Chapitre 2

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Trois jours sont passés depuis qu'Akutagawa a fait cette rencontre des plus loufoques avec un inconnu dont il n'a pas même eu le courage de lui demander le nom.
Il regrettait amèrement de s'être enfui comme un lâche.
Mais il fallait encore que celui-ci assume, au fond de lui, que depuis ces derniers jours, il n'avait toujours pas trouvé le sommeil à cause de celui-ci. Cette rencontre était en proie à toutes ses pensées mais plus spécifiquement cet homme, ce gamin.

Difficile de croire qu'un des hommes les plus recherché de toute la pègre ne puisse dormir en raison d'un inconnu qu'il n'a vu qu'une dizaine de minutes.
Et pourtant...

Tous ces collègues de la mafia avait pu constater ces trois derniers jours qu'il n'était plus en capacité d'avoir les idées claires.
Même le parrain de la mafia l'avait remarqué à son inefficacité en mission. Ou encore aux cernes noirs qui le trompait honteusement. Akutagawa s'était retrouvé plusieurs fois dans une position, où il pouvait voir les visages inquiets de ceux-ci, en répétant la même phrase, les mêmes mots : "je vais bien".
Car tout le monde savait que ce n'était qu'un grossier mensonge.
Et si le parrain avait pris la sage décision de donner à celui-ci un congé prémédité pendant le quatrième jour, Ryūnosuke lui-même devait se résigner et se reposer comme lui avait conseillé ses "amis-collègues".

Il était donc à son appartement, comme il lui avait été consigné.
Ce n'était sans compter le fait qu'il s'ennuyait terriblement. Le bicolore n'était pas du genre à sortir en boîte de nuit le soir ou d'aller faire les magasins en journée, lors de son temps libre - ou encore quand le parrain lui donnait des jours de congés, rare étaient-ils.

Après tout, à la mafia, il n'avait que peu fréquemment des missions qui lui permettait de "s'amuser" réellement et chez lui, il était toujours victime du même problème.

Mais voilà que dans son lit, à seize heure trente-huit précisément, il lui vint en tête une idée totalement dépourvue de sens pour toute personne dotée de suffisamment d'intelligence.
Pourtant, pour Akutagawa, cela semblait l'idée la plus réfléchie et la plus logique du monde.

Tout ce qu'il avait à faire, était de trouver un jeune homme, dont il avait seulement le visage en mémoire, sans pouvoir demander à personne s'il le connaissait, dans tout Yokohama si ne serait-ce tout Tokyo.

Simple.

C'est donc avec cette idée saugrenue, qu'Akutagawa, sans inquiétude, se leva de son lit, et décida de faire quelque chose en dehors de son travail.

Ce ne serait que trop peu inquiétant si dans les prochaines minutes, un torrent s'abatterait sur cette ville...

Il prit donc son manteau, son cellulaire et son porte clé qu'il mit tout deux dans la poche de celui-ci, qu'il quitta son appartement.

Mais c'est en franchissant la porte, qu'il reprit ses esprits et se rendit compte de l'absurdité de la chose.

Comment pouvait-il retrouver cette personne avec aussi peu d'informations?
C'était insensé. Et ce fût le noiraud, le plus étonné de ses propres actes.

Pourtant, plus il réfléchissait, plus il retomba malencontreusement dans ce même cercle vicieux qu'il l'avait emporter quelques minutes plus tôt.

Au point il en était, Akutagawa se disait tout simplement qu'il n'avait rien a perdre.

Il continua donc dans sa lancée et referma la porte d'entrée de son appartement.
Toutes ces petites voix intérieures qui lui parlaient, s'émmellaient comme une pelote de laine.

Et le seul fil qui n'était pas mélangé aux autres lui disait de chercher des informations au sujet de cette personne...
Si on lui avait dit, à peine cinq jours plus tôt, qu'il allait être aussi perturbé, par un petit homme, dont il ne connaissait pas même le nom, il aurait probablement rit aux éclats.

Et si...(Shin Soukoku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant