CHAPITRE 39 : Double vie

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Je me pavanais à l'extérieur de l'institut, à la recherche de Kyliane, n'ayant plus de batterie sur mon téléphone.

Mains dans les poches, je me remémora les paroles de Tina :

« Tu n'as plus le choix. Ils t'ont choisis, tu ne peux plus reculer. »

Voilà une heure que Tina avait été appelé d'urgence et m'avait laissé en plan, me laissant sur ces mots. Je ne pus m'empêcher de cogiter. 

Le regard d'effroi de Tina en découvrant les anneaux de feu, son aura fumeuse qui avait menacé d'exploser au sujet de la « seconde prophétie », dont elle avait nié l'existence. Pour autant, elle avait eu le regard fuyant en me grondant et en insinuant qu'il était mal d'inventer ce genre d'absurdité. Elle avait été très malaisée de la situation. 

Option 1 : Elle avait été mal à l'aise à l'idée de devoir me faire la leçon alors que j'étais la fille de Tess, et la « petite protégé » d'Amanda.

Option 2 : Elle avait été mal à l'idée de me mentir, et tentait pour je ne sais quelle raison de dissimuler l'existence de la seconde Prophétie.

Vous vous en doutez, bornée comme je suis, je me persuada que la seconde option était plus plausible.

Mais le truc qui me tracassait le plus, était cette phrase.

« Ils t'ont choisi, tu ne peux plus reculer. »

Qui m'avait choisi ?

Je pensa en premier lieu aux dieux, idée idiote, je le sais bien. J'étais bien trop insignifiante pour être désignée pour une quelconque raison par les dieux. Par ailleurs, cela m'arrangeait. Les héros élus par les dieux finissaient souvent très mal.

Puis une idée encore plus absurde traversa mon esprit.

Et si c'était ces anneaux de feu, qui m'avaient choisi ? Pour que je sois leur porteuse ?

Je m'intima d'en demander davantage à Tina à notre prochaine altercation, en espérant qu'elle ne me sauterait pas à la gorge comme aujourd'hui.

En pensant à Tina, je me remémora la dernière chose qu'elle fit avant de me quitter.

Les yeux fermés, elle avait tendu les mains vers mes deux anneaux. L'air concentré, sourcils froncés, elle avait marmonné des mots en grec, matérialisant comme une couche de protection autour de mes deux poignets. C'était ce qu'on appelait un charme

- Ça devrait suffire à cacher ces bracelets de la vue des autres. Ne laisse jamais personne trop t'approcher, au risque qu'il ne comprenne la supercherie.

Puis un nouveau coup de fil. Après une énième injure, la nymphe m'avait embrassé sur le front et s'était volatilisée, me laissant seule, dans le jardin du bahut.

Je tournais en rond, ne sachant pas où aller, quand je percuta une étudiante. 

Soudain, un flash me revint. Un souvenir, du même réalisme que mes rêves étranges.

Comme transporté dans ce même couloir, mais quelques dizaine d'années auparavant. Les lierres n'avaient pas autant poussés, et les murs étaient moins fissurés.

J'observe alors mes mains, je porte l'uniforme de l'institut, et mes anneaux ont disparu. Comme si j'étais dans le corps d'un autre individu.

- Fait attention la prochaine fois, Gautier ! gronde alors l'étudiante dans laquelle je viens de foncer.

Je fronce des sourcils. « Gautier » ?

Une étudiante s'avance et se baisse pour ramasser les manuels que j'ai dut faire tomber par inadvertance. Je me penche également pour ramasser mes bouquins, au moment où celle-ci relève la tête.

le Magisteril et les anneaux de feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant