Deux enfants semblent mener une existence plus au moins ordinaire. L'un vit en région parisienne, l'autre à l'île de la Réunion. Il s'appelle Émile, il a 8 ans, elle s'appelle Mélodie et elle a le même âge. L'un est issu d'une famille modeste et l'a...
⚠️T.W. Harcèlement scolaire - propos blessants -intimidation - dans ce chapitre⚠️
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Si en banlieue parisienne l'amour et la complicité animaient ce petit fragment de famille, ce foyer brisé par le deuil et la nécessité, dans le calme petit village de Bois de Nèfles à l'île de la Réunion, chez les Honorine où à l'inverse les gens vivaient dans le luxe et le confort, la vie de la petite Mélodie n'était pas plus rose que celle d'Émile.
C'était un matin de juin, il faisait frais dans le quartier, et comme presque toutes les matinées, monsieur et madame Honorine s'étaient levés tôt pour se rendre à leur travail. Jasmine à son salon de coiffure à Saint Denis, et Hector à son cabinet de généraliste au Port.
Chaudement emmaillotés dans des gilets et des pulls de laine, leurs trois enfants Théodore, Hélène et Mélodie venaient à l'instant de quitter ensemble leur domicile familial, parés pour une nouvelle journée scolaire.
Mais ils n'étaient pas seuls : la domestique madame Deveaux – entre autres Mimose –les accompagnait à pieds comme elle le faisait à l'accoutumée chaque matin. Mimose était une femme de la quarantaine d'années environ, grassouillette et joviale. Sa peau était noire, ses cheveux crépus lui retombaient jusqu'à la nuque, tandis que ses yeux étaient d'un noir d'encre. La femme qui, en plus d'être poudrée et maquillée, était relativement coquette dans un pantalon blanc et un t-shirt turquoise. Paraissant avoir la joie de vivre, elle marchait d'un pas tranquille et décontracté vers l'école en tenant les mains d'Hélène et de Mélodie. Le fier petit Théodore, légèrement à l'écart, marchait à leurs côtés en suivant d'une oreille peu intéressée la causette qui enflammait le trio féminin.
À vrai dire, une seule personne animait vraiment la conversation, et c'était Mélodie. Avec une passion folle, elle racontait à la domestique son attachement profond pour Tintin, son héros de bande dessinée préférée.
Si ce sujet de conversation agaçait Théodore, s'il laissait Hélène plutôt neutre et discrète, il indifférait Mimose. Cependant, contrairement à Jasmine, la dame tâchait de faire bonne figure devant la petite Mélodie par crainte de la contrarier, car elle savait la petite fille très fragile et très émotive. Elle devait donc se garder de la moindre parole de travers.
Dans une robe rouge et un paletot blanc, coiffée de deux longues tresses, la tintinophile narrait avec enthousiasme :
_ « Moi j'aime trop Tintin, tu sais, Mimi ? Parce que lui il est trop gentil ! »
_ « Ah bon ? C'est normal, ma puce, les héros sont toujours très gentils, voyons ! » Gloussa la gouvernante, amusée.
_ « Et toi ? Ben est-ce que tu aimes Tintin, toi ? » Lui demanda Mélodie, curieuse.
_ « Euh... oui, oui, je l'aime bien. » Hésita la bonne, embarrassée.
Devant l'embrouillement de madame Deveaux, Théodore ne put s'empêcher de ricaner tout bas. La femme le regarda et, lui glissant un petit sourire gêné, elle lui murmura :
