CHAPITRE VINGT-NEUF : BÉBÉ ARRIVE !

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Nous étions à la fin du mois de Janvier ce qui annonçait la venue de celui de février.
Les habitants restaient encore emmitouflés dans leurs vêtements chauds, ne sortaient que pour travailler, voir leur proches ou faire des courses le week-end. Durant cette période, un long mois s'écoulait, Jefferson Gold restait incarcéré dans sa cellule, à Bakersfield.

Bakersfield, cette ville qu'il ne voulait plus jamais revoir, celle dont il ne voulait absolument plus revenir, si ce n'est pour passer à Olidale rendre visite à sa fiancée qui attendait leur premier enfant.

En parlant de visite, ses proches se déplaçaient sans cesse de Los Angeles jusqu'ici pour le voir, pour être présent pour lui. Peut-être bien qu'ils voulaient rattraper le temps perdu ?

Néanmoins, aujourd'hui le 4 février de l'année 2018 était un jour bizarre, du moins aux yeux de Jefferson car quand le gardien passait près de sa cellule, ce n'était pas pour lui donner de bonnes nouvelles... D'ailleurs celui-ci lui indiqua que personne ne viendrait le voir ce jour-là.

Au fond du couloir, une horloge en métal était accroché. L'heure affichait deux heures de l'après-midi.

— Comment ça ? Que se passe-t-il ? Ma mère devait venir me voir à cet heure ci, ce n'est pas normal. D'habitude, elle est toujours à l'heure, s'emporta-t-il.
— Je sais bien Gold, mais ils ont un problème familial à régler, lui répondit le gardien. 
— Un problème familial ? Répéta Jefferson. Quel problème est plus important que moi ?
— Que veux-tu que je te réponde, rétorqua encore l'homme.

***

Plus tard, le gardien s'en allait, le laissant désormais seul avec ses réflexions et ses nerfs à vif. Pourquoi ne sont-ils pas là ? Que se passe-t-il, se dit-il.

Le pauvre Jefferson ne comprenait pas, aujourd'hui était pourtant le jour des visites, les autres prisonniers voyaient leur proches.
Seulement, pour lui, personne ne venait...

Soudain, un autre gardien avançait près de sa cellule mais cette fois-ci, il lui ouvrait la porte.

— Qu'y a-t-il encore, marmonna Jefferson dans sa barbe.
— Gold, suis-moi, tu as de la visite, déclara-t-il.

Selon son badge, le gardien s'appelait Igor.

Quel drôle de nom, on dirait celui d'un ogre, pensa Jefferson.

Tandis qu'il apprenait cette bonne nouvelle, son visage était radieux, sa mauvaise humeur s'envolait.

Jefferson était content, aussi content qu'un enfant découvrant ses cadeaux de Noël, un matin, sous le sapin ou encore ses cadeaux d'anniversaire.

La mauvaise foi avait laissé sa place à la bonne.

***

Jefferson Gold se dépêcha de quitter sa pièce et de suivre le fameux Igor jusqu'à la salle des visites. Dans celle-ci, un homme brun aux yeux bleus comme l'océan l'attendait patiemment.

Lorsqu'il arriva, Jefferson ne mit pas longtemps pour le repérer. Michael Gold était là, son frère était venu. Jefferson ne se sentait plus seul au monde.

Il s'approcha d'une chaise, la reculait, s'assit et décrocha le combiné situé à sa gauche pour lui parler. Les deux hommes, assis l'un en face de l'autre, étaient séparés par une vitre en verre, ils ne pouvaient se toucher.

Aujourd'hui, son cadet portait un pull gris et un pantalon de couleur noire.

— Michael, s'exclama Jefferson. J'ai fini par croire que vous m'avez tous oublié, avoua-t-il.
— Mais non, ne t'inquiète pas, répliqua Michael. Je suis venu te dire que les parents sont à l'hôpital avec Jane. Il y a aussi Luna, Ella et sa famille.
— Quoi ? Mais co... Co... Comment ça Jane est à l'hôpital ?! Le bébé va bien ? Et surtout, comment se porte ma fiancée, lui demanda-t-il avec un regard affolé.

