Chapitre 39

0 0 0
                                    

 Le garçon fournit un nouvel effort, il se traîna dans la neige jusqu'à son cheval. L'eau gelée se glissait dans ses chaussures et glaçait ses pieds. L'animal n'avait pas bougé, il l'attendait sagement, en trépignant d'impatience. Il devait avoir senti que quelque chose n'allait pas. Maxime sentit ses doigts s'engourdir au contact avec le cuir noir du licol. Il lui sembla qu'il faisait nettement plus froid, déjà que c'était à peine supportable...

Le garçon sentait ses larmes encore chaudes se geler sur sa peau. Le froid passa comme une ombre sur la forêt. Maxime sentit un souffle glacé lui effleurer les jambes. Il regarda autour de lui, un mauvais pressentiment venait de s'emparer de lui.

– Maxime montes sur ton cheval maintenant ! On doit partir ! fit Yan déjà sur son propre cheval.

Le garçon regarda le représentant humain. Yan avait peur. On pouvait le lire sur son visage.

Maxime passa son pied dans l'étrier et se mit en selle. Il se sentait si triste. Marine, il l'avait abandonnée sous cette couche de glace. Elle était morte. Il n'y avait aucun doute là-dessus. Le garçon sentit de nouvelles larmes rouler sur ses joues. Il s'en voulait même s'il se disait que ce n'était pas entièrement de sa faute. Elle avait dû être attirée par quelque chose loin d'eux. Il l'avait laissée sans surveillance. Seule. Et maintenant elle était morte. En fait, tout était de sa faute. Marine était morte à cause de lui.

Yan partit le premier sur son destrier, celui de Maxime ne se fit pas prier et partit à sa suite. Il sentait ses pensées se brouiller, il ne trouvait aucune explication logique. Marine était morte, que ce soit sa faute ou non cela ne changeait rien, elle était bel et bien morte. Elle était au fond d'une mare à l'eau transparente, gelée et morte. Ils ne se reverraient jamais. Maxime se mit à pleurer tandis qu'il se cramponnait à la crinière de son cheval.

Le froid grandissait autour d'eux. Maxime le sentait lui arracher quelques frissons en glissant contre son échine. Ses larmes dégageaient quelques fumées en glissant sur sa peau. Marine était morte. Le garçon essuya l'eau salée d'un revers de main. Il découvrit au creux de sa main de la glace. Ses larmes avaient gelé si vite. Yan avait raison. Ils devaient fuir le plus rapidement possible.

Les deux chevaux galopèrent plus vite que jamais en soulevant des tourbillons de neige. Yan était toujours devant, il les guidait à travers l'immense forêt. Maxime avait l'impression qu'ils n'en finiraient jamais. Il y avait toujours plus d'arbres, toujours plus de neige. Le vent s'était mis à souffler. Le froid s'installait paisiblement dans le bois. Quelques flocons commencèrent à tomber. Au début minuscules ils ne tardèrent pas à mesurer un bon centimètre, puis deux.

Maxime commençait à avoir peur. La tristesse et la peur étaient de loin les seuls sentiments qu'il se sentait capable d'éprouver. Enfin, Yan les fit sortir de cette immense forêt. L'homme ne ralentit cependant pas l'allure.

Ils étaient maintenant sur une grande plaine tapissée d'une épaisse couche de glace et sillonnée par le vent. La neige tombait toujours sur eux. Maxime se blottit dans ses vêtements chauds. La peur était toujours là. Son cœur battait à tout rompre.

Et s'ils mourraient dans cette tempête ? Pour lui c'était une mort horrible. Marine. Sa mort à elle aussi avait été horrible. Le vent souffla de plus en plus fort. Et si sa mort lui permettait de retrouver la jeune fille dans un monde meilleur ? Les flocons de neige se mêlèrent à une grêle étrangement légère, comme portée par le vent. Marine aurait aimé voir autant d'eau, elle lui avait dit qu'elle aimait l'eau sous toutes ses formes, ironique pour une telle fin.

Maxime lâcha une nouvelle larme mais elle n'eut pas le temps de rouler qu'elle gela sur le coin de son œil instantanément. Le vent souffla plus fort que jamais, sa puissance ne cessait d'augmenter. La neige tourbillonnait dans tous les sens en fouettant son visage. Le manteau de flocons désordonnés lui cachait la vue, il avait du mal à voir Yan dans cette tempête. Le vent montait toujours en puissance. La glace couvrait les rayons du soleil.

Maxime ne voyait presque plus rien devant lui. Même les oreilles de sa monture étaient indiscernables dans la neige.

Le garçon sentit la panique le submerger. Cela ne faisait qu'une heure qu'ils avaient laissé le corps de Marine derrière eux, cette tempête semblait avoir pris naissance dans la forêt et s'étalait tout autour à une vitesse phénoménale.

Une idée frappa Maxime, et si Marine était la cause de tout cela ? L'Avarielle serait-il capable de provoquer autant de dégâts ? Même lorsqu'il n'était qu'un enfant ? Et surtout dans un état second ? La nature l'aime et le protège alors pourquoi ... la nature le protège. La glace s'ouvrira. La prophétie. Maxime n'y avait même pas songé. Alors peut-être que Marine allait bien, elle était le démon, elle avait survécu aux épreuves du sang, elle pourrait facilement survivre à une tempête de glace.

Maxime ne voyait plus du tout Yan quand il sentit son cheval souffler. Le garçon eut un mauvais pressentiment. Il vit une masse sauter sur lui et l'entraîner aux pieds de son cheval. Il tomba sur le sol gelé sans trop de dommage. Ses vêtements étaient tellement épais qu'ils avaient amorti le choc.

Le garçon entendit alors Yan crier. Il n'aurait pas su dire d'où venait sa voix mais il était sûr de l'avoir reconnue. Maxime tenta de se relever.

Un pied sur sa cage thoracique l'immobilisa dans la neige. Il fit un effort suprême en forçant sur ses yeux pour identifier son agresseur. Il observa la botte noire en cuir brillant qui était posée sur lui, des vêtements noirs, un fouet qui pendait à une ceinture.

Maxime vit que son agresseur avait un teint sombre, des cheveux clairs et des yeux bleus brillant dans la tempête. 

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant