XV

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Doro

Une semaine que je ne l'ai pas vu. Une semaine que nous ne nous parlons plus. Nous n'échangeons plus un seul mot. Ses mots qui me font tellement du bien. Une semaine que son choix a détruit ce que nous avions construit en si peu de temps. Mais qu'est-ce que c'était, de toute façon ? Un couple, de l'amour, une amitié ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Ce dont je suis sûre c'est que nous étions amoureux. Il voulait de moi, je voulais de lui. En fait, on n'avait pas besoin de mot pour nous qualifier, ou qualifier cette chose naissante entre nous. Pourquoi toujours mettre des mots sur tout ? Nous vivions au jour le jour. Mais c'était peut-être, là, mon erreur. Cet attachement pour lui, qui se manifeste maintenant par le manque, me montre que je ne l'avais pas vu venir, ce danger. Qu'il me laisse gire au fond du gouffre qu'est ma peine. Il me manque. Tout chez lui me manque. Mais c'est vrai, nous n'avions pas calculé la suite. Il vit en France, je vis en Allemagne. Il fait des études bourratives en termes de temps. Nous sommes de total opposé. Nous sommes deux êtres torturés jusqu'à l'échine. Comment pouvions-nous survivre. Je vous l'accorde, c'est difficile à imaginer. Vivre à distance ? Faisable, mais presque impossible à tenir. Utiliser l'un pour l'autre dans le but de guérir ? Malsain, toxique.

Durant toute la journée, je rumine. Pauvre Éloïse et Margaux, je dois avoir l'air d'un zombie. Moi qui me moquais des peines de cœur, me voilà punie. Et puis ma mère d'accueil ne m'aide pas :

-Dorothée, tu ne vas pas gâcher ton été à cause de ce garçon. Écoute, je ne sais pas ce qui s'est passé depuis le début entre vous, mais ce n'était qu'une amourette d'été !

Non!

-Oh, si vous saviez, il s'est tout passé en ces quelques jours. Tout ce qui compte réellement dans ma vie vient d'être balancé comme un déchet dans la mer en bas des escaliers de votre perron.

-Ma petite, ça ne peut pas continuer ainsi, sois raisonnable. Et puis ça fait de la peine à Margaux, elle qui aime tellement ton entrain. Tu sais, elle est très attachée à toi.

Désolée, je suis désolée.

Personne ne peut comprendre. Je finis par me retirer dans ma maisonnette puis continue à pleurer. À pleurer de ma perte, à pleurer de mon impuissance et à pleurer de ma ridiculité. Je le maudis, je le supplie. Puis je m'endors dans mes larmes. 

La romance de mon existence - Der Sommer meines LebensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant