Où est Olivia ?
C'est la question que tout le monde se pose depuis qu'elle a disparu.
Angie en est certaine, cette disparition cache bien des secrets. Mais si elle s'efforce de rester en dehors de ça, ce n'est pas le cas de Syke, qui est bien déci...
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Angie
— Est-ce que tout va bien, Angie ?
La vue dirigée vers les tableaux qui ornent la pièce, je ne prends pas la peine de regarder mon interlocuteur en face avant de hocher la tête.
— De quoi souhaites-tu discuter ?
De ma perversion. De mes mensonges. De mes non-dits. De cette relation, malsaine et impossible.
Dolorès Genet a paru surprise, lorsqu'elle m'a trouvé, ce matin. La psychologue de Trinity ne s'attendait pas à me recevoir, et encore moins à me voir, assise dans l'un des fauteuils beiges en cuir de son bureau nouvellement réaménagé.
Les choses changent, depuis qu'Olivia a disparu. Mais elles n'évoluent pas. L'enquête est au point mort et même les flics dispersés quelques fois dans les couloirs de la fac ne semblent plus se soucier de cette énigme. Olivia est partie. Comment, où, avec qui, personne n'a de réponses à ces questions. Elle s'en est allée, c'est tout. Et cela ne paraît plus importer, que ce soit de son plein gré ou non.
Manque d'informations, de preuves, de concret, comme dirait un certain hacker. Absence de vérité. J'ignore la raison réelle de ma venue ici, mais j'ai le sentiment que c'est ce qu'il fallait. Après l'autre nuit, celle où j'ai accordé mon corps à Carl en l'offrant pourtant à Syke, je n'ai plus eu de ses nouvelles. Je n'ai pas osé en prendre, et encore moins en donner. Parce que je devrais éprouver de la honte pour m'être montrée si crue envers lui, et que ça m'abat uniquement parce que, justement, je ne ressent rien de tel.
Je m'en veux, oui. De ne pas empester la culpabilité après un tel geste.
— Angie ?
Cette fois, mon visage oblique vers la psy, qui me détaille par-dessus ses lunettes carrées. Ses dents mordillent le bout du crayon qu'elle tient entre ses doigts aux ongles vernis.
— Je n'ai pas pris de photos depuis un bout de temps.
J'avoue ça, la confession dans l'âme, et sans risque à prendre. Dolorès se redresse un peu, puis ouvre son carnet. Dans ses yeux marrons, je discerne un brin de curiosité, mêlé à autre chose, que je ne parviens pas à définir.
— Pourquoi ? tente-t-elle.
Je hausse les épaules.
— Je l'ignore. Mais je pense que vous aviez raison, l'autre fois.
— Qu'as-tu compris, Angie ?
Que je suis folle, bon sang.
Mes mains s'entrelacent, puis se décroisent, comme une gamine prise sur le fait. Je ne sais pas ce qui me force à me dévoiler un peu, je sais juste que ça me paraît nécessaire.
