Chapitre 0.2. ~ Esméralda

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J'eus à peine prononcé ces mots que je me rendis compte que le Aleksandr que j'avais devant moi ne pouvait être que Aleksandr Krylov. Le parrain du clan Krylov et de la Bratva par la même occasion.

Alors que je m'attendais à ce qu'il pète un câble, renverse son bureau avant de se jeter sur moi pour me déchiqueter en morceau, celui-ci se contenta de sourire. Pas un sourire joyeux... non... un sourire diabolique et étouffant. Mais étonnamment, il ne bougea pas d'un poil.

Il reprit aussitôt son sourire assassin aux lèvres :

- Toi, sache que je vais te réduire en bouillie, je vais te faire regretter de ne pas être morte dans cette explosion.

Et la seule réponse qui me vint alors fi :

- Si ça vous chante.

Chose qui l'énerva probablement plus qu'il ne l'était déjà.

- Tu te crois plus maligne - Fit-il tout en s'avançant vers moi. - Tu crois que je bluffe ? Tu viens, ma belle, de commettre la pire erreur que tu aurais pu dans ta vie.

Il était alors à quelques centimètres de moi quand il termina sa phrase, je sentais son odeur emplir l'air qui m'entourait et étrangement, je ne la trouvais pas repoussante. Certes, cet homme l'était, son arrogance était quelque chose d'irrespirable, mais son odeur, bien qu'emplie de virilité, n'était pas désagréable. Pourquoi ? Je n'en sais rien.

Quand je repris enfin mes esprits, je lui répondais comme je l'avais fait depuis le début de notre conversation. De manière honnête et franche.

- Non, je ne me crois pas plus maligne, et je sais pertinemment que vous ne bluffez pas après avoir lu toutes ces informations à votre sujet. En revanche, ce que je sais, c'est que je vais mourir de toute façon. Alors à quoi bon lutter ? Hein ? Je reconnais juste un fait. Et le fait est que si vous voulez me réduire en bouillie, Monsieur Krylov, je ne vois pas vraiment comment je vais bien pouvoir m'y opposer. Vous ferez de moi ce qui vous chante et ça je le sais très bien.

- Je vis alors sur l'expression de son visage qu'il me prenait pour une folle et une suicidaire, ça va sans dire. Mais ça n'a pas l'air de l'amuser. J'imagine que torturer quelqu'un de fou ne dois pas être de tout repos.

- Tu n'as pas l'air d'avoir envie de vivre.

- Non, je vous avoue que cette envie m'est passée. Un effet de mode, je suppose.

- Un rictus se forma sur son visage avant qu'il ne reprenne la conversation

- Sache que je ne vais pas te faire le plaisir de te laisser mourir gentiment, tu vas être torturée jusqu'à ce qu'il ne reste de toi qu'un tas de sang, d'os et de chair et je vais te garder en vie aussi longtemps que te torturer me procurera du plaisir.

- Qu'il en soit ainsi alors.

Je me foutais complètement que cet homme me torture. Il ne le sait pas, mais je n'ai jamais ressenti de douleur physique. Simplement parce que mon système nerveux ne fonctionne pas. Ou du moins, pas correctement.

Mes derniers ravisseurs en étaient conscients. Ils n'utilisaient donc que la torture psychologique. Ils me menaçaient de faire du mal à mes sœurs si je ne faisais pas ce qu'ils voulaient, et ça marchait.

Mais aujourd'hui, les choses sont bien différentes : mes sœurs étant mortes, plus rien ne me fera plier.

- Tu vas souffrir - Lança-t-il avec un sourire diabolique sur le visage.

- J'en doute. Vous voyez Mr, je souffre d'analgésie congénitale. Ce qui veut dire que je ne ressens pas la douleur... Jamais.

Et là la surprise put se lire sur son visage. Mais elle n'y resta pas longtemps. C'est alors la colère, la fureur et l'agressivité qui reprirent le dessus.

