3- Pourquoi

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Helena

Le ton avec lequel il me dit ça me fait sursauter, je ne l'ai jamais entendu parler de cette façon.
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
Je fonds en larmes...
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
Je m'écroule...
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
Comment il peut dire ça ? Alors cette année passée ensemble ne signifie rien pour lui ?
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
- Alo...Alors tout... tout ça... toute cette... cette année... elle ne représentait.... rien... pour toi ? Dis-je entre deux sanglots.
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
- Je suis désolée Helena...
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
- Je... veux plus... te voir... ni te parler... plus jamais...
Je m'enfuie en courant.
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
Comment, comment tout a pu dérailler autant. Tout allait si bien, et puis d'un coup tout s'est effondré. Il était tout ce que j'avais, la personne que j'aimais le plus au monde. Pendant tout ce temps, il se foutait de moi, il ne m'a jamais aimée, il m'a trompée pendant 6 mois, 6 mois putain, et moi je n'ai rien senti, rien vu venir. Je me sens nulle, incapable d'être aimée.
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
Je m'arrête et je tombe sur le sol froid. Je pleure, je ne peux plus m'arrêter de pleurer. Je ne veux pas rentrer chez moi, je ne veux pas qu'il me demande ce qu'il s'est passé, je ne veux pas de leur pitié.
Je ne veux pas qu'ils me voient en état de faiblesse.
Alors je me relève et je marche, je marche aussi longtemps que possible.
Mais je n'en peux plus, je m'écroule, c'est trop, ça fait trop mal. La pluie tombe sur mon corps secoué de sanglots.
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
Je ne veux plus vivre.
Tout ce que j'avais, ce que j'aimais, tout c'est brisé en une seconde, une phrase.
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais."
La pluie continue à me tomber dessus. Ça a quelque chose de réconfortant, le bruit des gouttes tombant sur la route bétonnée et la douce odeur de la pluie.
- Vous allez vous faire écraser si vous restez ici, me dit une voix inconnu.
Je relève la tête et je remarque un homme qui doit avoir environ mon âge, il a des cheveux noirs comme du charbon, des yeux de la même couleur et le teint mate. Je ne peux pas me rendre compte de sa taille vu que je suis assise au sol mais il a l'air grand et il est super musclé, son tee shirt blanc colle à son corps et devient transparent à cause de la pluie. Je ne sais pas depuis combien de temps il est sous la pluie mais il doit y être depuis longtemps car ses cheveux et son jean sont tout aussi mouillés.
- Tu comptes te lever ou tu vas rester par terre à me fixer.
- Oh pardon, dis je en me relevant, c'est juste que tu me parles mais je ne te connais pas. D'ailleurs, pourquoi tu me parles... je ne suis qu'une merde ambulante, je lui dis en baissant la tête et en essuyant mes larmes d'un revers de la main.
J'espère qu'après cette phrase il va partir et me laisser, je n'ai pas envie de recevoir de la pitié de qui que ce soit.
- Je te parle parce que tu es allongé en plein milieu d'une route, qu'il pleut à torrent, que tu peux te faire écraser à tout moment et je n'ai pas envie d'avoir une mort sur la conscience. Je m'en voudrais de ne pas t'avoir aidé ou au moins sorti de cette route mortel.
- De toute façon, je peux mourir, personne ne sera triste...
- Tu ne peux pas dire ça, il y a toujours des gens qui pleurent à notre enterrement, et parfois c'est des personnes inattendu, et tu ne peux pas mourir sur un coup de tête, tu le regretteras.
- Comment tu peux savoir ça, tu es un fantôme?
Je l'ai dis sarcastiquement mais il a l'air de le prendre sérieusement et il a l'air blessé par mes paroles.
- Je dis ça car il y a pas si longtemps, c'était moi allongé sur cette route, et je peux te dire que faire une tentative de suicide n'a rien changé à ma vie.
- Pardon, je suis désolée, je ne savais pas....
- Tu ne pouvais pas savoir... Sinon qu'es ce qui t'es arrivé pour vouloir en finir avec la vie ?
Je remarque qu'il a changé de sujet mais je n'ai pas la force de le lui faire remarquer.
- J'ai pas envie d'en parler, désolée.
- Tu devrais rentrer chez toi, me dit-il dans un murmure.
- Tu es qui pour me dire quoi faire? Dis-je en essayant d'arrêter de pleurer.
- Personne, mais je dis juste qu'il vaut mieux que tu rentres au chaud chez toi au lieu de mourir de froid ici.
- Et qui te dis que je vais t'écouter, tu n'es qu'un inconnu. Si ça se trouve tu vas me suivre jusqu'à chez moi pour me kidnapper.
- Je crois que si je voulais te kidnapper je t'aurai plutôt endormi à l'aide d'un coton imbibé de sévoflurane ou assommé avec ma batte de baseball et je t'aurais mis dans le coffre de ma voiture en ayant teinté les vitres arrière pour que tu ne puisses alerter personne que tu es en train de te faire kidnapper or je suis venue à pied, on est sur une grande route donc tout le monde nous voie et je pense que les kidnappeurs ne discutent pas avec leur victime.
- Je me pose des questions maintenant parce que tu viens de me détailler au détail près le mode opératoire d'un kidnappeur. Donc même si tu ne veux pas me kidnapper, je ne serais pas surprise si un jour je voyais ta tête au journal avec écrit "si vous voyez cet homme contactez la police car il est suspecté dans des affaires d'enlèvement".
- Et bien désolée de te décevoir mais tu ne pourra jamais avoir le plaisir de voir ma magnifique tête au journal car je n'ai pas l'intention de kidnapper qui que se soit, dit-il en prenant la pose.
- Mais oui c'est ça, dis-je en levant les yeux au ciel.
- Bon, es-ce que sa chère mademoiselle aurait le plaisir de rentrer chez elle ou il faut que je l'y conduise moi même.
- C'est bon je vais rentrer chez moi mais laisse moi maintenant.... S'il te plaît, dis je dans un soupir.
- Tu vas y arriver, tu vas réussir à t'en sortir, fais moi confiance, au moins sur ce point.
Je sais qu'il a raison mais mon âme n'arrive pas à croire que je pourrais réussir à enlever le couteau que ce connard m'a planté dans le coeur en le faisant tourné pour bien m'achever.
"Je ne t'ai jamais aimée Helena, jamais".
Je n'arrive pas à enlever cette phrase de ma tête, elle se répète en boucle depuis tout à l'heure
- Je vais y aller, je lui dis en commençant à marcher dans la direction opposée à lui.
- Au-revoir, me dit-il tandis que je m'éloigne de plus en plus de lui.
Je fais comme si je ne l'avais pas entendu et continue à marcher.
Au bout d'une demi heure de marche j'arrive enfin chez moi.
Quand je rentre je remarque que mon père n'est pas rentré et que ma belle-mère est en train de manger.
Elle me dit que je suis folle d'être rentrée à pied sous cette pluie et que je vais finir par me tuer mais je ne veux pas en entendre plus alors je monte dans ma chambre sans manger. Je n'ai pas mangé depuis ce matin mais je n'ai plus aucun appétit.
Je vais prendre ma douche, met une tenue confortable et me couche.
Je repense au garçon que j'ai croisé sur cette route tout à l'heure, je me demande ce qu'il a traversé de si dur et comment il a réussi à s'en remettre.
Au bout d'une heure, j'arrive enfin à m'endormir, l'esprit toujours aussi embrouillé.

Pour la vie et à jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant