Chaque soir depuis trois semaines je me retrouvais aux côtés de Kays, il avait finit par me dire son nom lors d'une de nos soirées.
Il passait tout son temps en dehors du domaine et rentrait seulement en fin d'après midi.
Et c'est moi qu'il s'empressait de voir dès son retour.
Ce soir, comme chaque soir, je l'attendais, il me ramenait souvent un présent pour m'occuper la journée.
Surtout des livres, puisqu'il avait compris quelles étaient mes passions, évidemment il ne faisait jamais les choses à moitié et m'avait apporté de nombreuses fois le premier exemplaire des livres que je n'avais encore jamais lu ou dont je raffolais, aujourd'hui il devait me ramener Orgueil et préjugés de Jane Austen, un classique dont je ne pourrais jamais me lasser..
La grande porte du hall s'ouvrit puis je l'entendis se refermer lourdement. Je relevais la tête de ma lecture et je fixais la double porte ouverte depuis le canapé du salon.
Et comme si il savait où j'étais, il se dirigea vers la pièce dans laquelle je passais souvent mes journées, mais aujourd'hui, j'avais choisi de rester toute la soirée près du feu qui se mourait lentement afin de profiter des dernières braises avant de devoir prendre un bain à l'étage.
J'entendis ses pas résonner dans le silence de cette douce soirée d'hiver, puis il apparut dans l'encadrement de la double porte qui séparait le hall du salon.
Ses cheveux étaient mouillés et tombaient devant ses yeux, de fines gouttelettes d'eau perlaient sur ses mèches dorées jusqu'à entamer leur chute en direction du sol.
Il fixait ses chaussures en cuir marrons qui semblaient elles aussi trempées.
Je n'avais pas remarqué jusqu'à présent mais il pleuvait des cordes dehors et je pouvais apercevoir à travers la grande baie vitrée le jardin qui semblait beaucoup moins bucolique sous cette pluie torrentielle qui faisait voler les branches des arbres tel un balai de l'horreur. Pourtant j'aimais cette ambiance.
Mon regard se reposa à nouveau sur Kays qui passa sa main dans ses cheveux pour les repousser en arrière. Ses mains semblaient gelées et ses veines ressortaient d'autant plus qu'habituellement.
Il releva la tête tout en levant ses yeux dans ma direction, nos regards se croisèrent et je me sentis tout de suite oppressée.
Son regard était tellement froid avec ce bleu si glacial mais il était également si provocateur que je ne savais jamais comment l'interpréter ce qui me mettait particulièrement mal à l'aise.
Comme si je ne pouvais pas déchiffrer ce à quoi il pouvait bien penser, mais cela sembler lui plaire de me voir si perdue et perturbée puisqu'il finissait toujours par afficher un grand sourire en gardant ses lèvres pincées et en penchant doucement la tête vers la droite.
Cet air même, qu'il affichait en ce moment même.
Il fit basculer son corps vers le pan de mur à sa droite puis resta adossé à ce dernier un moment, ce qui me permit d'admirer sa chemise de couleur blanc cassé qui lui collait à la peau tant elle était humide, je pouvais voir les courbes de ses muscles se dessiner au travers le fin tissus devenu partiellement transparent.
Son pantalon en laine taupe avec de fines lignes verticales beige claires était à certains endroits taché par l'eau, mais restait tout de même parfaitement taillé, épousent à merveille ses longues jambes. Il tenait au bout de son bras gauche sa veste de tailleur qui allait avec son pantalon, pliée en deux.-Je t'ai apporté le livre que tu désirais, tu viens ?
Sur ses mots il se redressa et recula d'un pas pour disparaître de mon champs de vision.Je refermais mon livre et le laissais sur le canapé avant de traverser la pièce jusqu'à me retrouver dans le hall d'entrée.
Je le cherchais du regard dans l'espace avant de le voir monter les escaliers, mon livre à la main.
Je pris alors le même chemin que lui, montant les marches deux à deux pour parvenir à le suivre alors qu'il commençait à s'introduire dans le couloir de droite.
Il se stoppa en face de la porte de la salle de bain et me Jetta un coup d'œil pour voir si je le suivais toujours, puis entra dans la pièce.
J'avançais jusqu'à la porte de cette pièce puis je m'arrêtais face à cette dernière, pour réfléchir un instant à la raison pour laquelle il était entré dans cette salle.
Puis j'ouvris la porte, le cœur battant à tout rompre.
Ma peur me consumait mais ma curiosité m'animait.
C'est là où je le vis assis sur un fauteuil à côté de la baignoire dont l'eau chaude qui coulait dégageait une vapeur épaisse.
Il avait, sur ses genoux, l'un des plus beau exemplaire d'orgueil et Préjugés qu'il m'avait était donné de voir.
Instinctivement je refermais la porte derrière moi et m'avançais jusqu'à me trouver à sa hauteur.
Il leva la tête vers moi et je vis passer dans ses yeux une lueur que je n'avais jamais perçu jusqu'à maintenant, son regard semblait me supplier de lui accorder un moment spécial, comme si il me glorifiait et ne voulait que me voir ressentir la même chose que lui.
Je ressentis des milliers de frissons me parcourir le corps, je n'avais jamais vu un homme aussi effrayant, pouvoir être aussi vulnérable.
Il continua un moment à me fixer avant d'approcher ses doigts de la ceinture à ma taille qui maintenait ma robe de chambre en place.
Il bougeait doucement comme s'il cherchait dans mon regard mon désaccord, comme s'il ne voulait pas me blesser.
Puis il tira lentement sur le bout de tissu satiné qui ne représentait plus que la dernière barrière entre ses yeux et ma peau nue.
Ma respiration s'accéléra et je me promis de tenir le coup cette fois ci, qu'il fallait bien que je semble aller dans la même direction que lui, alors j'allais lui accorder cette faveur pour mieux lui planter dans le cœur la dague que j'avais réussi à dénicher dans son bureau il y a de ça quelques jours. La vengeance est un plat qui se mange froid ne dit-on pas ? La patience est ma spécialité à force d'être mise à l'épreuve voir même ma seule vertue... Et pour tuer un vampire il allait m'en falloir, il n'y avait pas beaucoup d'options possible : le brûler jusqu'à ce qu'il finisse en cendres, utiliser la sève d'un arbre rare que seul les chasseurs de vampires possèdent et gardent nuit et jour sûrement dans un lieu difficile d'accès et enfin une dague d'argent ou des balles de cette même matière plantées dans leur cœur peut endormir durant des siècles les plus âgés de leur espèce et tuer définitivement les plus jeunes d'entre eux.
J'avais en ma possession cette dague seulement je ne savais pas si elle était en argent. Je n'aurai donc qu'une chance, la vie ou la mort pour lui ou pour moi.
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La Protégée du Vampire.
VampireCette histoire se déroule à la fin du XX ème siècle, dans un monde où les vampires ont été chassés et vivent désormais cachés. Vous y découvrirez Heidna une jeune orpheline dont le destin croisera celui du redoutable boucher, Ascian l'un des dernie...