Լƛ ƁƦƖƓƛƊЄ ƊЄ Լ'ЄMƤƖƦЄ

Chapitre 1

Quelques mois auparavant

Kenworthy était étendu dans son lit, ses bras étirés de part et d'autre de son visage, une jambe en dehors de sa couchette.

À seulement 23 ans, il était déjà devenu le bras droit d'un des généraux les plus hauts placés du pays. Ayant gravi les échelons un à un depuis sa majorité, il avait acquis d'une expérience presqu'égale à celle des militaires aujourd'hui retraités.

Cependant, le jeune homme n'était pas uniquement respecté par les hommes, mais aussi adulé par les femmes qui appréciait hautement sa physionomie avantageuse.

Son corps élancé aux muscles bien dessinés les attirait sans doute en premier lieu, puis elles levaient les yeux vers son visage et elles n'étaient certainement pas déçues.

Des mèches brunes plutôt longues retombaient d'un côté de sa tête en un mouvement décontracté, séparés par une raie sur le côté gauche de son crâne.

Ses yeux noisette, perçants, pouvaient immobiliser n'importe qui d'un simple regard, les faire sauter d'un pont, l'adorer jusqu'à en mourir...

Son nez droit surplombait ses lèvres roses et charnues, qui s'entrouvraient elles-mêmes sur des dents parfaitement rangées d'un blanc éclatant.

Bref, Kenworthy était beau. Personne ne lui résistait bien longtemps d'ailleurs. Enfin... Presque personne.

Elinor Nightingale, la fille du général Nightingale, la seule femme au monde l'intéressant vraiment se moquait bien de toutes les tentatives de séduction du jeune homme.

Elle les avait repoussées une à une. Et pourtant, leur rencontre ne datait pas de la veille ! La première fois qu'ils se sont rencontrés, Kenworthy devait avoir 13 ans ans et elle seulement 11. C'était son oncle, le colonel Selburn, qui les avaient présentés, allant dîner chez son supérieur récemment promus, le père d'Elinor.

Dix ans ont passés à présent. Au début, le jeune homme pensait qu'il s'agissait d'une amourette de passage, qu'elle partirait avec la fin de son adolescence.
Seulement, ses sentiments n'avaient toujours pas disparu.

À la majorité d'Elinor, elle est entrée dans l'armée elle aussi, suivant les traces de son père. Déclarée comme « l'espoir de sa génération », elle avait vite été gradée et était rentrée dans la compagnie de Kenworthy.

Ce dernier avait vu en cela un signe du destin, mais toujours rien. Rien, rien, rien. Il avait tenté de la séduire de nombreuses fois, mais rien n'y faisait ; personne ne pouvait occuper le cœur d'Elinor Nightingale.

C'est pourquoi Kenworthy avait dû tirer un trait sur son histoire d'amour avec elle, la transformant dans une histoire d'amitié aux nombreux non-dits.

Agacé de penser de nouveau à elle, le jeune homme se releva et allait commencer à répondre aux messages portés la veille par le facteur quand le bruit de sa sonnette retentit.

Il grimaça, ne souhaitant pas vraiment être dérangé mais ouvrit tout de même la porte.

Sur son pallier, un homme trapu, à la silhouette difforme et repoussante, glapit en le découvrant.

     — Seth Kenworthy ? fit-il de sa voix aigüe.

     — C'est moi.

Il souffla, heureux d'être arrivé à la bonne adresse et lui adressa un grand sourire en tendant la main.

     — Je suis le secrétaire de Monsieur Karismal, Karl Scendish, qui m'envoie à votre rencontre.

Tiens donc ? Kenworthy ne dissimula pas sa surprise. Karismal, le premier ministre de l'Empire, envoyer quelqu'un le quémander ?