Le soir de la Saint-Sylvestre, Pierre était affalé dans un canapé avec une bière à la main. Tout autour de lui, des visages qu'il connaissait trop bien. Il n'était pas chez lui, personne de ses coéquipiers n'avait eu cet honneur. La fête avait lieu chez le capitaine de l'équipe, dans une grande maison du quartier aisée derrière le parc. L'alcool était en abondance ce soir mais Pierre n'avait pas l'objectif de se mettre une mine. En fait, ce n'était jamais arrivé. Il avait déjà bu, bien plus que raisonnablement mais ça n'avait pas été plus loin. Il refusait de perdre le contrôle.
Pierre se promenait dans la maison sans réel but, il ne savait pas quoi faire de lui. Il ne se sentait pas à sa place ici. Il ne s'était jamais vraiment sentit totalement à l'aise avec ses coéquipiers, il n'en appréciait pas plus de la moitié d'ailleurs. Alors qu'il avait trouvé un coin plus ou moins tranquille, une jeune femme un peu éméchée s'approcha de lui. Elle semblait s'intéresser à lui et lui faisait clairement du rentre dedans. Pierre essayait d'être poli pour lui faire comprendre qu'il n'était pas intéressé et la jeune fille semblait vexée que le jeune homme ne cède pas à son charme.
"Je me suis tapé les trois quart de l'équipe, tu n'espérais pas faire exception.
-Beh, si. Je ne suis pas intéressé.
-Oh. Toi, soit tu es amoureux ou alors complétement pédé.
-Je te laisse choisir."
La jeune femme rigola et Pierre poussa un long soupir avant de s'éloigner d'elle. Cette soirée était une torture, minuit sonnait dans moins de deux heures et il n'allait clairement pas tenir autant de temps. Il posa sa bière vide dans la cuisine, fouilla dans le frigo pour prendre une bouteille de vin avant de sortir de la maison. Mais l'un de ses coéquipiers l'intercepta.
"Chabrier ! Tu vas où là ?
-Je me casse. Vous êtes déjà tous à moitié éclatés, je rentre fêter la nouvelle année tout seul.
-Tu veux pas rester pour minuit au moins ?
-Pourquoi faire ? Tu veux me rouler une pelle ?
-Plutôt crever !
-Pareil pour moi, plutôt crever que de rester une minute de plus ici."
Pierre fit un signe à son camarade avant de continuer sa route. Il traversa le parc, toujours sa bouteille de vin à la main et prit la direction de son appartement. Il n'avait pas beaucoup à faire en trajet et une fois l'ambiance chaleureuse de son foyer retrouvé, il retira sa veste. En la jetant sur une chaise, ses yeux se posèrent sur un livre bien particulier mis en évidence sur la table. Le cadeau de Sylvain. Il ouvrit la première page pour lire le petit mot écrit de sa main. Pierre poussa un long soupir et réfléchissait à ce qu'il voulait faire. Évidement qu'il voulait rejoindre Sylvain mais est-ce que c'était raisonnable. Est-ce que c'était correct de venir aussi tard chez lui et passer la fin de soirée en sa compagnie. Là, ce soir ? Non. Mais Pierre avait-il envie d'être raisonnable ? Non plus. Alors le hockeyeur enfouit quelques vêtements de rechange dans un sac, au cas où, puis il quitta son appartement. Il marchait vite, la bouteille et la carte à la main.
Sylvain était confortablement installé chez lui devant la télévision, dégustant une pizza clairement trop conséquente pour lui. Il était seulement vêtu d'un t-shirt et d'un caleçon pour être à l'aise. Après tout, il était seul chez lui donc il faisait bien ce qu'il voulait. Des fois des musiques passaient dans le programme qu'il regardait et il se levait pour danser ou chanter. Il vivait très bien le fait de faire le réveillon de la nouvelle année seul. Mais alors que minuit s'approchait, quelqu'un frappa chez lui. Il grimaça, espérant ne pas avoir été trop bruyant pour le voisin du dessous. Sur ses gardes, il ouvrit la porte. Ce n'était pas le voisin mais Pierre. Sans prononcer aucun mot, celui-ci lui présenta la fameuse "Carte libération". Sans hésiter, le patineur le laissa rentrer.
"Je ne pensais pas te voir ce soir...
-Moi non plus. Je me suis fait violence pour supporter la soirée avec l'équipe. J'avais juste prévu de rentrer et de boire cette bouteille de vin tout seul. Puis je me suis souvenu de ta carte, donc me voilà. J'espère que je ne te dérange pas...
-Evidemment que non. Regarde moi, je suis tout seul avec ma pizza.
-Une énorme pizza, jamais tu ne mangeras tout ça. Je vais devoir te donner un coup de main."
Alors que Pierre présenta la bouteille de vin en question a son ami, Sylvain rigola à son dernier commentaire. Il se dirigea vers sa cuisine pour sortir des verres et un tire-bouchon. Il invita son ami à se mettre à l'aise et à se déchausser avant de le rejoindre dans le salon. Ainsi, ils s'installèrent tous les deux sur le canapé. Ils trinquèrent et burent à leurs santés. Le patineur n'avait pas l'occasion ni l'habitude de boire du vin et il s'étonnait d'aimer ça. Le hockeyeur lui avoua avoir volé la bouteille à la fête et ils en rigolèrent tous les deux.
Sylvain attaqua très rapidement son deuxième verre et quand une chanson qu'il aimait bien passait à la télévision, il se levait pour se trémousser dessus. Pierre rigolait en le voyant faire et réalisa qu'il avait déjà passé une bien meilleure soirée avec Sylvain alors que ça faisait tout juste une heure qu'il était là. Les deux garçons parlaient de tout et de rien mais c'était tout ce que Pierre voulait. Une soirée simple avec une personne qu'il appréciait vraiment. Minuit allait bientôt sonner, le patineur avait remis une pizza au four mais Pierre s'occupa de la sortir pour ne pas qu'il se brûle. Il n'était déjà pas doué avec tout ce qui était source de chaleur mais en plus avec un peu d'alcool dans le sang, dégât assuré. Sylvain pressa son ami pour le rejoindre car le décompte avait commencé et au moment du zéro, sans que Pierre ne puisse réagir, des petits bras familier l'entourèrent. Son corps entier se crispa et il ferma les yeux un instant, prenant sur lui aussi fort qu'il le pouvait. D'une main un peu hésitante, il tapota amicalement son dos avant de se reculer pour briser cette proximité. C'était déjà quelque chose d'énorme pour Pierre. Il avait déjà pris ses coéquipiers dans ses bras, pour une victoire mais c'était tout. Jamais il n'avait accepté une étreinte comme celle-ci venant d'un homme. Il ne voulait pas et ne pouvait pas, comme si son corps créait automatiquement une barrière de sécurité. Il fit comme si de rien n'était et célébra la nouvelle année en trinquant une autre fois avec son ami.
La suite de la soirée était plus calme, Pierre avait refusé de servir Sylvain une troisième fois et celui-ci n'avait pas insisté. Ils avaient bien mangé et s'étaient affalés sur le canapé en discutant. Sylvain avait un petit coup de le nez et racontait parfois des bêtises qui faisaient rire son invité. C'était la première fois qu'il le voyait ainsi. La situation était sous contrôle pour Pierre, qui pouvait le surveiller. Mais petit à petit, les deux garçons tombaient de fatigue alors Sylvain proposa à son ami de dormir ici. Celui-ci accepta, il avait emmené des affaires de rechange au cas où. Les deux garçons rangèrent un peu le coin et Sylvain prépara le canapé pour qu'il soit un peu plus apte à recevoir un invité, pendant que Pierre se changeait dans la salle de bain. En sortant, il constata que le patineur s'était endormi à sa place et il soupira à ce spectacle. Il s'approcha de lui, secouant délicatement son épaule mais le plus petit s'était déjà endormi profondément. Le hockeyeur hésita un instant avant de passer l'une de ses mains sous les cuisses de Sylvain pendant que l'autre passait sous ses épaules. Il le souleva sans trop de difficulté, connaissant déjà un peu le poids qu'il faisait. Lentement, il monta les escaliers pour rejoindre sa chambre. Il le posa sur le lit en essayant de le faire passer sous les draps. Il n'était pas à l'aise à l'idée de manipuler le jeune homme ainsi, surtout qu'il dormait, mais il ne lui laissait pas trop le choix non plus.
Pierre s'était arrêté quelques secondes pour l'observer. Il aimait bien le voir dormir, son visage semblait si calme et paisible. Délicatement, il passa sa main au niveau du front de Sylvain pour dégager une mèche de cheveux de son visage. Ce geste avait été plus fort que lui et il se recula ensuite. Il descendit les escaliers en râlant silencieusement contre lui-même. Bordel, qu'est-ce qu'il était en train de foutre. Il s'allongea dans le canapé, se torturant l'esprit avant de finalement sombrer à cause de la fatigue.
VOUS LISEZ
Libéré, Délivré...
FanficEt si le duo vilebrequin ne s'était pas rencontré en BlaBlaCar ? Sylvain fait du patinage artistique depuis son plus jeune âge et vit maintenant de sa passion. Un soir, il fait la rencontre de Pierre, un hockeyeur. De là commence une drôle d'histoir...