre. Je n'ai pas dormi de la nuit pour établir un plan pour me sortir d'ici. Et je l'ai. Il est risqué et j'ai aucune envie de le faire. Pourtant je n'ai pas le choix.
Je suis sortie de ma chambre pour manger mais ce n'était pas mon objectif. Celui-ci est plutôt le couteau de cuisine qui se trouve maintenant sur ma table de chevet.

Je suis assise sur le rebord de mon lit. Mon pied frappant en boucle le sol et ma respiration s'accélérant de plus en plus.
Mais je dois y aller, et maintenant ! D'après mes observations, Neil, Nate et Hayden font leur sport à cette heure, ce qui me laisse la voie libre.

J'ai préalablement emballé la lame de mon couteau dans une serviette de toilette. je glisse l'objet dans mon pantalon que je recouvre avec mon T-shirt ample.

Je me lève, le corps tremblant, et je me dirige vers ma porte. Le fait qu'Hayden me réveille à coup de pistolet est bien pratique dans cette situation, car il suffit que je regarde dans le trou que la balle a fait pour m'apercevoir que le couloir est vide.

Je sors donc, et me dirige vers l'escalier. Je dois agir naturellement, descends doucement Hope, tu peux le faire.
Tous les regards des gardes sont braqués sur moi et sur mes moindres gestes. Je dois sembler confiante.

À cet instant, même marcher semble compliqué tant mes jambes tremblent.
Je ne jette pas un seul coup d'œil aux hommes qui m'observent inquiète, qu'ils perçoivent ma peur.

Je suis maintenant dans le couloir, et par chance, tout semble calme.
Je sais où aller grâce à la visite guidée que Winter m'a précédemment faite et lorsque j'arrive devant la porte de l'infirmerie je l'ouvre calmement.

Winter est sur le lit, endormi, et rien ne semble pouvoir la sortir de son sommeil. Ma main tremblante saisit l'arme dans mes vêtements, et j'enlève délicatement la serviette qui couvrait la lame.

Je m'avance vers mon amie, doucement, discrètement. Lorsque j'arrive à ces côtés elle ouvre brutalement les yeux. Je cache rapidement l'objet derrière mon dos.
-Hope ! Comment tu vas ? Ça me fait tellement plaisir de te voir. S'écrit-elle.

Pour toute réponse, je dégaine rapidement mon arme et la dirige vers son cou, la lame frôlant son épiderme
-Ho.. Hope ? Qu'est ce que tu fais putain.
-Lève-toi ! J'ordonne la voix tremblante.
Je ne veux pas faire ça, je ne veux pas devenir le monstre qu'Hayden est. Pourtant il m'y a obligée et me voilà maintenant à tenir un couteau sur le cou de mon amie et à me diriger derrière elle, vers le salon.
-Hope, réfléchis, qu'est ce qui te prends putain !

Lorsque nous quittons le couloir, tout est comme d'habitude, comme j'avais prévu, ils sont calmement installés vers le canapé.

Une seconde plus tard, j'entends les cliquetis des armes. Les gardes n'ont pas perdu de temps et nous entourent. Winter et moi sommes collées à un mur ce qui fait qu'ils ne peuvent pas me surprendre par derrière.

Des dizaines d'armes sont maintenant pointés sur nous.
-PUTAIN ! Hope qu'est ce que tu branles s'écrit la voix affolée de Nate. Calmez-vous ok ça doit être une erreur.
-Une erreur ? Éclate de rire Hayden. Avec ce même rire strident qui a toujours le même pouvoir sur moi. Mes poils s'irisent et je déglutis faiblement.
-La seule erreur c'est moi qui l'ai commise. J'aurais dû la butter avant. Continue-t-il.

-Je ne lui ferais pas de mal, je veux juste sortir et après je la relâche. J'essaie de négocier mais qui voudrait négocier avec quelqu'un qui a aussi peu confiance.
-Non, ce que tu vas faire c'est très simple, tu vas seulement enlever cette putain de lame de son cou. S'énerve Hayden.
-Je ne le ferais pas.
-Winter vas-y ! Ordonne le voyou.

Je ne comprends pas, que veut-il faire ?

Soudain mon bras se fait éjecter sur la droite, et sans que je n'ai le temps d'agir le coude de Winter vient s'écraser dans mes côtes.
Je lâche un cris de douleurs et me plie en deux.

Et à partir de ce moment tout est flou :

Je me retrouve allongée sur le sol, puis quelqu'un saisit mon poignet et me traîne à travers la pièce. Non la maison toute entière. Je remonte mes yeux vers la main qui tient et je reconnais une rose. C'est le tatouage d'Hayden. Je suis foutue. Il me restait en fait bien moins de cinq heures.

Il ouvre une porte et soudain mon dos s'écrase, puis encore une fois, et encore. Un cri de douleur franchit mes lèvres à chaque fois. Ce connard me traîne dans les marches.
Les escaliers semblent être gigantesques. Il continue de me traîner, tel un cadavre.
Mon coccyx est douloureux, il semble se briser sous les chocs et lorsqu'enfin on est en bas, mon visage est embué de larmes et mes lèvres saignent. J'ai si mal que je ne peux cesser de les mordre.

Soudain, nous passons une porte et arrivons dans une pièce que je reconnais, j'y ai vécu bien trop longtemps. C'est dans celle-ci qu'il a passé ses nerfs sur moi.

Tout d'un coup il me lâche et s'agenouille près de moi. Il ne dit rien, son visage est neutre, bien trop neutre. Hayden sort quelque chose de son pantalon. C'est un flingue ! Il dépose le canon sur mon front.
-Non fait pas ça je t'en prie. Je m'écris à m'en briser les cordes vocales. Mon visage est noyé de larmes.
-J'aurais dû le faire il y a bien longtemps.
-NON !
-3; 2... Il décompte les secondes qu'ils me restent. Elles sont bien trop minimes.
-HAYDEN !
-1.

Hopeless romanticOù les histoires vivent. Découvrez maintenant