La base de Reed était immense. Je serai prête à parcourir toute cette énormité, mais ce serait la deuxième mission suicidaire de la journée.
Il ne me fallut pas plus d'une minute pour me contredire, sortir de la chambre qu'Hanson m'avait attribuée, et mettre mon nez dehors. Je vadrouille à la recherche de la sortie sans croiser personne, persuadée qu'Hanson m'avait conduite au bout du couloir. La grandeur de cette base me déprimait, j'étais perdue rien qu'en sortant de mon dortoir. Sur le point de me décourager, je découvre qu'il y a une porte ridiculement petite à mon extrémité droite. J'emprunte cette échappatoire et descends les escaliers.J'ouvre une autre porte, quelques étages plus bas, ne sachant pas combien de temps me restait-il avant d'arriver au niveau le plus inférieur de tous. C'était pratiquement interminable.
Je me retrouve dans une gigantesque bibliothèque mal éclairée -les autres salles n'ayant pas retenue mon attention-, au plafond dix fois plus haut que toutes les autres pièces que j'avais visité depuis mon arrivée.
À peine deux heures.
Je balade mes mains et touche à tout, comme-ci j'avais besoin de sentir que tout ça était réel.Même si au fond, je préférais rêver que vivre dans la réalité. Elle est si poignante, si dure avec nous.
Je pioche de temps à autre un livre pour lire son titre, le dépoussiéré, et le replace à son endroit initial. Je vois une échelle calée contre un mur. Mes yeux suivent sa longueur, et finissent par faire un tour complet, entrainant tout mon corps, comme pour me dévoiler en un seul et unique mouvement ce que je ne pourrais jamais voir dans un état inchangé. Tout est impeccablement rangé, mais j'ai l'impression que cette pièce est abandonnée depuis quelque temps. Je ne peux m'empêcher de trouver cela dommage, que cette magnificence ne soit pas vue au moins une fois dans une journée. Après m'être trop attardée dans la Bibliothèque, je prends soin de bien fermer la porte. Le clic de la porte retentit, et des bruits de pas retentissent dans le fond. Je les entends se rapprocher au fur et à mesure de moi. Mon sang se glaça.
Si c'était Reed ? S'il était déjà à ma recherche ?
Je reste pétrifiée, incapable de pouvoir me cacher, car c'est trop tard. J'ai distingué deux visages complètement inconnus, je pousse un soupir de soulagement. Deux hommes en tenue civile qui ne m'ont pas encore remarqué marchent. Je profitai alors de l'occasion. J'étais invisible, je n'étais personne à leurs yeux.
- Excusez-moi, m'intercalais-je dans leur conversation, je cherche la sortie...Vous sauriez où elle serait ?
Quand j'obtiens le regard de ces deux personnes, ils se figent un instant, et éclatent de rire instantanément.
-Elle cherche la sortie, pouffa l'un des deux hommes, toujours sous l'emprise de son fou rire.
Je sais que quelque chose ne va pas, mais je me fonds dans le décor et tente un rire jaune. Un peu trop forcé à leurs goûts, puisqu'ils s'arrêtent après coup. Ils se regardent de manière synchronique et s'approchent de moi.
-Tout compte fait, je pense que je sais où elle pourrait se trouver...
Je recule, et comme un signal d'alerte, ils se mettent à me pourchasser. Du sens opposé, je prends les jambes à mon coup en passant par les escaliers, descendant les marches quatre à quatre, le son du métal bourdonnant sous mes pieds. Je manque de trébucher à plusieurs reprises, à contrecœur je me dois de m'arrêter. Un nouvel étage, et j'atterris dans un couloir similaire aux autres, à l'exception près que celui-ci, est orné de magnifiques fresques polychromes. Personne n'est à l'horizon. J'entends ma respiration incontrôlable, n'étant pas habituée à courir autant et aussi vite en une seule journée.
À nouveau, des voix retentissent de l'autre côté du pan de mur. Je fournis un dernier effort au moment où les portes palières s'ouvrent, mais mon mouvement reste suspendu lorsque je percute brutalement un quelque chose de solide. J'éprouve une douleur soudaine à l'épiderme de mon dos, et comme-ci la douleur se propageait, mes côtes picotaient péniblement une fraction de seconde. Je discerne à peine les cheveux ambrés du frère de Reed quand on traine mon corps encore endolori de douleur. Ce type est aussi solide qu'un caillou, le contraire n'est même pas envisageable.
-Attendez.
-Colonel ? s'exclama un homme, et je sentis la pression de sa prise se détendre.
-Ne passez pas à côté du bureau d'Alex, je m'occuperais personnellement de...
-Mais vous ne pouvez pas, sembla-t-il contester une fois de plus
-Elle sera consignée, disposez maintenant.
Lorsque le soldat me lâcha à contrecœur, je ne pus m'empêcher de lui sourire. C'est alors que Reed fit volte-face.
-Ne te réjouis pas, tu ne verras plus ce couloir pendant un moment.
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ANARCHY
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