En même temps, je le comprends. C'est comme ça qu'il avait l'habitude de fonctionner ; en faisant souffrir ceux qui s'en prenaient à son clan. Sauf qu'aujourd'hui, je le lui avais enlevé ; cette joie qu'il éprouvait en punissant ces ennemis. Je contrariais ces plans et ça ne lui faisait pas plaisir.

- Je trouverai un moyen de te faire souffrir. Je vais retrouver chacun des membres de ta famille, je vais les torturer et les faire souffrir sous tes yeux. La torture psychologique est bien plus dévastatrice que la torture physique, tu sais.

- Oh, mais j'en suis persuadée. Par contre, je vous souhaite bonne chance pour les torturer et les faire souffrir.

Il posa alors un regard interrogateur sur moi.

- C'est compliqué de faire souffrir les morts. - Lui répondis-je avec un sourire de vainqueur sur le visage.

Alors qu'il allait me balancer une énième remarque sanglante, son téléphone sonna. Il se détacha alors de moi pour répondre. Chose qu'il fit en russe bien sûr.

- Oui

- ...

- Comment ça ?

- ...

- Aucun corps ?

- ...

- Do svidaniya

Le téléphone raccroché, il transmit l'information aux autres hommes dans la pièce.

Aucun corps n'avait été retrouvé dans l'explosion.

Cette information percuta mon cerveau comme l'aurait fait un coup de massue. Si aucun corps n'avait été retrouvé, c'est que le hangar était vide lors de l'explosion. Ils avaient alors très bien pu déplacer les prisonniers dans un autre endroit. Ce qui voulait dire que...

Mes sœurs étaient peut-être encore vivantes

Je sentis alors tout mon corps revivre et une boule de chaleur vin étreindre mon cœur tellement fort que celui-ci avait dû louper un battement. Tout espoir n'était pas perdu.

Il me fallait maintenant me sortir de cette situation pour pouvoir les retrouver.

Une fois leur conversation terminée, Aleksandr revint vers moi. Un nouveau sourire carnassier aux lèvres.

Et avant qu'il n'ait eut le temps de dire quoi que ce soit, je lui balançai :

- J'ai changé d'avis, finalement la vie m'intéresse bien.

Son visage reçut une nouvelle fois de plein fouet mes paroles. L'incompréhension vient alors s'y poser avant d'être remplacée par une sorte de malice. Une malice foutrement dangereuse si j'en crois le noir de ses yeux.

- Et qui te dit ma belle que tu as le choix ?

- Oh, mais je ne prétends pas avoir ce choix. En revanche, je peux m'arranger pour que votre choix dépende de ma proposition.

- Tu veux négocier avec moi maintenant. Pactiser avec le diable hein ? Et qu'est-ce que tu pourrais, ma belle, avoir qui m'intéresse ?

- Je ne sais pas, peut-être des informations sur le Cartel d'Alessio. - Son visage prit alors une tout autre expression. Il devint choqué, et attendit que je poursuive. - Il se trouve que lorsque j'ai recherché des informations pour eux, je ne me suis pas arrêtée à leurs concurrents et fournisseurs. J'ai également parcouru tout l'ordinateur qu'il m'avait fourni ainsi que tout le serveur auquel celui-ci est relié. Je connais donc l'organisation de ce Cartel comme ma poche. Je connais leurs planques, leurs numéros de comptes en banques ainsi que leurs avoirs. Je connais leurs fournisseurs, leurs distributeurs. Je connais le visage de chacun de leurs membres et encore un tas d'autres informations.

Il devint alors blanc. Il ne s'attendait probablement pas à ça. Et peut-être pour la première fois de sa vie, il devint malgré lui... vulnérable. Sa vie et surtout celle de son amie dépendent maintenant des bons vouloirs d'une de ses prisonnières.

Paard vs Krylov : Between dark and lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant