5. La faiblesse

10 0 0
                                    

••~••
Vendredi

Allongé sur son lit, Abdel s'ennuyait. Il ne pouvait pas aller voir Will ou Abriel, parce qu'ils étaient en train de travailler. Tout le monde travaillait. Mais pas lui. Lui n'était pas fichu de se trouver un job, ou un intérêt pour quoi que ce soit. Il était dans une boucle infernale, où il alternait entre plan cul et drogues pour se sentir partir et toucher l'extase. Mais plus le temps passait, plus elle avait un goût amer. L'amertume de la vacuité de l'existence. De son existence. Il ne parvenait pas à remplir sa vie. Et ça le bouffait, petit à petit. Mais comment faire autrement ? Il soupira. Décidément, vivement ce soir, qu'il aille se changer les idées. On toqua à sa porte. Il se redressa, et vit Will entrer sa tête dans l'entre-bâillement de sa porte.

— Il y a quelqu'un pour toi.

Un sourire lumineux s'afficha sur son visage en apprenant la nouvelle. Ça ne pouvait être que Léo, qui venait souvent le voir les vendredis après-midi, horaires auxquelles il ne travaillait pas. Depuis le temps, il avait terminé ses études de médecine, et était devenu généraliste. Il était fier de lui. Léo travaillait beaucoup, étant submergé de clients. Vraiment, il était l'homme parfait. Il sortit de sa chambre en courant et sauta au cou de son frère. Il le serra fort contre lui, alors que Léo passa ses mains dans son dos. Abdel adressa un sourire à Willem qui l'accompagnait. Sourire qui lui fut rendu. Il se détacha de Léo pour faire la bise à Willem, qu'il avait désormais l'habitude de le voir avec son frère. C'était lui, le mystérieux ami dont parlait souvent Léo quand il était plus jeune. Ils avaient fini par se rabibocher, et sortaient désormais ensemble. Son frère se remettait peu à peu des événements qu'il y a quatre ans, comme il pouvait. Mieux qu'Abdel en tout cas. Il avait désormais une vie stable et bien rangée, rien à voir avec lui.

Son frère fronça les sourcils quand il se recula, visiblement contrarié.

— Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

Il parlait sans doute du bleu sur son front qui avait du mal à partir. Mais hors de question qu'il parle de sa vie sexuelle avec Léo, Abriel c'était déjà assez. Quand il voyait l'inquiétude qui en découlait... il ne voulait pas infliger ça à son frère, qui avait déjà assez de problèmes à régler.

— Je me suis pris une porte.

Il sentit le regard brûlant d'Abriel dans son dos, mais ne dit rien. Il préféra emmener Willem et Léo dans sa chambre. Ils se posèrent, et discutèrent des patients chiants de son frère durant une bonne partie de l'après-midi, Abdel riant à gorge déployée. Ils dînèrent tous ensemble le soir, quand Abdel reçu un message.

06 XX XX XX XX

_ Bonsoir Abdel.
Que dirais-tu de
sortir avec moi ce
soir ? Fabien.

Un sourire s'étira sur son visage, et il se dépêcha d'accepter. Il passa quelques minutes sur son téléphone pour planifier le rendez-vous quand Léo l'interpella :

— Qu'est-ce que tu fais sur ton téléphone ? Tu parles à un ami ?
— Tu aimerais bien, hein ?

Il n'avait pas d'amis, et ce n'était pas grave. Mais Léo semblait penser que c'était très important à son âge. Lui avait son meilleur ami, Mathis, mais Abdel n'avait personne. Son frère lui avait expliqué que pendant longtemps, il avait refusé une quelconque forme d'amitié. Mais qu'en rencontrant Willem, tout avait changé. Mais Abdel ne croyait plus à ce genre d'histoire. Son frère était l'homme parfait, alors bien entendu, ce genre de chose lui arrivait. Mais pour le commun des mortels, non, ça n'arrivait pas. Et Abdel était loin d'être parfait. Il le savait et le regrettait, mais c'était la vie. Rares étaient les gens parfaits.

PHOBIA TO EUPHORIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant