Séjour d'une âme

Dans le noir profond, il se mouvait difficilement. Il ne voyait ni le bas de son corps, ni ses mains, il ne pouvait ni se toucher ni ressentir aucun autre stimuli. Il était simplement conscient de l’instant, mais ne voyait rien. Il se sentait étranger à sa condition, il ne savait rien, comme si son esprit avait fait table rase. 
Il n’avait aucune notion du temps, pour lui en cet instant il n’existait pas. Il entendait simplement des fragments de voix autour de lui, tels des esprits cachés dans l’ombre qui lui murmuraient des sons inaudibles, il était désemparé. Pourtant il ne savait pourquoi mais ces voix le calmaient et leur familiarité n’était que plus troublante. 
Il se rendit soudain compte qu’il ressentait quelque chose, il avait froid, de plus en plus froid. Dans ce néant où il était prisonnier, il appréhendait comme un enfant se mouvant dans la nuit. Il ne savait à quoi s’attendre, l’inconnu était son pire ennemi, mais un ennemi auquel il devait dévoiler les apparences.
Il sentait que les ténèbres l’oppressaient de plus en plus, il sentait ses forces faiblir et son esprit vaciller. Le froid était de plus en plus présent, comme si on avait ouvert les fenêtres un temps d’hiver. Une autre sensation le prenait, une douleur qui traversait son corps entier, de plus en plus aiguë, de plus en plus pulsante. Ses sens revenaient soudain à la vie, se réveillant d’un long sommeil, mais il ne voyait toujours rien. La perte de repères le désorientait, il avait l’impression d’être une âme errante sur les bords du trépas, s’accrochant à la vie mais se laissant petit à petit emmener dans les profondeurs. Pourquoi subissait-il cela ? il se sentait si impuissant, avait-il fait du mal ? L'a-t-on punit ? Il n’en savait rien, sa mémoire était vide. 
Soudain tout s’éteignit, subitement les voix se turent, le froid s’en alla, la douleur guérit, il se sentit si léger. Il était près, il ne savait en quoi mais quelque chose en lui le poussa à y croire.