CHAPITRE TRENTE : CONVOCATION FAMILIALE

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Nous étions toujours en février, cela faisait bientôt deux mois que Jefferson Gold restait enfermé dans sa cage à Bakersfield, et quelques semaines que son fils unique naquit.

Aujourd'hui, le mardi 27 février 2018, Hanna Gold, sa mère, se dirigeait aux alentours de dix heures du matin, à l'extérieur de chez elle pour récupérer le courrier.

Ce mardi, le temps demeurait frais dans les rues de Los Angeles et Hanna se sentait seule à l'intérieur de sa maison vide.

Henri travaillait, ses trois enfants avaient cours et son fils aîné vivait désormais loin d'elle.
Face à cette pensée, la dame soufflait en marchant sur son gravier, le trousseau de clés à la main.

Sans savoir pour quelle raison, Hanna hésita un instant devant sa boîte aux lettres, elle avait un mauvais pressentiment.
Celle-ci ouverte, la mère de famille récupérait le courrier, la referma rapidement puis rentra dans sa demeure.

Comme d'habitude, elle reçut des factures de gaz et d'électricité ainsi que le loyer puis, une convocation de la brigade de police de Bakersfield.

Comment ? Pensa-t-elle en écarquillant les yeux.

Les mains tremblantes, elle ouvrit l'enveloppe et lit le contenu dans sa tête. La lettre lui indiquait une convocation familiale :

Lundi 5 Mars 2018 à 9:30 a.m

Pour un interrogatoire concernant Jefferson Gold.

Hanna déglutissait avant de composer le numéro de téléphone de son mari.

***

Cela ne pouvait pas attendre, elle devait obligatoirement l'informer et plus tard, elle préviendrait ses enfants.

Aux bout de dix tonalités, il lui répondit en grognant.

Quoi ? Qu'y a-t-il de si urgent pour que tu m'appelles sans arrêt ?
— Tu sais ce matin, je suis allé prendre le courrier, comme tous les matins, commença-t-elle par dire.
Bon allez, allez. Abrège ! S'exclama-t-il.
J'ai autre chose à faire que de discuter avec toi pendant mes heures de boulot, ajouta Henri d'un ton tranchant.
— Nous sommes convoqués lundi matin à la brigade criminelle de Bakersfield, répondit Hanna, froidement.

Il voulait être froid avec elle, elle répliquerait sur le même ton. Ils jouaient aux mêmes jeux.

Tu n'auras qu'à y aller toute seule, je n'irais pas, riposta celui-ci.
— Nous sommes tous convoqués, c'est obligatoire, donc tu viendras, insista Hanna.
On en reparlera plus tard, souffla Henri, excédé.

Et avant qu'elle puisse prononcer sa dernière phrase, il l'a devança en lui raccrochant au nez.

***

Aujourd'hui, Hanna n'eut pas le droit à un au revoir ou un je t'aime de sa part, ça lui donnait un pincement au cœur mais elle en avait l'habitude.

Depuis le retour de son fils aîné, il avait changé. Son comportement devenait insupportable, encore plus qu'avant.

Peut-être qu'il te trompe, intervint une voix dans sa tête, peut-être que tu ne le satisfait plus, ricana gravement cette maudite voix.

Hanna secouait vivement la tête pour effacer celle-ci.

Non, tout allait très bien entre eux, ce n'était qu'une mauvaise passe, se dit-elle d'un ton très calme et convaincant.

Ensuite, elle regarda une émission qui passait à la télévision, sans pour autant y prêter la moindre attention.
Hanna voulait juste combler le silence car elle s'ennuyait toute seule.

Bientôt, l'après-midi arriva, Hanna mangeait une pizza mozzarella en sirotant une marguerita, dans la cuisine.

Vers cinq heures, elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Hanna le savait, ses enfants venaient de pénétrer dans le salon.

— Maman, on est rentré, s'écria Luna.
— Maman, est-ce qu'on peut aller à Bakersfield ? J'ai envie de voir Jefferson, lui demanda Ella.
— Moi, j'ai envie d'aller à Olidale, pour prendre des nouvelles de Jane et d'Isaac, ajouta Michael.

***

Hanna prit une grande inspiration avant de leur répondre.

— Henri n'est pas encore rentré et je ne sais pas s'il voudra nous accompagner, expliqua-t-elle. Je pense qu'il sera fatigué de faire ces trajets.... Sinon il faudrait qu'on dorme dans un hôtel ou chez Jane éventuellement puisque Bakersfield et Olidale sont des villes proches.
— Papa, papa, papa, souffla Luna en levant les yeux aux ciel. Pourquoi sommes-nous toujours obligés de compter sur lui, la questionna sa fille aînée d'une voix agacée.
— Parce que c'est quand même ton père, Luna. Il a son mot à dire, répliqua-t-elle.

— Parce que c'est quand même ton père, Luna. Il a son mot à dire, répéta l'aînée.
Maman, tu peux faire des choses sans lui, tu le sais au moins, ajouta-t-elle une fois de plus.
— Sinon, comment s'est déroulée votre journée, les interrogea Hanna en mettant fin aux représailles de sa fille aînée.
— C'est ça, change de sujet, murmura Luna.

***

Hanna ignora la remarque de sa fille aînée.

— Ça va, Ashley m'a demandé si elle pouvait venir dormir à la maison ce week-end, annonça Ella.
— Oh non, pas elle, la taquina Michael.
— Moi ça ne me dérange absolument pas, affirma Hanna en souriant. Les enfants, comme vous êtes là, lundi matin vous n'irez pas en cours, annonça-t-elle soudainement.

— Cool, s'exprima Michael.
— Pourquoi, s'enquit Ella. Il y a quelque chose de grave ?
— Nous sommes tous convoqués à la brigade criminelle de Bakersfield, ça concerne Jefferson, répondit Hanna.

— Jefferson, encore et toujours lui, souffla Luna.
— Luna, arrête, la réprimanda sa mère.
— Bref, je me casse, répliqua l'aînée en tournant les talons.

***

Pendant ce temps à Olidale, lorsque le soir arriva, Jane racontait des contes à son fils Isaac puis elle le fit manger, joua avec lui jusqu'à neuf heures et le berça pour qu'il s'endorme.

Après, elle essaya d'appeler la prison de Bakersfield pour avoir des nouvelles de son fiancé.

— Allô, mon amour, demanda-t-elle.
Jane, Jane ? Jane c'est bien toi, sollicita Jefferson, hésitant.
— Oh oui, c'est moi mon amour, si tu savais comment je suis heureuse de t'entendre, chuchota-t-elle.

Moi aussi mon cœur, comment vas-tu ? Racontes moi ta journée, et comment se porte le bébé ?
— Ça va, au début c'était un peu compliqué mais je m'en sors, j'ai des nouvelles de mes parents et de ta famille de temps à autre. J'ai couché Isaac il y a une heure, ne t'inquiète pas, notre enfant va très bien. D'ailleurs, bientôt, tu le rencontreras !
J'ai tellement hâte !

Un gardien l'interpella pour lui informer de raccrocher.

Je dois te laisser mon cœur, fais attention à toi, on se voit très vite, je t'aime, dit-il.
— À bientôt mon amour, je t'aime aussi, tu me manques, conclut-elle en raccrochant.

Puis vers onze heures, Jane s'allongea dans son lit, ses yeux marrons fixèrent le plafond, tandis que des larmes coulaient sur ses joues.

Jane était mal, mal car sa présence lui manquait. Sa voix, ses câlins, tout son être lui manquait. Elle prit une profonde inspiration, ferma ses paupières et quelques instants plus tard, s'envola en direction du royaume des rêves.

JEFFERSON GOLD (1ER jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant