Deal & Deal

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« Comment ça ton père se présente aussi aux élections ?

- Je suis tout aussi étonné que toi je peux te l'assurer. répondit Taeyong.

- Et pourquoi est-ce que tu voudrais qu'il les gagne ? Tu n'as rien à y gagner non plus. Il te fera la même misère que mon père avec moi.

- Et bien, je comptais me venger. Je ferais mon coming out une fois qu'il sera élu. Je n'ai plus rien à perdre, il n'a jamais cessé de me rabaisser depuis qu'il a appris pour ma sexualité et je compte bien le lui faire payer. En soit, ce n'est pas une sentence si grave. C'est juste la pure vérité. Et ça ne change pas le travail qu'il fournirait à son post, ce n'est pas comme si cela pouvait mettre son titre en jeu non plus.

- Mais, tu n'as pas peur ? Tu sais à quelle point les gens vont te juger, cela risque même de mettre ta sécurité en jeu. Et si tu y perds ta famille ?

- Ne t'inquiète pas pour ma sécurité, j'ai toujours été bien gardé dans ma tour secrète. Et pour ma famille, je les ai déjà perdu en quelques sortes. Ils sont dans le déni total depuis que mon père a annoncé qu'il se présentait, on ne cesse de me présenter des femmes et de s'assurer que j'en rencontre. On me demande de bien me tenir parce que les autres me regardent, on me demande d'être bien coiffé, bien habillé, de savoir tenir ma langue, de sourire constamment et j'en passe. Ce n'est pas moi. Et, réfléchis. Si mon père ne gagne pas, ça veut dire que ça sera le tien. Et je ne veux pas te voir en souffrir quand je sais que je me réjouirais de voir le mien paniquer sous l'annonce publique de mon orientation sexuelle.

- Tu sais que tu me fais peur des fois. On dirait presque que tu prépares ça depuis des années. rit doucement Yoonoh.

- Et qui te dit que ce n'est pas le cas ? rit à son tour Taeyong. Alors, deal ?

- Deal. Mais à quelques petites conditions : Ne faisons de mal à personne. Les seuls qui ont le droit d'être blessés dans cette histoire, c'est nous. Ensuite, je dois mettre Dongyoung dans la confidence, je ne veux rien lui cacher. Et bien sûr, je t'autorise à faire de même si tu le souhaite. Et pour finir, chacun fait ses histoires de son côté. Je ne veux pas de plans qui nous mènent à nous voir souvent ou quoique ce soit. Tu restes mon ex et je ne veux pas être irrespectueux envers mon copain actuel. énuméra le châtain.

- Ça me va. Alors on commence par quoi ? »





Jeno entendit des petits coups contre sa porte. Il ouvrit celle-ci sur un Dongyoung essoufflé :

« Salut, je suis désolé de te déranger à une heure aussi tardive mais tu aurais de la pâte pimentée ? J'essaie de faire une surprise à mon copain mais j'ai oublié de faire les courses. »

Jeno tiqua à l'entente du mot « copain ». Il ne devait avouer que s'il y avait une chose à laquelle il ne se doutait pas, c'est que le noiraud soit en couple. Quand il s'était rendu chez lui l'histoire d'un court moment, rien n'aurait pu lui faire deviner que c'était le cas.

« Je crois qu'il m'en reste un peu effectivement. Rentre quelques secondes, je vais te chercher ça. »

Le plus vieux acquiesça avant d'entrer. Il observa la pièce d'un œil discret. La pièce reflétait entièrement la manière dont il voyait Jeno. Un mélange de bois et de marbre noir avec des touches de vert et de vie amenées par quelques plantes posées par-ci par-là. Des stores cachaient la vue de la ville qui devait probablement être très semblable à celle qu'il avait depuis son propre appartement. Dans un coin se trouvait son sac. Dongyoung pu y apercevoir le porte clef à l'effigie d'une grenouille toujours accroché à l'une des lanières. Il sourit.

Après quelques secondes à fouiller au fond d'un placard peu accessible, Jeno revint une boîte rouge à la main, il l'a tendit à son aîné :

« Tiens, tu peux la garder. Je ne mange jamais épicé donc je ne pense pas en avoir besoin de toute façon.

- C'est vrai ? Tes plats doivent être très fades si je puis me permettre. répondit Dongyoung en en prenant la boîte.

- C'est toi qui est fade. répondit presque par réflexe le plus petit. »

Les deux hommes se regardèrent un instant avant que Jeno n'éclate de rire.

« Comment tu parles aux plus vieux ? Répète ça pour voir ! »

Dongyoung grinça des dents et essaya d'attraper Jeno pour lui donner une tape réprobatrice. Ce dernier partit en courant se cacher derrière son sofa. Les deux amis se chamaillèrent ainsi pendant plusieurs minutes avant de finir assis au pied du canapé.

Reprenant son souffle Dongyoung demanda :

« Tu veux venir m'aider à faire à manger ? Tu pourras en rapporter un peu chez toi si tu veux.

- Avec plaisir, à seule condition que tu ne rajoutes pas d'épices à ma part. ajouta l'étudiant.

- Deal ! »




Après être descendu à l'étage d'en-dessous, Jeno et Dongyoung s'étaient mis à concocter une des recettes préférées de Yoonoh : le bibimbap. À côté, ils avaient prévu de mettre quelques tteokbokki dans le reste de la pâte pimentée.

Alors que Jeno retournait ces derniers dans une poêle, l'un des bâtonnets de riz se glissa en dehors de celle-ci avant d'atterrir de manière presque dramatique sur son pantalon blanc. Alors qu'il commença à ronchonner, Dongyoung posa sur lui un regard bienveillant avant de lui proposer de se changer. Il lui prêta soigneusement l'un de ses joggings.

En effet, Jeno aurait pu tout aussi bien rentrer chez lui mais les deux nouveaux amis s'étaient accordés à regarder un film ensemble. Yoonoh n'arriverait pas de sitôt et Dongyoung voulait profiter de ce premier vrai contact amical qu'il avait depuis son retour du Cap Vert.
Ils s'installèrent alors dans l'étroit salon du plus vieux et portèrent finalement leur choix sur l'une de ces émissions insouciantes où de jeunes adultes se roulent dans de la boue et répondent à des questions ridicules. Et mine de rien, ils continuèrent de rire.

Une heure et demi plus tard, l'interphone sonna, annonçant l'arrivée de Yoonoh. Dongyoung l'invita à montrer et Jeno se prépara à partir. Alors que les deux noiraud continuèrent de rire jusqu'à la porte, le professeur arriva sur le pas de la porte. Prêt à embrasser son copain après une longue journée de travail, qu'elle ne fut pas sa surprise lorsque ce dernier l'évita pour regarder Jeno derrière lui :

« Mon amour ! Tu as passé une bonne journée ? demanda Dongyoung après l'avoir aperçu.

« Jeno ? l'ignora Yoonoh, confus.

- Mr. Jung ? fit un Jeno tout aussi déconcerté après s'être retourné.

- Vous vous connaissez ? questionna à son tour le maître des lieux. »

La poudre d'escampette | Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant