Chapitre 11 : Retour assez calme

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Presque une semaine que l'accident a eu lieu. Une semaine que je ne suis pas allée travailler, ou même sortie de chez moi. Les heures s'écoulent, les jours s'enchainent sans que je ne réussisse à trouver l'auteur de mon agression. L'idée que ce n'était qu'un simple hasard me parait inconcevable. Et pourtant, aucune de mes hypothèses ne tient la route. L'odeur de drogue ainsi que leurs pupilles dilatées vont dans le sens de la simple coïncidence. Et si, ce n'était que des toxicos défoncés qui s'en sont pris à la seule personne qu'ils ont vu sans aucune raison ? Mais je suis sûre de ne jamais les avoir vu dans ce quartier beaucoup trop calme, sans aucune action si ce n'est la femme au bout de la rue qui fait fuir son amant par la porte de derrière lorsque son mari rentre plus tôt du travail. Je refuse de croire que je n'étais qu'une victime au mauvais endroit, au mauvais moment.   

Mon téléphone vibre indiquant l'arrivée d'un nouveau message. Et comme tous les autres, celui-ci doit certainement provenir d'Ace. Mais cette fois-ci, à mon plus grand étonnement, je décide de l'ouvrir.  

"Tu ne pourras plus faire la morte bien longtemps."

Je ricane et laisse tomber mon téléphone sur le sol. Accroupie au pied de mon lit, je fixe le mur illuminé de temps à autre, par les éclairs. L'orage gronde dehors. Les rafales de vent font danser les arbres sous la pluie. Un poids semble alourdir ma poitrine : l'angoisse de l'orage. Comme une enfant, j'en ai peur. Mais avec le temps, j'ai appris à ne plus me cacher sous la couette. Le regard sur le mur, je pense. Demain, c'est le retour à ma vie. Je vais retrouver les courses, le monde et...Ace, surtout Ace. Et, je suis fatiguée d'avance de nos engueulades à répétition et de ses sauts d'humeur qui me donnent le tournis.   

Soudain, des coups martèlent ma fenêtre. Mon sang se glace dans mes veines. Mon cœur tambourine lorsque je bondis sur mes pieds, certaines que mes agresseurs sont revenus. Je ne discerne qu'une masse sombre derrière la vitre. Je suis prise de nausée lorsque la foudre illumine le ciel découpant sa silhouette dans la noirceur. Je glisse ma main dans le tiroir en regardant l'homme tambouriner la vitre.

— Je te vois Eyana.

Par-dessus le chaos extérieur de la pluie torrentielle qui inonde les routes, du vent qui déchaine les arbres et du grondement angoissant de l'orage qui perce le calme nocturne, je reconnais la voix d'Ace qui me fait pester. Je lâche l'arme comme si son métal m'avait brûlé et referme le tiroir. Je m'avance à grande enjambée et lui ouvre à la hâte. Le vent me fait frissonner lorsqu'il s'engouffre dans ma chambre. Je recule pour lui permettre de rentrer dans la pièce et il referme la porte-fenêtre dans son dos. L'atmosphère devient aussitôt pesante.

— Si les portes ont été inventées, ce n'est pas pour rien, je commence pour faire disparaitre mon malaise.

— Je n'étais pas sûre que tu allais m'ouvrir si je frappais à ta porte d'entrer.

— Ma mère l'aurait fait sans demander mon avis.

L'eau ruisselle sur le parquet. Ses vêtements ne ressemblent plus qu'à une éponge qui a imbibé toute l'eau de pluie. Il va attraper froid. Cette pensée me fait grimacer. Mes yeux alternent plusieurs dizaines de secondes entre lui et ma salle de bain avant de finalement trottiner vers cette dernière pour lui ramener une longue serviette. Il s'enroule dedans. Je rougie sous le poids de son regard qui examine ma tenue.

— Donné à un mendiant ?

— C'était si moche qu'il n'en voulait pas.

Il ricane. Mais cela ne dure que quelques instants car déjà ses yeux reprennent cet éclat d'abysse glacial. Je me gratte le bras de nervosité. L'atmosphère semble chargée d'une électricité qui m'est inconnu et que je ne pourrais décrire.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant