Chapitre 11 :

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Des larmes coulent le long de mes joues, l'eau chaude me brûle la peau, les souvenirs d'hier soir défilent dans ma tête quand je ferme les yeux. Je me sens sale, je repense aux mains de Luis sur mes épaules qui me serraient fort.

En me regardant dans le miroir, j'ai remarqué des marques rouges sur mes épaules, ma peau réagit très vite quand on la touche. Puis j'ai retiré le t-shirt de Sofiane, juste en-dessous, je portais la robe que j'avais mise hier soir. Ces deux détails ont fait ressurgir les souvenirs que j'avais oublié grâce à la drogue, et je comprends mieux pourquoi Sofiane ne voulait pas m'en parler. Je me souviens encore de sa langue qui s'efforçait à entrer dans ma bouche, je me suis frotté les lèvres avec le savon, je ne veux plus avoir la sensation de ses mains et lèvres sur moi. Je ne m'arrête plus de pleurer, je ne me suis jamais sentie aussi sale de toute ma vie. J'ai beau me frotter la peau et les lèvres avec du savon, jusqu'à en avoir mal, rien y fait : mon corps est sale, ses mains ont laissées des traces sur mon corps qui ne partiront peut-être jamais.

Je finis par finir ma douche, me rendant compte que le sentiment de dégoût ne partira jamais même si je me lave une centaine de fois.

J'enfile les habits que m'a prêté Amira, je me regarde dans le miroir et je remarque que mon corps se noie dans les habits. Par curiosité, je regarde la taille des habits : elle porte du S, tout comme moi. Pourtant, le jogging noir est un peu trop grand pour moi, ce qui m'étonne énormément puisque le S est habituellement ma taille. Je relève la tête et soulève le t-shirt pour regarder mon ventre : mes côtes ressortent légèrement, mon ventre est plat, même un peu trop. J'ai la peau sur les os, je soupire rien qu'en pensant aux remarques que mon père va me faire en voyant mon pauvre corps.

J'essaie de chasser ces inquiétudes de ma tête, je me brosse les cheveux avec la brosse à Amira. Et par précaution, juste avant de sortir, je vérifie mes yeux : c'est bon, on ne verra pas que j'ai pleuré. Je sors de la salle de bain est me dirige dans la chambre de Sofiane, sa porte est fermée, je prends une grande respiration avant de toquer.

Ce dernier vient m'ouvrir, il me jauge de sa hauteur, ses lunettes sur le nez. J'affronte son regard même si je suis terriblement gênée de venir le voir. Le silence s'est installé entre nous, il ne dit rien et après de longues secondes à me fixer, il me laisse entrer. Il s'assoit sur la chaise de son bureau et reprend son activité comme si je n'existais pas, ce qui me gêne terriblement. Je le fixe, à nouveau : il porte un jogging noir avec un t-shirt de la même couleur. Je regarde discrètement ce qu'il est en train de faire et je remarque un manuel de comptabilité ouvert sur son bureau, avec plusieurs autres documents à côté. Je m'approche de lui pour voir plus attentivement ce qu'il fait, intriguée, et il le remarque puisqu'il il soupire, retire ses lunettes rondes et les poses sur son bureau avant de tourner sur sa chaise pour me regarder.

- Qu'est-ce que tu me veux Yasmina ? soupire-t-il tout en me regardant avec exaspération.

Je m'immobilise, je ne sais même pas pourquoi je suis venu toquer à sa porte. Enfin si, une partie de ma conscience me hurle de dire à Sofiane que je me rappelle tout. Mais d'un autre côté, je n'ai pas envie de lui en parler, je n'ai pas envie qu'il me voit à nouveau pleurer, hier soir était largement humiliant. Et puis, il doit être encore vexé à propos de notre conversation, je comprends maintenant ce qu'il a essayé de me dire.

Il m'avertissait.

Je m'en veux, il a juste voulu me mettre en garde mais comme à mon habitude je n'en ai fait qu'à ma tête. J'ouvre la bouche mais rien n'en sort, je m'assoie alors sur son lit, dans lequel j'ai très bien dormis. Je regarde dans le vide de longues minutes cherchant quoi lui dire, je sens son regard peser sur moi, je l'entends se lever avant de s'installer à côté de moi. Sans réfléchir, je lui sors la première chose qui me vient en tête.

Éphémère EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant