Au delà du pouvoir [Tome 1]

Chapitre 1: une nouvelle vie

Je serrais la lanière de mon sac de toile contre mon épaule, le cœur battant à tout rompre alors que je franchissais les immenses portes du palais royal. Jamais je n'avais vu un bâtiment aussi grand et imposant. Les tours semblaient toucher le ciel, et les pierres blanches brillaient sous les derniers rayons du soleil. J'étais à la fois fascinée et terrifiée.

J'avais quitté mon village à l'aube, le sac chargé de mes maigres possessions et le ventre noué par l'appréhension. Margia, la vieille servante que je remplaçais, m'avait beaucoup parlé du palais. Mais aucune description n'aurait pu me préparer à l'éclat et à la grandeur de cet endroit.

Un domestique m'accueillit dès mon arrivée et m'escorta jusqu'à une grande salle où, à ma grande surprise, le roi et la reine m'attendaient. Mon souffle se coupa en les voyant.

Le roi, vêtu d'une cape bleu nuit, se tenait droit, ses yeux perçants fixés sur moi. Il avait une allure imposante, presque intimidante. À ses côtés, la reine, sublime et gracieuse dans une robe ornée de pierres lumineuses, me regardait avec une expression plus douce, mais tout aussi pénétrante.

— Lys, c'est bien cela ? demanda le roi d'une voix grave.
— Oui, Votre Majesté, murmurai-je en baissant les yeux.
— Sois la bienvenue au palais, ajouta la reine avec un léger sourire. Nous espérons que tu sauras te montrer à la hauteur des responsabilités qui t'attendent.

J'inclinai la tête, le souffle court. Je savais que j'avais beaucoup à prouver.

— Suis-nous, dit le roi en se levant. Nous allons te montrer où tu seras logée.

Je les suivis à travers des couloirs interminables. Les tapis sous mes pieds étouffaient le bruit de mes pas, et les murs étaient ornés de fresques magiques qui semblaient presque prendre vie. Chaque détail témoignait de la richesse et de la puissance de ce lieu.

Ils s'arrêtèrent finalement devant une petite porte en bois. La reine l'ouvrit d'un geste élégant et me fit signe d'entrer.

— Voici ta chambre, dit-elle.

J'avançai timidement. La pièce était modeste mais bien plus confortable que ce à quoi je m'attendais : un lit étroit mais propre, une armoire simple, et une petite table près d'une fenêtre qui laissait entrer la lumière du jour.

— Pose tes affaires ici, ajouta le roi. Nous allons ensuite te conduire au quartier des servantes.

J'obéis en silence, déposant mon sac sur le lit. Mon cœur battait toujours aussi vite, partagé entre le soulagement d'avoir un espace à moi et l'angoisse de ce qui m'attendait.

Après un instant, nous repartîmes dans les couloirs. Cette fois, ils me conduisirent dans une aile plus animée et bien moins luxueuse. Nous nous arrêtâmes devant une porte massive en bois.

— À partir d'ici, ce sont les quartiers des servantes, expliqua la reine. Les autres servantes et les gardes t'expliqueront tout ce que tu dois savoir et te feront visiter le palais. Familiarise-toi avec cet endroit.

Ils n'attendirent pas ma réponse. Le roi et la reine échangèrent un regard, puis ils tournèrent les talons et s'éloignèrent. Je restai là, seule devant la porte, un peu déconcertée.

Prenant une profonde inspiration, j'ouvris la porte. Une chaleur inattendue m'accueillit, ainsi que les regards curieux d'un groupe de femmes en tabliers. L'une d'elles, une femme robuste avec des cheveux grisonnants attachés en chignon, s'avança vers moi avec un sourire chaleureux.

— Tu dois être Lys, dit-elle d'une voix forte mais amicale. Bienvenue parmi nous. Je m'appelle Marla. Viens, je vais te montrer comment les choses fonctionnent ici.

Je suivis Marla à travers un dédale de couloirs étroits et de petites salles remplies d'activité. Tout me semblait si vivant, si différent du silence solennel du reste du palais.

— Ici, c'est la réserve, dit-elle en désignant une pièce pleine d'ustensiles de nettoyage et de produits en tout genre. Si tu cherches quelque chose, c'est ici que tu le trouveras.

Elle me montra ensuite la cuisine, immense et bouillonnante de vie. L'odeur des plats en préparation emplit mes narines, me rappelant à quel point j'avais faim.

— On te mettra parfois à la cuisine, surtout lors des grandes fêtes, poursuivit Marla. Mais tu auras tout le temps d'apprendre.

Elle me conduisit ensuite dans la salle des gardes, où je remarquai plusieurs hommes en uniforme. Certains me jetèrent des regards indifférents, d'autres me sourirent.

— Méfie-toi de ceux qui sourient trop, me glissa Marla avec un clin d'œil.

Je souris timidement en hochant la tête. Tout semblait nouveau, presque accablant, mais Marla avait une façon de me mettre à l'aise.

Nous terminâmes la visite devant une porte massive.

— Au-delà, ce sont les chambres royales et la grande salle, m'expliqua-t-elle. Tu n'y vas jamais seule, compris ? Toujours avec autorisation ou escortée.

Je hochai la tête, bien consciente des limites que je ne devais pas franchir.

Quand nous retournâmes dans la salle commune, les autres servantes commencèrent à me parler des règles du palais, des tâches, et même des ragots. J'écoutais, mais mon esprit était ailleurs. Tout semblait si grand, si intimidant.

Je ne savais pas encore que quelque part, dans ces immenses couloirs, se trouvait le prince Kael, celui dont elles parlaient en chuchotant. Un jeune homme mystérieux et charismatique que je n'avais pas encore rencontré.

Ce soir-là, je m'endormis dans ma petite chambre, la tête remplie de questions, sans me douter que ma vie venait de prendre un tournant irréversible.