- Lily -
Samedi 19 mai 2018 (Londres, Angleterre) - 5 ans plus tôt.
Il n'est que onze heures et pourtant je suis déjà lessivée. J'imagine que travailler sur ma version d'espagnole jusque deux heures du matin n'était pas l'idée de l'année en sachant que je débutais à 7h30 ce matin. Dire que j'en ai jusque 14 heures ... je ne sais pas comment je vais tenir jusque là. Même l'odeur de café environnante et les deux tasses que j'ai déjà ingurgitées risquent de ne pas suffire. Tout ça pour un travail dont je ne suis pas satisfaite et que je devrais reprendre tout à l'heure.
Enfin pour l'instant, il serait temps que je me concentre vraiment sur ce que je suis en train de faire. Les cafés ne vont pas se préparer tous seuls, et il serait temps que j'arrête de confondre le muffin aux trois chocolats et celui au tout chocolat. Les clients sont plutôt indulgents jusque là car c'est samedi matin donc les quelques matinaux présents ne sont ni trop pressés ni trop bougons, mais autant dire qu'à partir de maintenant la clientèle ne sera plus vraiment la même.
Cela ne fait qu'un peu plus d'un mois que j'ai débuté ce petit boulot, à mes dix-huit ans en fait, pourtant j'ai déjà compris les rouages de la machine. En même temps, dans ce petit salon de café ce n'est pas difficile il y a deux types de clientèles : les habitués et les gens pressés. D'un côté des gens adorables qui aiment vous raconter leur vie comme si vous étiez très intimes, de l'autre des hommes et des femmes qui trouvent que vous êtes trop longue et pour qui la politesse se résume à ne pas vous crier dessus parce que vous n'avez prévenu que le café tout juste prêt est trop chaud. S'il était froid, ils seraient capables de vous le jeter au visage en même temps...
Les privilèges de la vie en ville. Nous ne sommes pas dans le centre de Londres, cependant l'établissement désempli rarement. Si cela permet à la journée de passer plus vite, cela signifie surtout qu'il n'y a pas vraiment de moments creux et que deux heures de sommeil supplémentaires pour avoir de l'énergie aurait été plus que bénéfiques.
Je vais pourtant devoir faire avec car il commence à y avoir de plus en plus de monde dans notre petite boutique.
« Lily ! Lily ! »
La voix de Wendy ma collègue me fait sursauter et je renverse quelques gouttes de laits sur ma main ce qui ne manque pas de me brûler. Mais alors que je veille à rester concentrée sur ce que je dois mettre dans l'appareil pour respecter la recette à la lettre, Wendy apparait à mes côtés un air malicieux qui n'augure rien de bon sur le visage.
« Lily, reprend-t-elle, ne te retourne pas mais il est là. »
J'éclate de rire amusée de constater qu'elle ne réalise pas que cette information ne m'aide absolument pas. Avec elle cela pourrait être n'importe qui allant de David Beckham - peu probable cela dit - à Henry l'octogénaire aux mains un peu trop baladeuses avec les serveuses ou Ben, le client « trop mignon » qui lui fait perdre tous ses moyens. Cette fille est vraiment adorable, mais j'ai parfois du mal à la suivre.
« Qui ça ? Je demande en cherchant la bonne taille de couvercle pour le gobelet. Ben ? Je suppose vu son enthousiasme.
- Ben ? s'exclame-t-elle. Non, non pas du tout.
- Qui est là dans ce cas ? Je demande en enfilant la manchette de protection anti-chaleur.
- Ton admirateur, chuchote-t-elle sans discrétion. Il est là. Encore. »
Et c'est reparti. Oui évidement, il y a un autre il possible. Mais là-dessus, Wendy se fourvoie totalement et mélange un peu trop ses rêves et la réalité. Maintenant je n'ai plus besoin de me retourner pour savoir de qui elle parle, et ce n'est parce qu'une fois il a fait remarquer que le petit noeud fleuri qui retenait mes cheveux était mignon qu'il y a une raison de s'enflammer.
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A kiss of promises
FanfictionParfois il faut accepter que les contes de fées sont des chimères. Dans la vie, le bonheur n'est pas un acquis : il se mérite, il demande des efforts et qu'on se batte pour lui. Comme l'amour.