Bloody Dream ~ Tome 2 ~ La renaissance

Chapitre 3

Durant trois jours, Sély resta plongée dans un sommeil profond, sans rêve ni cauchemar. Le néant. En se réveillant, elle constata que toutes ses douleurs n'étaient plus qu'un lointain souvenir. Sa mâchoire ne craquait plus, son nez n'était plus gonflé, ni tuméfié et ses égratignures avaient fini par disparaître. Seuls ses poignets et sa cuisse n'avaient pas complètement guéris. Là où elle avait été brûlée, sa peau était encore brune et gonflée. Ce n'était pas une surprise. Son corps avait du mal à faire disparaître les brûlures. Lorsqu'elle ne prenait pas le temps de se reposer, elle pouvait garder des stigmates durant des semaines. C'était bien connu que les Vampire étaient sensibles au feu malgré leur immortalité, et elle ne faisait pas exception à la règle.

En s'asseyant au bord du lit, elle découvrit quatre poches de sang sur le bureau. Sentant la faim lui tordre l'estomac, elle se jeta dessus. Rien qu'à l'odeur, elle savait que le sang contenu dans ces poches était celui de Vampire. Sans plus attendre, elle planta ses crocs dans la première et la vida d'une traite, puis elle fit de même avec les trois autres. Quel plaisir de se délecter d'un sang d'une telle qualité !

Alors qu'elle calmait lentement son rythme de déglutition, Sély remarqua une pile de vêtements soigneusement pliés sur la chaise du bureau. Un pantalon de jogging, des sous-vêtements de sport et un tee-shirt noir à manches longues. Elle n'avait plus l'habitude de porter ce style de vêtement. Pour mener à bien ses missions, elle devait enfiler des jeans moulants ou des robes courtes afin de piéger la cible dans sa toile.

En ces circonstances, elle était enchantée de pouvoir porter une tenue décontractée. Elle s'habilla, rassurée de pouvoir cacher ses bras avec le haut à manche longue, et pieds nus, elle sortit de son ancienne chambre. À peine eut-elle passé le pas de la porte qu'elle vit une jeune femme apparaître à l'autre bout du couloir, vêtue d'une robe en jean délavé et de Converses jaune citron aussi immanquables que la poche de sang qu'elle tenait entre ses doigts manucurés.

— Comment se porte notre Belle au bois dormant ? lui demanda cette dernière en lui tendant la poche.

L'espace d'un instant, Sély eut du mal à reconnaître cette beauté dont les cheveux avait changé de couleur depuis leur dernière rencontre. Désormais d'un roux flamboyant, ils avaient poussé jusqu'au milieu de son dos. Par chance, la mémoire lui revint en détaillant ce doux visage en forme de cœur, ce petit nez en trompette et surtout ce regard noisette toujours aussi pétillant qu'auparavant.

— Lélie !

La rouquine lui adressa un sourire rayonnant en écartant les bras pour l'accueillir. Sély n'hésita pas une seule seconde à se pendre au cou de la Française dans un cri de joie. Lélie était en vie ! Il y avait eu tellement de victimes à cause de la guerre qu'elle tremblait en pensant à tous ses amis dont elle n'avait pas eu de nouvelles au cours de ces derniers mois.

— C'est toi qui m'as apporté ces poches de sang ?

— Il n'y a pas beaucoup de monde ici qui est au courant de ce que tu es. Quand j'ai su que tu étais blessée, je me suis dit que tu en aurais sûrement besoin. Tiens, j'ai pris une paille pour celle-là, je n'y avais pas pensé pour les autres.

Sély la remercia d'un sourire reconnaissant tout en plantant la paille dans la poche, avant d'aspirer le liquide écarlate et d'en déguster chaque gorgée.

— Ça a l'air délicieux, ironisa Lélie d'un air dégoûté.

— C'est la seule chose qui a encore du goût, lui expliqua Sély en ouvrant la porte de sa chambre pour lancer la poche vide dans la poubelle.

— Alors, dis-moi tout. Qu'est-ce que tu as fait au cours de ce long voyage ? J'espère que tu as des choses croustillantes à me raconter !

— Oh, pas vraiment... J'ai fait le tour du monde avec mon frère. C'était sympas, surtout qu'on avait pas mal de temps à rattraper.