Chapitre 1 : Le démon s'habille en tenue d'Adam

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« Oh yes, I'm the great pretender,

Pretending I'm doing well

My need is such I pretend too much

I'm lonely but no one can tell.

Oh yes, I'm the great pretender

Adrift in a world of my own

I play the game to my real shame

You've left me to dream all alone. »

The Great PretenderFreddie Mercury

Toutes les fois où je déprime en voyant ce qu'il se passe dans le monde que j'ai créé, je jette un œil à cette petite rue de Soho enveloppée dans une bulle d'amour : ici, point de crimes ou de conflits, les boutiques ne connaissent pas la crise et lorsqu'un commerçant décide de tirer le rideau, c'est parce qu'il vient de rendre l'âme, qu'il profite d'une retraite bien méritée ou qu'il s'est décidé à ouvrir une maison d'hôtes en Normandie. Vous, êtres façonnés à l'une de mes images, vous pensez vivre dans un monde de haine et de cupidité. Je ne suis pas tout à fait d'accord : j'ai plutôt l'impression, et ce même si l'envie de vous exterminer me prend sept ou huit fois par jour, que l'amour est partout dans notre monde. Il n'y a pas toujours de quoi en écrire un roman d'amour ou d'en faire un film réalisé par Richard Curtis, mais il est bien là. Père et fils. Mère et fille. Frère et sœur. Mari et femme. Époux et mari. Femme et épouse. Copains, copines. Vieux amis. Ange et démon.

L'une de ces traîtresses créatures s'apprêtait à en ressentir les troublants effets, mais je m'égare et, comme toute bonne histoire qui se respecte, je me dois de vous relater les faits en respectant une certaine chronologie afin d'en garder tout le sel. Notre démon – jadis, il M'appartenait et il était l'un de mes meilleurs employés célestes –, en cette pluvieuse journée de décembre typiquement londonienne, roulait à plein gaz dans les rues, bien au-dessus de la vitesse autorisée tout en hurlant des insanités à ses pauvres plantes vertes tremblant sur la banquette arrière.

La perte de son appartement après son « petit écart apocalyptique » continuait de le contrarier et selon lui, le peu d'espace dont il disposait désormais nuisait à la croissance de ses plantes. C'est pourquoi, il avait pris l'habitude de rouler toute vitre ouverte afin de leur donner un semblant de vigueur. Sentant la colère de son propriétaire – qui n'était pas difficile à deviner au vu de la fumée lui sortant des oreilles –, la voiture se cabra et bien décidée à lui montrer sa propre irritation, tenta de ralentir la cadence imposée. Il laissa échapper un juron que je répéterai pas ici, mêlant Mon Nom à celui de Vous-Savez-Qui, avant de braquer vers la droite, manquant d'écraser de peu un troupeau de scouts, pour s'engager en direction de Regent Street. La Bentley, comprenant qu'elle ne parviendrait pas à faire entendre raison à son maître, procéda autrement. Elle se mit à ronronner et actionna son autoradio et se mit à diffuser une chanson pour qui, elle éprouvait une passion pas si secrète.

I don't want a lot for Christmas

There is just one thing I need

I don't care about the presents underneath the Christmas Tree

I just want you for my own

More than you could ever know

Make my wish come true

Love IneffablyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant