Chapitre 36 / La nouvelle Lupita

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— J'en reviens pas ! Nous trois parties pour une journée shopping ! s'exclama Emmanuelle le bras passé en travers de celui de Lupita.

— T'as raison ! Profite bien, parce que ça n'arrivera pas tous les jours, lança Aïko qui crochetait l'autre bras de Lupita.

— Tu regrettes déjà ? dit cette dernière avec un sourire en coin.

Elle espérait nepas être la seule à souffrir durant cet après-midi-là.

— Nan ! Pas encore... Mais faudra peut-être me retenir d'étrangler Emma à un certain moment, murmura Aïko à l'oreille de Lupita, ce qui la fit glousser.

— Qu'est-ce que vous complotez toutes les deux, s'exclama Emmanuelle sans attendre de réponse.

Elle avait déjà le regard rivé aux vitrines qui les environnaient. L'une d'elle attira très vite toutes son attention, et elle orienta les pas de ses amies pour se poser devant. Quelques robes aux couleurs chatoyantes côtoyaient un tailleur pantalon sobre. Le tout était présenté avec des escarpins aux talons vertigineux.

— C'est parti ! lança Aïko en fixant les robes qu'elle ne mettrait jamais, même sous la contrainte.

— Je t'avertis tout de suite, Emma. Pas moyen que je mette ce genre de chaussures ! Je dois pouvoir marcher avec, sans avoir l'air de parcourir des braises sur du fil barbelé.

— Pour les chaussures, je sais déjà où on va aller, mais cette robe-là, elle est pas mal, tu ne trouves pas ? demanda-t-elle en désignant une robe fourreau rubis, dont le décolleté bordé d'or parut immédiatement trop tout pour Lupita, qui eut un soubresaut.

— Tu rigoles, là ?! Dis-moi que tu n'es pas sérieuse ! J'ai besoin de robes pour des dîners et des évènements ! Pas pour présenter un numéro de drag-queen ou d'effeuilleuse au Crazy Horse !

— Pour ta gouverne, ça n'irait définitivement pas à une drag-queen. Pas assez de paillettes et de plumes. Et les filles du Crazy Horse sont déjà à moitié nues... Elles ne s'effeuillent pas !

— Emma !

— Fais une photo. On verra ce que "Gru" en pense.

Oui, parce que Darius Ryker était devenu "Gru". Pas à cause de la ressemblance, mais à cause de son côté renfrogné. Lupita s'exécuta avec la certitude que son patron allait bondir. La réponse ne se fit pas attendre.

« La verte est pas mal, mais ça ne vous ira pas. La bleue peut-être pourrait convenir pour un repas chez mon grand-père. Définitivement pas la rouge. Je vous interdis d'acheter la rouge. »

Par pur esprit de contradiction, Lupita fut tentée d'acheter la rouge. Puis, elle se souvint que l'argent et les remarques provenaient de son patron, pas d'un quelconque macho misogyne. Elle n'était pas là pour se battre, mais pour trouver des compromis. Lupita montra la réponse à Emmanuelle qui haussa les épaules avec un « encore un qui n'y connaît rien. La bleue est fade et la verte ne t'ira pas à cause de la coupe... »

— Et le tailleur pantalon ? dit alors Lupita d'une petite voix.

— Tu ne vas pas à un entretien d'embauche, Lupe. Et il n'a rien dit dessus. Ce qui montre que ça ne compte pas à ses yeux. Allez viens, la suivante est prometteuse.

La ronde des boutiques pouvait commencer.

***

— Allez ! Sors ! lança Aïko qui se tenait de manière peu élégante sur la banquette de la boutique ultra chic dans laquelle Emmanuelle les avait entraînées.

Lupita apparut vêtue d'une robe de « cocktail » de couleur orangée avec de discrets motifs rebrodés, dont la jupe s'arrêtait aux genoux. Elle lui faisait penser à un sari à cause du drapée sur l'épaule et la matière de l'étoffe dont elle était faite. Elle se trouvait pas mal dedans. Mais le prix sur l'étiquette l'avait fait bondir quand elle y avait jeté un œil.

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