Il paniquait. Ses doigts se refermaient vainement dans l'espoir d'agripper quelque chose. Ses pleurs se répercutaient aux alentours sans que rien ni personne ne puisse les entendre. La peur grandissante qui se répandait dans son corps frigorifié ne le faisait que trembler davantage. Souvent, les enfants sont imprudents. Sa mère lui avait bien dit de ne jamais s'éloigner. Comme tous les petits, il avait enfreint la règle. Mais comme les plus malchanceux, il s'était fait prendre. Océan est beau, océan est doux, mais océan sait reprendre ce qui lui a été pris. Ses mains glaciales se refermaient sur le petit qui luttait pour rester en surface. Le courant qui aurait aisément été franchi par un adulte ne faisait qu'emprisonner la petite chose qui se débattait en son centre. Il s'épuisait. Déjà, le poids de son corps trempé l'entraînait vers le fond. Les battements frénétiques de ses bras en surface ne faisaient que soulever un peu plus d'eau, et les cris de détresse se muèrent en gargouillements, en une toux grasse. Il sentait l'eau entrer dans sa gorge sans rien pouvoir faire. Bientôt, il fut happé par le mortel liquide qui se referma autour de lui. C'était là une bien triste manière de mourir. Une simple promenade, une chute et un impact contre une mer cruelle suffisaient à enlever tout espoir à un enfant. Son corps sombrait. Épuisé, il commençait à perdre conscience tandis que le liquide s'infiltrait dans ses poumons. Les mouvements faiblissaient. Noyade. Le mot qui paraît absurde lorsqu'elle arrive aux autres. Comment se noyer? La mer est si belle. Se noyer est impossible. L'enfant ne comprenait que lors des dernières secondes combien ces illusions étaient fausses. Car se noyer est aisé lorsque l'on a six ans. Son cœur battait encore, animé par la peur, si violente qu'elle lui tordait les boyaux, si terrible qu'elle parvenait à lui faire plus mal encore que la vie qui le quittait lentement.
Ses paupières se fermaient déjà au moment où il fut tiré hors de son tombeau. Des bras puissants, un corps glacé qui le bousculaient violement sur les roches dures de la côte. Il toussa lorsque des mains assurés le forcèrent à rejeter l'infâme liquide hors de son corps. Il hoqueta, toussa de nouveau, et se sentit déposé sur les roches de la côte. Un battement de paupières capta l'image d'une silhouette enfantine avant qu'il ne se remette à cracher ses poumons. Il entendit sa mère hurler son nom au loin, ses pas dans le sable puis les pierres tandis qu'elle accourait. Ses yeux se rouvrirent pour contempler le visage en larmes de sa génitrice, qui le serra fermement contre elle. Il se remit à pleurer, saisissant à peine ce à quoi il venait d'échapper.
Sur les roches, cependant, les mouettes étaient la seule forme de vie.
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Saute
Fiksi PenggemarNiall a toujours aimé la mer. Son amour pour elle lui vaudra la plus belle découverte qu'il ai pu faire. Comment réagir lorsque l'on détient l'un des coeurs de l'océan à sa portée? Le sauver, ou le briser? Ce n'est après tout que l'histoire d'un...