Chapitre 5, Coup de tonnerre

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Un air marin me chatouille les joues. Je regarde autour de moi et découvre à ma droite une étendue d'eau bleue, pure et infinie. À ma gauche, une plage de sable bordée par de hautes dunes sans aucune végétation. Le paysage défile à une vitesse folle. Mais j'aime ça. Le contact avec le dos de ce magnifique cheval galopant avec majesté me rassure.

Je suis plongé dans une ivresse de confiance telle que j'écarte mes bras en criant de joie. Je ferme les yeux, savourant ce moment idyllique.

Le cheval s'arrête progressivement, les oreilles en avant. Il observe tout, sent tout, analyse tout. Il voit des choses que je ne soupçonne même pas, encore sous l'effet de ce bonheur intense.

Ses oreilles se couchent d'un coup. Il fait volte face et reprend sa course folle. Cette fois ce n'est pas plaisir mais par nécessité. Je m'agrippe à sa crinière comme je peux mais cet équilibre précaire est perturbé par un tonnerre violent et puissant qui me fait sursauter.

Ma monture se cabre. Je ferme les yeux. Je suis comme en apesanteur. Mon corps ne répond plus. J'entends seulement un hennissement de terreur. Puis un choc qui me coupe la respiration.

XXX

J'ai froid. Je tremble de partout. La fenêtre de ma chambre s'est ouverte et laisse entrer des gouttes de pluie qui maintenant forment une flaque. Un des livres poussiéreux est tombé de son étagère. Ses pages se tournent et se retournent dans tous les sens. Bara s'est réfugiée sous le lit, seules ses ailes dépliées protégeant tout son corps dépassent.

Je me recroqueville sous la couverture déjà trempée, les mains dans les poches. Quelque chose de chaud me picote le bout des doigts. Le pétale. Je le fixe, sans savoir comment interpréter sa chaleur.

Un éclair jaillit sans le ciel. Sa lumière encercle le pétale devenu noir. Peut-être est-ce à cause du manque de lumière que je le vois noir ? La boîte d'allumettes n'est presque pas mouillée, la lanterne non plus. Mes mains tremblent. Au plus j'essaie d'allumer la lampe, au plus les allumettes résistent. Des larmes de colère sont expulsées de mes yeux douloureux.

Je parviens tout de même à allumer la bougie, et le résultat est sans appel. Le pétale est devenu noir.

Le ministre a réussi son coup. Chérégalki est morte. La Rose a disparue. L'avenir du monde m'appartient désormais.

Je fixe le ciel, indécis. Mes larmes forment un flot continu sur les joues. Certaines se joignent à celles des nuages, qui commencent à diminuer.

Le silence revient. Bara sort timidement de sa cachette et vient se lover dans mes bras. Je la serre contre moi pour la dernière fois. C'est décidé. Je prends mon courage à deux mains et dès demain, je pars à Eschenwald trouver cette Rose.

La Rose Éternelle 1, DraggilysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant