Ainsi, Nalira prit l'habitude de rejoindre Lyra dans la clairière au début de l'après-midi, une heure à peine, peu avant sa leçon avec Madame Eladari. Elles avaient rapidement trouvé un sujet qui les passionnait toutes les deux : la littérature. Lyra amenait toujours un roman avec elle et prenait plaisir à en lire quelques lignes à voix haute, tandis que Nalira se blottissait confortablement, la tête posée sur les genoux de sa nouvelle amie.
Ce rendez-vous représentait pour elles un refuge, loin de l'animation qui régnait au domaine.Cependant, au fil des jours, le travail de Lyra devint de plus en plus exigeant en prévision du départ imminent du Comte et de la Comtesse mère, pour la résidence des Leuridan. Le temps consacré à ces moments de lecture s'amenuisa progressivement, au grand dam de Nalira. Lyra, consciente de la déception de la petite fille, tentait de la réconforter du mieux qu'elle le pouvait.
« Encore quelques jours et nous pourrons reprendre notre rythme habituel Mademoiselle. Je vous le promets.
La mine contrariée de la jeune enfant se détendit peu à peu.
- Vous savez, je suis triste que mon oncle parte pendant ces quelques jours, mais j'ai hâte de rencontrer Mademoiselle Elvoria ! avoua Nalira, une lueur d'excitation dans le regard.
Elle marqua une pause avant d'ajouter :
- J'espère qu'elle sera gentille avec moi...
- Elle ne pourra que vous appréciez lorsqu'elle apprendra à vous connaître, répondit Lyra avec chaleur.
Nalira sourit en entendant ces paroles réconfortantes, mais semblait plongée dans ses pensées.
- Le plus important c'est que mon oncle connaisse le véritable amour.
Intriguée, Lyra demanda :
- Le véritable amour ?
- Oui, répondit Nalira avec un éclat d'émotion dans la voix, dans le dernier livre que j'ai lu, lorsque les deux héros se rencontrent pour la première fois, ils savent tout de suite qu'il s'agit du véritable amour, c'est une évidence pour eux qu'ils incarnent les fragments d'un même coeur. Ils se complètent et se rendent compte que toute leur vie, ils n'ont fait que de se chercher. J'ai pleuré en lisant ce passage, je rêve de vivre cela un jour, cela doit être si merveilleux.
Lyra avait lu de nombreux ouvrages relatant des histoires d'amour entre deux personnages, souvent heureuses parfois douloureuses, elle s'était toujours demandé ce qu'il en était dans le monde réel. Au plus profond d'elle, l'espoir persistait qu'une dimension authentique existait dans les pages des livres. Elle répondit avec douceur :
- C'est une belle métaphore Mademoiselle et je suis sûr qu'un tel amour existe.
- Comme j'aurais aimé assister à leurs fiançailles ! Je vais devoir attendre qu'ils reviennent tous les deux pour savoir si leur amour est véritable !
- Comment comptez-vous vérifier cela Mademoiselle ? demanda Lyra, curieuse.
- Je le verrai dans leur regard, une toute petite lueur au coin des yeux. »
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Madame Ordonon était encore plus exigeante que d'ordinaire, Lyra s'appliquait à donner le meilleur d'elle-même et échappa aux remarques autoritaires de l'intendante. La veille du grand départ, cette dernière se posta face à la jeune femme :
« Voici une requête qui vient directement de la Comtesse mère, annonça-t-elle, tendant un bout de papier plié à Lyra. Elle souhaite apporter des fleurs des jardins du domaine aux Leuridan. Les variétés sont toutes indiquées ici. Vous irez remettre cette liste aux jardiniers et les aiderez à tout rassembler avant demain. »
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Le Chant De La Pluie
Historical FictionUne tasse de thé, de la musique classique dans les oreilles : vous voilà prêt à lire « Le Chant de la pluie ». Alors qu'elle est sur le point de réaliser son rêve de devenir préceptrice, une aspiration transmise par son père Sylvan, Lyra est cont...