Chapitre 29

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Éléa

Debout devant le bureau de Nash, je ferme puis ouvre plusieurs fois les poings. Malgré ce que j'imaginais, prendre le temps de changer les pansements de Baby Boy avant d'affronter le retour de mon meilleur ami, n'a en rien apaisé ma nervosité. La peur de voir mon passé percuter mon présent me rend plus fébrile que jamais. Pourtant, retarder l'inévitable ne rendra pas les choses plus faciles au bout du compte. Alors, j'inspire profondément et sans frapper, j'entre dans la pièce.

Comme aimanté par une force invisible, mon regard cherche immédiatement celui de Nash. Incapable de faire abstraction de mes angoisses, je parcours des yeux son corps à la recherche d'une blessure qui nécessiterait des soins plus poussés que la poche de glace qu'il tient contre sa mâchoire. Un soupire de soulagement m'échappe quand je ne vois rien de trop grave, ce qui fait naître chez lui son petit sourire en coin plein d'arrogance. Je lui renvoie un regard noir, qui laisse apparaître une petite fossette bien trop adorable sur sa joue droite.

Sa main se tend vers moi dans une invitation silencieuse à le rejoindre et même si je lève les yeux au ciel, je me laisse tenter. Ses prunelles vertes ne quittent pas les miennes quand il me tire sur ses genoux pour glisser une main sur ma nuque et m'embrasser comme s'il était assoiffé. Je ravale un gémissement et sursaute quand quelqu'un se racle la gorge quelque part derrière moi.

— J'ai pas franchement envie de voir ça les enfants.

Je rougis violemment en reconnaissant la voix de Papi. Je n'ai pas honte de ce que nous partageons, mais tripoter Nash devant son grand-père... C'est un peu comme se tripoter devant un homme de foi... Juste la honte totale.

— Moi non plus.

Quand j'entends le timbre familier de Racer, la honte fond comme neige au soleil et la chieuse en moi reprend du service. Me retournant sur les genoux de Nash, je lui fais face et pointe un doigt vengeur vers lui.

— Toi, tu n'as pas ton mot à dire là-dessus. Tu m'as abandonnée ! Tu es parti sans même me dire au revoir ! Alors ton avis sur ma relation avec Nash, tu te le mets où je pense et tu fais avec.

Quelqu'un ricane dans le coin opposé et je ne suis pas surprise d'y trouver Mac. Là où se trouve mon homme, il n'est jamais très loin et si Hawks était rentré de mission il serait là également. Cela ne m'empêche pas de lui envoyer à lui aussi un regard noir. Mais avant d'avoir le temps de lui lancer une petite pique, le bras de Nash se resserre autour de ma taille et ses lèvres se posent juste en dessous de mon oreille. Il chuchote alors de telle sorte que je sois la seule à l'entendre :

— Je t'aime.

Ça a le mérite de me faire taire et il poursuit plus fort :

— On est tous là. Commence par nous dire ce qui s'est passé avec mon père.

Racer s'avachit un peu plus sur sa chaise. Son arcade a été recousue par je ne sais qui et l'ombre violacée d'une ecchymose assombrit déjà sa pommette. Loin de l'arène, à la lumière du jour, il paraît plus épuisé que jamais. Je réfrène mon envie d'aller le serrer dans mes bras. Il a beau m'avoir terriblement manqué, je n'oublie pas non plus qu'il m'a abandonnée et ne s'est pas montré quand il a appris que j'étais cachée parmi les siens.

— Tu sais que j'ai mis le bureau de Sloane sur écoute.

Je me raidis à ces mots et encore un peu plus lorsque Nash acquiesce. Comme pour me rassurer, son pouce caresse doucement ma taille en de doux allers et retours.

— Quand je suis rentré chez moi après l'embuscade, j'ai voulu garder un oeil sur lui pour connaître son prochain mouvement. Malheureusement, je n'ai compris que trop tard ce qu'il tramait.

Hell WhispererOù les histoires vivent. Découvrez maintenant