1. Seïri Sakazuki

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C'était une belle journée.
De faibles bourrasques de vent tiède pénétraient dans l'interstice de la fenêtre à moitié ouverte, caressant les rideaux baissés et laissant une faible lumière nimber la pièce. Des ombres chatoyantes étaient projetés sur les meubles en bois et les draps clairs de la couchette de ce qui était de toute évidence une chambre à coucher.

Se mêlant au chatoiement des morceaux de papier entreposés de manière aléatoire sur le bureau, une lampe à huile éteinte depuis peu témoignait du travail tardif qui y avait été effectué ; l'on percevait aussi en bruits étouffés les cris des passants dans la rue en contrebas.
Les seules décorations que l'on pouvait apercevoir étaient des photos gardés dans des cadres décorés. Les rayons pâles du soleil qui étaient encore bas dans le ciel illuminèrent durant un instant la vieille image d'une bambine brune au sourire étincelant, entourée par une femme blonde et un grand homme baraqué aux cheveux sombres et à l'air sévère, vêtu d'un uniforme de haut-gradé de la Marine.

Et enfin enroulée comme un petit chat dans la grande couette blanche, ses mèches brunes reposant avec douceur sur l'oreiller de bonne fabrique, son corps menue se soulevant au rythme de ses repirations endormies régulières ; se trouvait une jeune femme.

Elle portait le teint pâle des érudits, des poches sombres sous ses paupières endormies en témoignant.
Elle avait un visage fin en amande, un nez droit et filiforme ainsi que des lèvres fines aussi rouges que le jus des cerises bien mûres. Elle n'était pas la plus belle femme des cinq océans, mais elle avait son charme pour elle.

Soudain, un coup de vent un peu plus brusque que les précédents vint faire claquer dans un bruit strident le battant de la fenêtre contre le mur, tirant un froncement de sourcils et un gémissement à la jeune endormie qui semblait vouloir entamer un mouvement.
Le soleil était partit faire chanter ses rayons un peu plus loin, laissant un goût bien plus froid et terne dans la chambre à coucher.

- Ah...

Elle était définitivement réveillée maintenant.
Elle qui aurait tellement souhaité une bonne nuit de sommeil de plus de 5h aujourd'hui... peut-être que son père avait raison, il fallait qu'elle commence à se coucher un peu plus tôt que quelques heures après les coups de minuit.

Mais étais-ce réellement de sa faute si sa motivation et son inspiration venaient tard le soir ?!
Elle avait décidé depuis longtemps que ce n'était pas le cas. Et puis son père était bien placé pour parler, alors que d'eux deux c'était celui qui manquait le plus de sommeil... ah vraiment, les chiens ne faisaient pas des chats !

La brune se redressa lentement, faisant craquer en grande discrétion ses muscles fatigués par son travail de la veille.
Elle lâcha un bâillement avant de se lever, resserrant sa fine chemise de nuit autour d'elle.

Ses pas timides résonnèrent dans la pièce alors qu'elle saisissait les feuilles posées aléatoirement sur son bureau, traçant de ses doigts fins marqués par l'écriture et l'utilisation de la plume les traces d'encre qu'elle avait laissé la veille. Elle observait avec satisfaction les lignes se lier entre elles, la surface du parchemin parcourue de nombreux symboles dont elle avait finie par apprendre par cur les significations.

La jeune femme lâcha un grognement mécontent lorsqu'elle remarqua un oubli sur son uvre. Elle saisit rapidement la bouteille d'encre, vérifiant que celle-ci était encore suffisamment liquide et remercia son habitude de travailler si tard dans la nuit quand elle remarqua que c'était le cas.

La brune trempa la pointe de la plume dans le récipient, essorant le surplus de liquide contre le chiffon déjà couvert de tâches sombres.
Et elle ajouta dans un soupir son propre nom à l'extrémité gauche de son travail.

La mémoire de papierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant