Défi n°2 : Écrire une scène romantique illustrant le sens propre d'une expression française.
Bonne lecture !
★★★
Se préparer pour une soirée, ce n'est pas trop son genre. À vrai dire « sortir » en soirée, ce n'est pas son genre non plus. Elle préfère amplement rester chez elle à lire, jouer à des jeux vidéos, des jeux de société, passer la soirée à raconter des conneries avec ses amis en buvant quelques bières et en mangeant des plats cuisinés ensemble – ou simplement une bonne raclette. Oui, c'est ce qu'elle aime faire, elle se sent bien plus à l'aise dans le cocon familier de sa petite maison. Mais, parfois, on ne la laisse pas faire et on la pousse à s'aventurer dans un extérieur plein d'aventures qu'elle a beaucoup plus de mal à appréhender. Soit. Ce soir est un de ces soirs. La dernière fois remonte à six mois, elle s'y attendait un peu. Mais quand même... ils veulent vraiment faire ça ?
Un vibreur la fait sursauter tandis qu'elle se maquille – après avoir passé deux heures à choisir sa tenue et arranger ses cheveux –, elle attrape le fautif pour lire le message qu'elle vient de recevoir :
« Tu es prête ? J'arrive dans quinze minutes. Je t'aime. »
Elle sourit en lui répondant qu'elle est prête depuis une heure, puis se hâte de terminer.
La sonnette retentit tout juste quand elle sort de la salle de bain, ses cheveux multicolores attachés en une queue de cheval qui, bien que rehaussée, balaye encore le milieu de son dos. Elle a ressorti des habits d'un autre temps – quand elle était étudiante –, bien moins confortables que ses traditionnels jeans, débardeurs et sweats. Cependant, elle se sent jolie. Elle part vers l'entrée, sa jupe volant légèrement dans sa course, et ouvre à l'homme de sa vie. Lui, il a le droit de porter quelque chose de confortable et, en plus...
— C'est injuste, se lamente-t-elle en le voyant.
— Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiète-t-il.
— T'as toujours l'air de sortir d'un magazine de mode alors que, moi, je dois passer des heures à me rendre ne serait-ce que présentable !
Il retient un rire et s'approche d'elle.
— Arrête de te dénigrer. Tu es toujours ravissante. Tu es toujours éblouissante. Tu es toujours si belle que j'en ai le souffle coupé.
Ses joues prennent une teinte rose alors qu'elle enlace son petit ami, cachant son immense sourire contre son torse. Ce qu'elle l'aime ! Elle a presque du mal à réaliser combien c'est le cas. Mais ça l'est et ça la rend un peu plus heureuse, chaque jour qui passe.
Après un long baiser qu'ils ont du mal à ne pas finir dans la chambre à coucher, elle va chercher son poncho turquoise et ils quittent la maison.
Main dans la main, ils marchent dans la rue. À plusieurs reprises, elle croise l'affiche annonçant la soirée à thème à laquelle ils se rendent. Ça la met un peu mal à l'aise, elle a du mal à croire qu'elle va faire une chose pareille. Mais sa meilleure amie a insisté pour qu'ils viennent, que ce serait tellement plus sympa s'ils faisaient ça ensemble. Il paraît que, de nos jours, tout le monde a déjà fait ce genre de soirée une fois, et qu'il y a plein de vidéos sur Internet. Vu le nombre de vidéos que sa meilleure amie lui a envoyé, elle ne peut pas nier qu'il y en a beaucoup. Elle ne comprend pas trop cet engouement. Dans les commentaires des vidéos, il est dit et répété que ça permet de se décomplexer, que la vie est totalement différente, après.
Ils passent par le parc où ils ont eu leur premier rendez-vous, où ils aiment se promener régulièrement. C'est si tranquille, surtout le soir. Le chemin est éclairé par la lumière orange des réverbères, elle regarde leur ombre qui danse autour d'eux à mesure qu'ils s'éloignent de l'un des poteaux pour se rapprocher d'un autre.
— Ça va aller ? lui demande-t-il.
— Hein ? Oui, bien sûr !
— On n'est pas obligés, tu sais. C'est pas parce que...
— Ça ira, insiste-t-elle, un peu amusée, en se plaçant devant lui.
Elle pose ses mains sur la taille de son petit ami et lève les yeux vers les siens pour pouvoir le rassurer. Après un instant à l'observer, il fait un sourire et soupire.
— Qu'est-ce que je ne ferais pas, pour toi ?
— Ça, c'est parce que tu es désespérément amoureux de moi.
— Comment ne pas l'être ?
— Moi aussi, je t'aime.
C'est lui qui passe ses bras autour de la taille de sa petite amie, à présent, et il la soulève du sol pour l'embrasser. Oui, il ferait tout pour elle. Même aller à cette soirée à thème qui n'a pas de sens pour lui. Il sait bien qu'elle joue les courageuses pour cacher ses angoisses montantes, ça a toujours été comme ça, mais il la soutient quand elle fait des efforts pour être plus sociable. Ça lui coûte tant d'énergie de voir du monde, il ne peut pas lui en faire user davantage pour le convaincre de la suivre. Il est là pour elle, il le sera toujours.
Elle repose les pieds par terre et rouvre les yeux. À chaque fois qu'ils s'embrassent, c'est comme un rêve. Elle ne s'est jamais senti aussi bien avec quelqu'un, aussi en sécurité. C'est pour ça que, avec lui, elle peut affronter cette soirée.
Une vingtaine de minutes plus tard, ils arrivent devant le club. Elle prend une profonde inspiration et ils entrent. Ils sont dans un sas, des gens viennent de passer la porte vers la salle. On leur demande de laisser leurs vestes, en échange d'un petit ticket rouge portant le numéro 104, on leur met un coup de tampon noir sur le dos de la main et on leur explique rapidement les règles. C'est gênant, mais ils obéissent.
À leur tour, ils passent les portes. La musique est forte et les lumières stroboscopiques baignent la foule qui danse. Ils se reprennent la main – heureusement qu'elle est gauchère – et partent à la recherche de leur groupe d'amis déjà présent.
C'est étonnant, personne n'a l'air de déroger à la règle et, pourtant, c'est presque une soirée normale. Les gens dansent, les gens s'amusent, les gens boivent. En tout cas, ça ne sera pas une soirée très écologique, il y a une paille dans chaque verre.
— Vous voilà ! s'écrie sa meilleure amie, d'une voix nasillarde.
— C'est pas évident, il y a du monde !
Elle est essoufflée et a un peu de mal à parler. Leurs amis leur font de la place et leur désignent leurs verres qu'ils ont commandés pour eux. Elle remercie sa meilleure amie et grimace un peu en voyant la paille dans sa bière mais, en même temps, elle ne va pas pouvoir faire sans. Ils trinquent et elle sirote quelques gorgées en regardant autour d'elle. Un couple passe, ils ont échangé. Elle croise le regard de son petit ami et ils pouffent de rire en même temps. Sa meilleure amie lui frappe l'épaule et la réprimande, le ton toujours aussi nasal.
— Pas de moquerie, ici. C'est un espace sûr, pour tout le monde.
— Pardon, pardon...
Entendant de nouveau le son de sa propre voix, elle a du mal à ne pas rire encore, mais elle se retient, aidée par le regard sérieux de sa meilleure amie.
Une fois leurs verres vidés, leurs amis se lèvent pour aller danser. Elle attrape la main de son petit ami en leur disant qu'ils les rejoignent. Toujours si prête à rire, elle lui demande, le suppliant du regard.
— On est d'accord, c'est bizarre, non ?
— Très, très bizarre.
Et ils éclatent de rire, se demandant comment tant de gens peuvent-ils se sentir « transcendés » en se mettant les doigts dans le nez.
★★★
L'expression est « Les doigts dans le nez » comme vous l'avez sans doute compris. J'ai, encore une fois eu envie de vous surprendre, c'est pourquoi je ne l'ai pas mise en titre, ça aurait été beaucoup moins drôle 😂
VOUS LISEZ
Romances extraordinaires
Short StoryCe livre est un recueil d'histoires courtes écrites dans le cadre du concours Pink Lock, proposé par @apprenti0auteur. C'est un concours de romances mettant en avant l'originalité. Les votes sont importants dans la note donc, si vous aimez, merci de...