Chapitre 7 : Petite tempête

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Je m'écrase sur cette foutue chaise. Je n'ai aucune énergie ; la nuit a été courte et j'ai mal partout. Je veux juste que cette journée se finisse pour que je puisse retrouver mon lit douillet. Ce soir il n'y a pas de course, juste moi et mon sommeil.

- Tu as une heure de retard.

- Ne commence pas.

Si hier, je cherchais des plans de vengeance, aujourd'hui je n'ai aucune intention de les mettre en marche. Mais je compte bien les réaliser un jour, je n'ai pas oublié son magnifique dessin et sa manière si spécial de me réveiller.

- Ce soir j'ai une soirée. Tu dois m'emmener et venir me chercher.

- Ça ne fait pas parti du contrat.

Il lève son sourcil en l'air et je peste. J'aurais dû arriver à l'heure, je savais qu'il allait me le faire regretter. Si je n'avais pas eu de retard, il n'aurait pas pu m'empêcher de partir à 20h30 étant donné qu'il ne m'avait pas prévenu au préalable. Je me suis condamnée toute seule à mon triste sort. Je vois déjà mon lit s'éloigner de moi et j'en pleurerais presque. Car même si l'idée de dormir maintenant est tentante, je ne fais pas confiance à l'adolescent penché sur sa moto. Qui sait quel mauvais coup pourrait-il préparer encore ?

- Depuis plus d'une semaine, je m'exclame excédée, tu restes enfermé dans ce putain de garage et le seul jour où je suis morte, tu te décides à faire appel à ton chauffeur.

Il m'ignore. Je sens mes yeux s'humidifier sans aucune raison apparente.

Plus je fixe son large dos courbé, plus la colère prend de l'ampleur dans mon bas ventre. Je ferme les yeux et prend une grande inspiration. Détendre mes doigts crispés sur l'accoudoir me prend de longues minutes pendant lesquelles mon ventre grogne de mécontentement. Et pour cause, je n'ai rien mangé depuis la veille. Alors, guidée par la faim, je me lève de ma chaise sous le regard inquisiteur d'Ace qui a relevé la tête, alerté par les grincements agacements de la chaise. Mais à mon grand étonnement, il éclate de rire. Je suis son regard jusqu'à tomber sur une grande auréole rouge qui décore mon short blanc. Mes joues s'empourprent alors que je coure jusqu'au toilette où je m'y enferme. Le rire d'Ace se rapproche au rythme de ses pas sur le carrelage froid. Je peste dans mon coin en m'insultant pour mon manque de prévention. Ce n'est pas dur de regarder un putain de calendrier !

- Et bien la pouilleuse ? T'as égorgé un cochon dans ta culotte ?

- File-moi un truc sale enfoiré.

- Oh ! Si tu penses que c'est comme ça que je vais t'aider...

Son ton supérieur me donne des envies de meurtres. Le fait qu'il joue de son avantage dans cette situation est une torture contre lequel je ne peux rien. C'est sa victoire du jour et je ne peux que le regarder soulever son lourd trophée destiné à m'humilier.

- Et bien je resterai enfermé ici jusqu'à ce soir, et tu ne quitteras pas cette maison non plus.

- Tu viens de m'offrir l'excuse qu'il me fallait pour me défiler.

- Putain ! Ace ! Fais pas chier.

Son rire éclate derrière la porte fermée. Puis, ses pas lourds s'éloignent emportant une floppée d'insultes de ma part, certaine qu'il est retourné dans son garage.

Il faudrait que je coure jusqu'à ma voiture, avec un peu de chance j'aurais des affaires de rechange dans le coffre. Et lorsque je m'apprêtais à ouvrir la porte pour exécuter mon plan, trois coups sont frappés contre celle-ci. J'entrouvre cette dernière, et par l'embrasure j'aperçois Ace qui me tend un jogging et un caleçon.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant