Chapitre 1 - Lourde décision

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Vingt-neuf octobre deux mille vingt-trois, un temps maussade s'abat sur Sète, les vents et la pluie se déchaînent sur la presqu'île côtière de la méditerranée. Non loin de Sète, dans la petite ville de Villeneuve-lès-Maguelone, le lieutenant Georges Caron s'apprête à revoir Vanessa Leyman, la célèbre tueuse à la rose tigre. Mais le lien qui unit ces deux personnes est bien plus fort que tout. Après une histoire d'amour passionnelle mais tout aussi destructrice, Vanessa porte le premier enfant de celui-ci. Un enfant non désiré, qui enferme Georges dans un choix impossible.
Bien que perdu, Georges a fait son choix, un choix qui ne plaira pas à tous, mais un choix qui vient droit du cœur.
En panique devant la porte, Georges se refait toute son histoire, pour se convaincre que son choix est le meilleur. Une phrase résonne en lui, plus que les autres, celle de son amie, Lisa, qui a perdu ses parents dans son enfance. Cette phrase, il la connait par cœur, il l'a entendue des milliers de fois dans sa tête, mais cette phrase confirme son choix, «Mes parents étaient mon seul phare pour traverser la lumière, sans eux j'étais perdue et pour toujours une partie de moi n'arrivera jamais à se reconstruire».
Georges sait pertinemment que certaines personnes ne comprendront et n'accepteront jamais cette décision, malgré tout, le jeune homme essaie tant bien que mal de faire face.
Il le sait, la situation sera compliquée, mais ce qui lui fait le plus mal, ce sont les mots durs de sa mère sur ce bébé. Elle n'est pas enclin à accepter les choix de son fils, pourtant Mona est une mère protectrice et dévouée mais aussi inquiète pour celui-ci.
Alors que le jeune homme attend le début de son parloir, sa mère l'appelle une nouvelle fois pour s'assurer qu'il va bien, mais au moment de lui révéler où il est, celui-ci ment.
Georges est intègre et honnête, mentir ne fait pas partie de lui, mais ce mensonge, bien qu'il n'est peu de conséquences, lui arrache le cœur.
Quand Georges finit l'appel avec sa mère, il relève la tête et croise le regard bleu perçant de Vanessa à travers la vitre.

À midi, le SPOON, le bar le plus célèbre de Sète grouille de clients. Georges sait que dès qu'il passe le bas de la porte, il s'attire les foudres de Bart, le patron du bar, celui-ci a perdu sa femme à cause de la tueuse à la rose tigre. Mais aujourd'hui, il n'est pas là pour se réconcilier avec Bart, ni même voir sa mère, mais plutôt discuter avec Lisa. Cette jeune femme n'est pourtant pas si proche de Georges, mais Lisa est la seule personne a avoir compris et défendu  ses choix, alors un lien fort s'est rapidement tissé entre eux. Le jeune lieutenant trouve les yeux de Lisa et s'avance vers elle.
«Georges, comment vas-tu ? demande Lisa.
- Relativement bien. répond Georges d'une voix hésitante.
- Pourquoi relativement ? Comment le parloir s'est mal passé ? Elle a mal réagi ?
Georges s'assoit pour discuter plus longuement avec la jeune femme.
- Je ne m'attendais pas à cette réaction de sa part.
- Elle a refusé ? Même pour la garde ?
- Bien au contraire, elle a été très compréhensive même si j'ai bien vu qu'elle n'était pas ravie non plus.
- Donne moi plus de détails. demande Lisa
- Au départ, quand je lui ai annoncé que j'allais garder le bébé, elle était aux anges. Elle pensait déjà à notre petite famille, et à sa nouvelle vie à sa sortie, mais quand je lui ai dit qu'après l'accouchement elle ne reverrait plus jamais son enfant. Son rêve est devenu désillusion mais pour autant elle l'a accepté et n'a pas bronché.
- Elle t'a dit quoi de plus ?
- Que j'avais raison et que notre enfant ne devait pas vivre dans un environnement tel que le sien, mais je voyais bien qu'elle disait ça pour ne pas me contredire.
- Le principal c'est que le parloir se soit bien passé, le plus dur est fait, tu vas pouvoir avancer et penser à l'avenir.
- Malheureusement ce n'est que le début du cauchemar, je dois encore l'annoncer à ma mère, à Bart, à Victoire, et tout ceux qui ne sont pas d'accord avec mon choix de garder le bébé.
Lisa se rapproche et prend la main de Georges.
- Tu n'as pas à redouter ce moment, si ces personnes là tiennent à toi, alors elles accepteront quoi qu'il arrive ton choix.»
Pendant que la jeune femme essaie de rassurer tant bien que mal son ami. Mona, la mère de Georges, qui travaille en tant que cuistot au SPOON, écoute toute la conversation derrière un paravent. À chaque mot prononcé par Georges, elle se crispe. Malgré toute la peine que Mona peut avoir envers son fils, elle se désole toujours autant du choix de celui-ci.

