05 : Breathe Me.

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Sophia.

De nouveaux éclairs déchirent l'obscurité de la nuit au même moment que le grondement menaçant de l'orage retentit.

Mon regard suit les gouttes d'eau qui dévalent en cascade la grande fenêtre comme des larmes de tristesse.

Le vent, tel un souffle puissant s'engouffre dans les arbres faisant danser les feuilles ce qui créer une symphonie naturelle.

Et moi, je me demande pourquoi Black n'a pas répondu à ma lettre.

Je ne comprends pas pourquoi ça m'attriste autant. À vrai dire, c'était le seul à qui j'ai tout raconté, et le seul qui m'a réellement compris.

Alors oui, ça m'attriste vraiment.

Mes doigts frôlent les touches du piano avec incertitude, arrachant quelques notes graves ou aiguës,  ça fait longtemps que je n'ai pas joué, la dernière fois c'est maman qui m'accompagnait.

On jouait cette musique dont j'ai oublié le nom, je me rappelle de cette mélodie emprunt d'une mélancolie et d'une tristesse qui se reflétait sur le visage de ma mère. Le lendemain, elle m'abandonnait.

Aujourd'hui je comprends mieux.

J'ai appris plus tard par mon père que ma mère souffrait de dépression sévère au moment où elle nous a abandonné, et malgré toute la douleur que son départ m'a infligé, j'ai du mal à lui en vouloir.

Elle avait besoin de partir pour mieux guérir, j'espère qu'aujourd'hui elle a trouvé la paix qu'elle cherchait.

Sans moi.

Je prends une profonde inspiration avant de jouer Breathe Me de Sia en lisant la partition devant mes yeux.

C'est ma chanson préférée, le genre de mots qui décrivent les maux d'une âme en grande souffrance. Celle qui transforme la douleur en quelque chose de vivable et de beau.

Même si il n'y a rien de beau dans la dépression.

Mais une voix au fond de mes entrailles me susurre chaque jour de plonger plus encore dans cet océan de souffrance. J'ai finis par trouver ma maison en la dépression, parce que elle, elle n'est jamais partie.

C'est quand j'ai commencé à comprendre que je ne voulais pas m'en sortir que j'ai compris que quelque chose clochait chez moi.

Cette douleur me liait, me lie à quelque chose dont je ne veux pas me détacher.

La mélancolie qui se dégage du morceau m'apporte un certain réconfort dont je veux me défaire, j'aspire chacune des notes pour les ressortir encore plus belles, avec encore plus de ma personne.

Mes doigts continuent de pianoter sur les touches, je lève les yeux sur le grand miroir au moulage victorien posé au dessus du piano, et mon corps est prit d'un violent sursaut lorsque j'aperçois une grande silhouette adossé contre l'encadrement de la porte du grand salon.

La musique s'arrête net après que mes doigts aient déraillés sur les mauvaises touches.

Je me retourne, le cœur battant à tout rompre vers cet homme dont la stature dégage une confiance imperturbable.

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