goodbye

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03:21

Je sors du lit et me dirige vers les toilettes. J'allume toutes les lumières qui sont sur mon chemin. Je regarde chaque recoins de l'appartement.

C'était la personne dont j'avais le plus peur, parfois elle ne le faisait même pas exprès, mais c'était aussi la personne qui me faisait le plus sourire, qui me rendait le plus heureux.

Grâce à elle j'ai la carrière que j'ai aujourd'hui, grâce à elle je vis comme je vis aujourd'hui.

Je tire la chasse et éteint toutes les lumières alors que je retournais dans sa chambre.

Sa chambre pleine de souvenirs, de photos, de chaussures et de vêtements. Sa chambre qui me parait si vide sans sa présence a l'intérieur.

Je rigole en pensant à sa réaction si elle me voyait dans sa chambre, dans son lit.
Elle insulterai tout mon arbre généalogique, en prenant soin de ne pas toucher à mon côté maternelle.

Je prend mon téléphone en main et aperçois son gros sourire sur mon écran. Je souris automatiquement, comme à chaque fois que je vois son visage.

Je n'ai pas versé une larme pour elle. La seule chose que j'ai versé c'est de l'eau. Sa boisson préférée. Sur le pas de sa porte.

J'ai pas pleuré, pas même quand je l'ai entendue. Elle ne m'a jamais fait pleuré et elle m'a fait juré de ne jamais le faire pour elle.

Comme si je voulais briser cette promesse et me faire du mal, j'ouvre cette note scellée qui a su en faire pleurer plus d'un, mais toujours pas moi.

"Je me souviens de notre rencontre comme si c'était hier.

Je me souviens encore du goût du gâteau que nous avions partagé.

Je me souviens encore de ton visage plein de marques alors que tu me défendais.

Je me souviens des repas qu'on partageait, de ta bonté et de ta gentillesse.

Je me souviens de toi Luam.

Je me souviens de toi comme de celle qui a prit des coups pour moi. De celle qui pendant près de 10 ans a partagé tout ses repas avec moi, de celle qui m'a apporté une boîte remplie de gels douche quand elle a appris que je me lavais avec du liquide vaisselle.

Je me souviens de toi comme de celle qui m'a brisé le coeur en premier. De toi comme de celle qui m'a appris ce qu'était l'amour.

Je me souviens de toi comme de celle qui a préféré changer de pays plutôt que de m'abandonner. Celle qui a toujours cru en moi, celle qui a volé des chiens pour moi, celle qui a mit sa vie en danger pour moi, celle qui m'a appris à rouler un joint, celle qui m'a appris à jouer au foot.

Je me souviens de toi comme de celle qui avait décidé de faire de ma vie un enfer, celle qui m'a appris à dormir d'une oreille, celle qui m'a appris qu'il n'y a rien de mieux que la peur pour éveiller tout mes sens dont celui de l'orientation mais pas de l'humour.

On a, je pense, tous étés victime de Luam. Je me souviens de toi comme de tes pranks farfelus pour me faire peur à m'en pisser dessus.

Je me souviens de toi comme de la première à qui je faisais écouter chacun de mes sons, de celle qui m'a trouvé mon nom de scène, de celle qui m'a permis d'être là où je suis aujourd'hui.

Je me souviens de toi comme de celle pour qui j'ai dépensé mon premier gros salaire.

Je me souviens de tes talents de maquillage, de tes talents de menteuse. Je me souviens ne pas avoir trouvé ça bizarre malgré les nombreux appels de phares.

Je me souviens t'avoir délaissé, avoir arrêté de répondre à tes appels, de ne plus avoir eu de temps pour toi, de ne plus prendre de tes nouvelles, de ne pas chercher à en savoir plus.

Je me souviens être trop occupé pour tenir une vraie discussion avec toi, de te rembarrer à chaque fois que tu me prévenais ce qui retombais toujours sur toi.

Je me souviens Luam. Je me souviens de toutes les fois où j'ai été odieux avec toi.

Je ne me souviens pas t'avoir entendue te plaindre de mon comportement. Je ne me souviens pas t'avoir vu t'éloigner de moi.

Je me souviendrai toujours de tes cris, ces cris qui hantent mes pensées. Je me souviendrai toujours de tes pleurs, de ta douleur, de ton désespoir.

Je me souviendrai toujours de ta voix et de tes derniers souffles. De ton "je t'aime" et de ton "pardonne moi".

Je me souviendrai toujours m'avoir demandé si je t'aimais, si j'avais assez de vie en moi pour vivre pour nous deux. Si j'avais eu assez peur dans ma vie pour vivre sans toi.

Je me souviendrai toujours de notre promesse, promesse que je n'ai pas su tenir. "We are only a call away from each other".

Je me souviens de toi comme de celle qui m'a donné le courage d'abandonner ma carrière d'artiste pour me consacrer à des études de droit pour te rendre justice.

Je me souviens de toi comme de mon ange gardien.

Je t'aime Luam,

Oakley"

C'est la lettre que je lui ai écrite pour son enterrement. Lettre que j'ai passé plus de deux jours à écrire et qui ne reflète ni notre histoire, ni mon amour pour elle, ni ma tristesse.

Et sans m'en rendre compte, un cri sorti de mon corps, un cri enfoui depuis si longtemps. S'y mêlent des larmes, des larmes que je meurs d'envie d'arriver.

Je cris, je pleure. Je suis énervée, triste, désespéré, malade, fatigué.

J'ai perdu ma meilleure amie Luam il y a deux mois.

Elle sortait avec mon meilleur ami, Kalel. J'aurai dû remarquer les traces sur son visage et sur son corps.

Elle a eu le courage, dès qu'il a levé la main sur elle la première fois, de venir m'en parler. J'ai eu la pire réaction possible. Je ne l'ai pas cru. Je le connaissais depuis près de 20 ans, nos mères sont amies.

Je n'ai pas cherché à en savoir plus, chaque fois qu'elle m'en parlait j'allais voir Kalel qui me trouvait une excuse qui me paraissait plus plausible que ce que me disait Luam.

Je l'ai ignoré et j'ai empiré sa situation. Je m'en veux et j'aimerai tellement qu'elle le sache. Je l'aime et j'aimerai tellement qu'elle le sache.

J'essuie mes larmes et me calme.

Je m'allonge les yeux vers le plafond recouvert d'étoiles lumineuses.

Je pense à ces derniers mois et aux mauvaises décisions que j'ai prises. Je pense à cette dernière nuit et à ce qui se passera demain.

Aujourd'hui je passe ma dernière nuit dans son appartement avant de me rendre à la police.

J'ai tué Kalel de la même manière qu'il a tué Luam.

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𝐎𝐍𝐄 𝐂𝐀𝐋𝐋 𝐀𝐖𝐀𝐘, central cee Où les histoires vivent. Découvrez maintenant