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Maria gara sa voiture sur le côté de la route. Elle retira sa ceinture et ouvrir sa portière.

-Tu veux toujours pas me dire où l'on va maintenant ?

Elle avait roulé 2 heures afin de l'emmener à cet endroit.

-Sois patient un peu. Répliqua Maria en prenant un plaid et un panier de nourriture dans le coffre.

Autour d'eux se trouvait une forêt dense baignée par quelques rayons de lumières. L'ambiance était calme, on entendit les crissements des feuilles et les brises de vent sifflant dedans. 

Une odeur boisée envahissait leurs narines les plongeant directement dans cette ambiance avant même d'y être.

Maria lança le mouvement en entrant dans cette forêt. Charles la suivit ne sachant toujours pas ce qu'il l'attendait.

Ils marchèrent en silence.

Un papillon rose vola devant eux les arrêtant complètement dans leurs marches afin de l'observer. Il était dessiné comme un rêve, avec ses couleurs et ses petites taches noires.

Il se posa sur la joue de Maria, qui fit un sourire angélique faisant ressortir ses légères fossettes. Elle se tourna doucement vers Charles de peur que le papillon s'envole. Les yeux de Charles n'étaient plus concentrés sur le papillon mais sur le visage de tendresse de Maria.  Des images du soir il y a une semaine avec son visage rempli de larmes lui revint en mémoire. Il ne voulait plus voir ce visage baigné de larmes, il voulait voir le visage qu'il vit en ce moment, un visage angélique n'ayant aucune pointe de tristesse, juste de la douceur.

Il se promit d'imprimer se sourire sur le visage de Maria afin qu'il ne puisse plus voir ses larmes touchant de plus en plus son cœur à chaque fois qu'elles débordaient des yeux de Maria.

Le papillon s'envola, affichant une mine déçue sur le visage de Maria, faisant aussi envolait le sourire de Maria, affichant une mine déçue sur le visage de Charles.

-Bon, remettons-nous en route ! S'exclama légèrement Maria en reprenant sa marche.


Ils firent une marche d'environ trente minutes. Charles commença à distinguer la fin de la forêt, d'ici quelques mètres il allait découvrir cet endroit. Maria s'arrêta légèrement essoufflé. Charles se tourna vers elle vérifiant son état, il avait bien remarqué qu'elle n'était pas très sportive mais à ce point....

-Ferme tes yeux ! S'exclama Maria en se dirigeant vers lui.

-Quoi ? Rétorqua Charles confus.

-Je veux que tu fermes les yeux. S'il te plaît. Répliqua Maria plus doucement.

-Si tu veux. Pouffa légèrement Charles ne comprenant pas pourquoi elle voulait tant qu'il ferme ses yeux.

Il ferma donc ses yeux et elle prit délicatement sa main afin de le guider.

Elle sentit sa main veineuse décorée de ses deux chevalières.

Il sentit ses doigts fins et doux comme si elles étaient gantées.

Elle le fit avancer doucement, le prévenant de légers troues creusait dans la terre ou des branches trainant sur par terre. Il sentit la chaleur du soleil sur ses paupières l'informant qu'ils venaient de sorti de la forêt. Elle l'informa qu'il pouvait ouvrir ses yeux tout en retirant leurs mains liées créant une légère froideur sur sa main.

Lorsqu'il ouvrit les yeux il perçut un lac recouvrant tout le paysage entourait de montagnes. Autour du lac se trouvait une légère plaine accompagnée de quelques buissons et de petits arbres. Il tourna ses yeux vers le bruit d'une couette secoué. Il découvrit Maria en train de dresser un pique-nique.

Charles se posa à côté d'elle pendant qu'elle déposa des assiettes, des salades, sandwichs...

Ils mangèrent, toujours en silence leur laissant le temps d'apprécier tranquillement la nature.

-Je venais souvent ici, avec ma fille.

Charles parut surpris, non pas par le fait qu'elle avait une fille car il l'avait su par Madeleine, mais plutôt par le fait qu'elle se confie.

-Elle s'appelle Alice, c'est une petite fille merveilleuse, elle est le rayon de soleil dans ma vie.

Charles remarqua qu'elle parlait au présent. Peut-être ne voulait-elle pas qu'il sache qu'elle était décédé ?

-Son anniversaire est dans 1 mois, elle aura 5 ans, elle grandit tellement vite.

Et elle continua à décrire sa fille, comme si elle était toujours là.


Et Charles comprit.


-Maria, écoute-moi.

Maria planta son regard dans les yeux de Charles qui la regardait peiné. Il prit ses mains dans les siennes. Charles ne savait pas comment s'y prendre mais il devait lui dire. Il fallait qu'elle l'accepte.

-Où est ta fille en ce moment ?

Il fallait qu'elle le comprenne par elle-même. Il voulait que la vérité sorte de sa bouche et non de la sienne. Maria fronça les sourcils.

-Pourquoi tu me demandes ça Charles ? Questionna Maria les mains tremblantes.

C'était comme si son corps savait la vérité mais que son esprit ne voulait pas l'avoir.

-Maria, où est ta fille ?

-Arrête. Maria murmura ce mot accompagné d'une larme.

-Maria, il faut que tu voies la vérité en face.

Maria enleva ses mains de celle de Charles brulé par ce contact.

-Charles arrête.

-Maria, où est Alice ?

Maria se leva tout en prenant sa tête entre ses mains.

-Non, je veux pas ! commença a crié Maria.

-Je veux juste que tu me dises où elle est ! S'écria Charles en se relevant lui aussi.

-NON! Alice est là, quelque part... Chuchota Maria à chaudes larmes.

-ALORS OU EST-CE QU'ELLE EST ! Cria Charles voulant la faire réagir.

-ELLE EST MORTE ! C'EST ÇA QUE TU VEUX ENTENDRE ! MA FILLE EST MORTE ! Hurla Maria presque à s'en déchirer les entrailles tout en enlevant les mains de son visage afin d'affronter le regard de Charles.

Et soudain, le visage de Maria changea. Se rendant compte de la vérité. Des hoqueté d'effroi sorti de sa bouche se transformant en hoqueter de désarroi. Ses larmes affluèrent son visage ses petits cris de douleur l'empêchait de respirer.  Son corps n'arrivait plus à rien faire à part extérioriser sa peine. Elle planta ses ongles dans sa peau voulant faire taire cette douleur déchirant son cœur.

Charles s'approcha et la prit dans ses bras. Il pleurait lui aussi, c'était comme si leurs cœurs se partageaient la peine. Il n'avait pas aussi mal qu'elle mais il avait mal, sans vraiment savoir pourquoi. Leurs cœurs étaient comme connectés.

-J'ai tué ma fille Charles... Tout est de ma faute, ce soir la si... Si j'avais vu cette voiture ou si j'avais eu mon pied sur la pédale de frein elle aurait été là. Je suis une mère immonde.

-Maria, rien n'est de ta faute. Arrête de te faire du mal en te répétant ça.

-Je veux avoir mal, je le mérite tellement, je devrais même ne pas exister.

-Maria arrête, elle n'est plus là, et tu peux plus rien y faire, ça sert à rien de ressasser le passé.

Charles venait de lui faire passait la première marche du deuil, le déni.




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