Il essayait tant bien que mal d'assimiler cette histoire. Jane était à l'hôpital, sûrement entre la vie et la mort, et si le bébé ne s'en sort pas, et si Elle ne s'en sort pas ? Que vais-je faire ? Comment vais-je m'occuper de lui ? Je savais que c'était une mauvaise idée, réfléchit nerveusement Jefferson.

— Mais oui, Isaac va bien. Jane a accouché il y a quelques heures, c'est pour ça que les parents n'ont pas pu venir, mais ils ont dit qu'ils se rattraperont lors de la prochaine semaine des visites, lui assura Michael tandis que le visage de son frère passait de la stupeur à la joie.

***

Au fond de lui, Jefferson était rassuré, cependant, il ne laissa rien paraître et se contenta de répondre à son frère.

— Oh, je n'ai pas pu être là pour le reconnaître, le prendre dans mes bras et soutenir ma chérie pendant cette épreuve, fit-il, le ton remplit de remords.
— Tu ne peux pas être partout à la fois, répondit Michael en haussant les épaules. Il te ressemble beaucoup, ça se voit que c'est un Gold.

Les deux hommes continuèrent de converser ensemble jusqu'à ce que sonne la fin de la visite, ensuite Michael lui annonça son départ et il lui promit que prochainement, ses parents, ses sœurs ou encore sa fiancée viendront lui rendre visite à leur tour.

Lorsqu'il partit, Jefferson se sentait de nouveau seul et le mécanisme qui se dessinait depuis maintenant un moment, se remit en place, c'est-à-dire qu'un gardien le récupérait pour le ramener dans sa cellule. Cette prison dans laquelle il était piégé à cause de sa vengeance.

Seulement, vers dix-neuf heures, il ressortait de l'enfer pour manger encore un repas immonde dans la cantine, en compagnie de personnes sans doute plus ou moins dangereuses qu'il ne l'était.

— Alors Jeff, est-ce que tu as eu de la visite aujourd'hui ? Qui est venu te voir ? Comment ça s'est passé, s'enquit Matt.

Avant de lui répondre, le protagoniste ferma les yeux en imaginant que sa bouillie était un bon hamburger pour que cela puisse être simple à avaler.

— Oui, mon petit frère est passé. Je t'avoue que plus l'heure avançait et plus je me disais que ma famille m'avait oublié, encore une fois, souffla-t-il. J'ai appris que ma femme a accouché de notre fils aujourd'hui, elle l'a appelé Isaac, narra-t-il. Et toi, as-tu eu de la visite ? Racontes ! S'exclama Jefferson.

— Félicitations, le complimenta-t-il en souriant. Avoir un enfant ça te change la vie, tu as de la chance d'avoir un petit gars ! J'en ai voulu un, ma belle a accouché d'une fille et hélas, les filles c'est compliqué, crois-moi, rigola Donovan. Les deux femmes de ma vie sont venus me voir, au début ça s'est bien passé mais bon après les au revoir c'était autre chose, Lily a pleuré dans les jupons de sa mère... Tu n'imagines pas comment ça m'a brisé le coeur, de ne pas pouvoir la prendre dans mes bras. Bien évidemment, je ne l'ai pas montré. Car un vrai homme ne montre jamais ses faiblesses. D'ailleurs, avec le monde de merde dans lequel nous sommes, il vaut mieux ne pas faiblir, conclut-il.

***

« Un vrai homme ne montre jamais ses faiblesses. » « Avec le monde dans lequel nous sommes, il vaut mieux ne pas faiblir. » ses deux phrases firent un écho dans son esprit, il savait que s'il était mal, il s'en rappellerait.

— Tu as raison, mon vieux, affirma Jefferson, en lui donnant une tape amicale dans le cou.

Fini le repas, retour en cage, pensa soudain Jefferson.

En effet, leur repas terminé, chacun retournait chez soi, — c'est-à dire dans sa cage de fer et de métal — attendant qu'un nouveau jour se lève, qu'une libération soit annoncée, que quelqu'un finisse au trou ou bien que d'autres événements viennent.

— À demain, Donovan, déclara Jefferson.
— Ouais, à plus tard, Gold, répliqua le concerné.

JEFFERSON GOLD (1ER jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant