THE WAY - LE DILEMME

CHAPITRE QUARANTE-NEUF

 C'est l'heure de la fermeture quand je pousse la porte du Tattoo Ink et les lieux sont déserts. Plus un client, plus un chat derrière ou devant le comptoir d'accueil, plus un bruit aux alentours. Visiblement, j'arrive au bon moment. L'effervescence qu'on trouve d'habitude dans le salon s'est effacée pour laisser place à un calme bienvenu.

-Emery ?

Je lève la tête quand la voix de Sam m'interpelle en haut du grand escalier en colimaçon.

-Salut, lui lance-je avec un sourire amical.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es venu voir Cam ?

-Oui. Il est là ?

-Je crois qu'il est au sous-sol.

Elle descend les marches, un sac sur l'épaule et un grand manteau au bout du bras.

-J'allais partir, me dit-elle. Il n'y a plus que lui.

-Cool. Je voulais lui parler en tête-à-tête.

-Alors tu tombes à pique. Je m'en vais. Vous êtes seuls.

-Merci.

Elle m'offre une accolade à laquelle je réponds, claque une bise sur ma joue et s'éloigne déjà. Soit elle est pressée d'aller quelque part, soit elle veut vraiment nous laisser de l'intimité. Connaissant Samantha, je pencherai plus pour la seconde option et j'avoue que ça m'arrange.

-On se voit plus tard.

-Bonne soirée, Sam.

-A toi aussi.

Et soudain, la main sur la porte, elle se met à beugler.

-Cameron, quelqu'un pour toi !

Après un clin d'œil lancé dans ma direction, elle s'éclipse en vitesse en laissant la porte se referme derrière elle. J'ai ma confirmation : elle se carapate pour nous laisser seuls. J'en suis soulagée, à vrai dire. La dernière fois que j'ai vu Cam, c'était le jour où j'ai rompu avec Tommy et je n'ai pas eu l'occasion ni le courage de lui reparler depuis. Tout était compliqué et j'avais besoin de temps pour encaisser ma séparation et les événements de Noël. Je suis prête à l'affronter désormais.

Bientôt, des pas résonnent dans l'escalier menant au sous-sol et la tête brune de Cameron apparaît ensuite à l'autre bout de la pièce. Il atteint le rez-de-chaussé et son regard ne tarde pas à me retrouver. Plantée là à quelques mètres de la porte, je le fixe sans détour et me sens mal à l'aise à l'idée d'engager la conversation.

Alors je le laisse faire ce premier pas pour moi.

-Salut, dit-il simplement.

-Je ne te dérange pas, j'espère ?

Il effectue un regard circulaire dans la pièce avant de reporter son attention sur moi.

-Non, pas du tout. Ma journée est terminée. J'allais justement fermer la porte à clé.

-J'ai croisé Sam. Elle m'a dit qu'il n'y avait plus que toi.

-C'est vrai, acquiesce-t-il. Tout le monde est parti tôt ce soir.

-Tant mieux.

Il fronce les sourcils et me lance un regard curieux que j'interprète comme une invitation à poursuivre.

-Je voulais te parler et j'avoue que j'avais espéré qu'il n'y plus que toi et moi.

-Je vois. Il n'y a plus personne à part nous alors tu peux parler. Je t'écoute.