Vingt-trois heures trente-huit, Mona compte la caisse, éteint les lumières, et ferme la grille du SPOON. Pour la première fois, elle fait la fermeture pour soulager Bart. Une fois le bar fermé, Mona voit les phares d'une voiture au loin, s'arrêtant devant le bar, elle plisse les yeux et voit Georges à l'intérieur. Mona est embarrassée, après la conversation qu'elle a surprise au SPOON, elle ne veut pas discuter avec son fils par peur de le brusquer.  Mais Mona se résigne rapidement à monter dans la voiture, au vue de la pluie frappant tambour battant. Dès les premières minutes de trajet, le bruit du vent s'engouffrant dans les arbres s'entend plus que les voix de Georges et Mona réunies.
«Maman, ça ne va pas ? Tu n'as pas dit un mot. lance Georges
- Ça va. répond sèchement Mona
- Non, je vois bien que ça ne va pas.
- Pourquoi tu veux gâcher ta vie, mon fils ? Je t'ai entendu parler avec Lisa, je sais que tu veux garder le bébé.
- C'est pour cette réaction que je ne voulais pas t'en parler.
- Pour combien de temps, Vanessa va continuer à maudire notre famille ?
- Ici on ne parle pas de Vanessa, mais de mon enfant. Je ne veux que son bonheur, et ça ne peut être qu'avec moi.
- Mais ce n'est pas ton enfant, c'est celui de Vanessa !
- Cet enfant n'a déjà plus de mère, alors est-ce que je dois le condamner à ne plus avoir de père non plus ?
- Cet enfant deviendra comme sa mère, c'est inévitable !
- Mais nous serons là pour l'épauler et affronter son passé, Victoire, Lisa, toi et moi, nous serons  tous là pour lui.
- Non, cet enfant ne deviendra, jamais mon petit-fils !
Georges se met en colère, et arrête la voiture sur le bas-côté.
- Je savais que ça allait être dur pour que tu comprennes mon choix, mais là c'est au-delà de tout ce que j'avais pensé. Tu me dégoûtes, sors de ma voiture !»
Après cette discussion envenimée entre mère et fils, Georges laisse Mona, au beau milieu de la route, seule, dans la nuit, sous la pluie.

Pas à pas, Mona avance dans la pénombre, guidée par la majestueuse demi-lune. Trempée de la tête au pied, elle se fait surprendre par le tonnerre qui commence à gronder. Des éclairs proches et puissants frappent le sol, Mona a peur et n'est pas rassurée. Un vent violent, des orages importants, une pluie considérable et Mona se retourne quand elle ressent une présence derrière elle. Sa respiration s'accélère, son rythme cardiaque s'emballe, Mona panique, elle marche de plus en plus vite, regarde autour d'elle pour surveiller les alentours.
Mona se sent oppressée par des présences. Elle baisse la tête et voit un visage dans une flaque d'eau, sa panique ne cesse d'augmenter jusqu'à un point insoutenable. Elle hurle et fuit en courant laissant tomber son sac dans son élan. La pluie s'intensifie et tombe à vive allure, Mona épuisée, arrive enfin à la coloc. Elle ouvre la porte et pousse un souffle de soulagement. Elle allume la lumière, pose son manteau et demande si Soraya est là mais personne ne répond.
Mona, enfin rassurée, s'assoit sur le canapé pour se reposer de cette journée éprouvante, elle allume la télé mais celle-ci s'éteint instantanément, un orage frappe la bâtisse ! Mona sursaute de peur au moment de l'impact, toutes les lumières de la maison s'éteignent et s'allument de manière incontrôlée. La mère de Georges est dans l'incompréhension, elle se lève pour atteindre le lustre central quand toutes les lumières s'éteignent d'un seul coup. Mona, dans le noir complet, entend toutes les fenêtres s'ouvrir au même moment, laissant le vent s'engouffrer dans les moindres recoins. Sans même avoir le temps de réagir, Mona entend un claquement juste au-dessus d'elle. Avant même de comprendre d'où vient le bruit, l'imposant lustre qui surplombe la pièce se détache du plafond et s'écroule sur le sol. Dans la panique, Mona se recule mais trébuche en arrière. L'impact du lustre sur le sol fait exploser en milles morceaux les dizaines d'ampoules. Mona relève la tête et dans la frayeur du moment, un morceau de verre lui transperce l'œil droit !

À suivre...

L'appel de l'au-delàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant