Angie
Sur le chemin, le doyen Neil essaye de trouver les mots. Il tente de m'expliquer les causes de la thérapie qu'on nous inflige, à moi et aux autres, au même titre qu'il espère puiser le moyen de me convaincre. Je reste muette, pour ma part. Parce que le terme psychologie, sous toutes ses formes, déclenche en moi quelque chose que je ne maitrise pas. Ça m'agresse le cerveau, brûle ma cage thoracique et hante mon âme.
Ça ressasse mon passé.
Celui qui me rappelle sans cesse que je n'ai pas grandi dans ce qu'on pourrait qualifier de normalité. Qu'on ne m'a pas légué une vie paisible ni doté du sentiment inconditionnel de réconfort, jamais. J'ai assisté à beaucoup de disputes, dans mon quotidien d'enfant. J'ai ramassé des tas de verre brisé, et tenté d'oublier les nombreuses larmes qui coulaient sur tous les visages qui m'entouraient. J'ai baigné dans la solitude d'une famille déchirée ; par la tromperie, la dépression, puis la mort.
Celle d'une famille, qui avait pourtant tout à perdre.
Je ne fais plus confiance, désormais. Même si j'essaye très fort, certaines fois, je n'y arrive jamais complètement. Parce que j'ai été trahie, moi aussi, puis abandonnée. Alors, délier ma langue devant une psychologue sous prétexte qu'une camarade a disparu, je trouve cela moyen.
« J'ai survécu à pire, soyez-en-sûr. »
C'est mot pour mot ce que je lance à Monsieur Neil, lorsqu'on s'arrête devant la porte du bureau de la psychologue de Trinity High School, transformé pour l'occasion en cellule de crise et de soutien.
— N'hésitez pas à vous ouvrir, me dit-il avant de s'en aller.
Je pince les lèvres, la main sur la poignée. Comment faire pour se déballer quand la vie entière nous a toujours obligés à se refermer ? Quand pour survivre à ce monde, j'ai dû apprendre à taire mes émotions ? Je n'ai pas le temps de répondre à mes propres questions que la pièce s'ouvre devant moi.
— Angèle, je suppose ?
— Angie.
Une jeune femme, blonde, la trentaine, jupe courte et lunettes carrées, agrandit l'orifice devant moi. Je n'ai jamais eu affaire à la psy de la fac, mais je me rends compte que cette fois, je n'ai plus le choix.
— Entre, je t'en prie.
Je pénètre dans la petite salle et examine ses alentours. En effet, rien ne semble dangereux, ici. Mais pour autant, je ne m'y sens pourtant pas à l'aise.
— Tu peux t'asseoir là, si tu le souhaites. Nous allons commencer.
Je ne le veux pas, mais je m'exécute tout de même. En silence, juste pour obtempérer avec la sagesse bien abritée dont je fais preuve.
VOUS LISEZ
SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)
RomanceOù est Olivia ? C'est la question que tout le monde se pose depuis qu'elle a disparu. Angie en est certaine, cette disparition cache bien des secrets. Mais si elle s'efforce de rester en dehors de ça, ce n'est pas le cas de Syke, qui est bien déci...