Tout sur Lupita

Chapitre 84 / Attraction contre-nature

Lupita se leva le mercredi matin avec la sensation d'avoir trop dormi. Ou pas assez. Elle chercha son smartphone à tâtons puisqu'elle ne l'avait pas entendu sonner, c'est qu'il était trop tôt pour se lever. Puis les derniers évènements lui revinrent, y compris le fait que le-dit appareil était en possession de Ryker, - plus probablement de Park, d'ailleurs -, et que donc, elle était coupée du réseau pour le moment.

Le seul point qui restait positif, était que ni son patron, ni son assistant ne pourrait avoir accès au contenu du téléphone, car aucun d'entre eux n'en avait le code. Elle l'avait donné à Klaus de manière cryptique, mais même si ce dernier avait compris, il n'aurait sans doute pas divulgué l'info à Ryker. Il tenait trop à la protection de la confidentialité pour faire une telle chose.

Évidemment, penser à Darius Ryker, lui fit immanquablement penser au baiser de la veille. Or, Lupita refusait de s'attarder sur le souvenir du baiser, sur les sensations qu'il lui avait procurées, et surtout, sur ses conséquences. Elle le chassa très vite et se leva en bougonnant contre la stupidité des hommes et l'inconséquence de leurs actes.

Une fois qu'elle eut fait deux ou trois étirements, qui lui confirmèrent qu'elle allait bien et qu'elle n'avait aucune douleur suspecte nulle part, elle prit la direction de sa salle de bain pour se doucher. Son objectif était d'aller au travail et de réfléchir sérieusement à l'avenir.

Bien sûr, la conversation avec sa mère concernant son accident tournait en tache de fond, mais rien de trop perturbant. Elle avait eu une explication. Elle savait maintenant pourquoi elle savait nager, mais était tétanisée à l'idée d'être immergée dans l'eau. En temps voulu, il faudrait qu'elle réfléchisse à comment y remédier. Pour le moment, elle avait bien d'autres priorités comme : prendre des nouvelles de Klaus, récupérer son téléphone, demander des comptes à son patron, ou envisager de changer de job.

Lorsqu'elle pénétra dans son salon, elle sentit immédiatement que quelque chose avait changé dans la pièce. Elle pivota sur elle-même, embrassa la pièce d'un regard, ce qui n'était pas bien difficile vue sa taille. C'était sûr, quelque chose n'allait pas. Tout était rangé, propre. L'ensemble aurait même pu être proposé pour un magazine de déco, si on avait un peu d'imagination et que le dossier spécial concernait des salon-bureau de gamer.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as des vertiges ? demanda une voix reconnaissable entre toutes.

— Maman ? Mais qu'est-ce que tu fais encore là ?

— Tu croyais que j'allais disparaître après ce qui vient de t'arriver ? Allons, Lupita ! Quelle mère ferait ça !

— Bon, de toute façon, tu ne vas pas rester là toute seule alors que je vais travailler. Tu peux reprendre ta vie où elle en était, maman. Je vais bien. Tu peux y aller, dit Lupita distraitement en cherchant des yeux son chien.

— Pas question que tu ailles travailler ! J'ai moi-même envoyé un message à ce Monsieur Park dont j'ai trouvé le numéro sur un document qui traînait sur le bureau. D'ailleurs, Lupita, il me semble que je t'ai appris la notion de rangement important. Tu ne devrais pas laisser des informations de ce genre n'importe où. Bref, je lui dis que tu ne viendrais pas aujourd'hui. Tu dois te reposer.

— Tu as fait quoi ?! s'exclama Lupita avec une incrédulité proche de la colère et de l'incompréhension.

— Tu as suffisamment donné de ta personne pour cette société pour que l'on t'accorde une journée de repos sans rechigner, Lupita !

Fort heureusement pour Mercedes, un jappement derrière la porte d'entrée coupa court à la discussion, car la jeune femme était sur le point d'exploser. Elle avait déménagé de chez sa mère pour lui échapper, et voilà que cette dernière s'immisçait dans son existence sous prétexte qu'elle l'avait protégé toute sa vie et qu'elle voulait continuer, comme s'il s'agissait d'une mission divine ! Lupita n'allait pas pouvoir la supporter très longtemps.