Chap. 1 - La rencontre. [Kris]

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Je la revoyais, elle dans sa robe grise trop grande dans laquelle elle paraissait si fragile, des diamants pendant à ses oreilles, elle était belle, elle était mienne. C'était la dernière fois que je l'avais vu. Ensuite.. Elle a disparu, plus personne ne l'a revu, sans donner d'indications, sans aucune nouvelle, elle est partie. Laissant le néant derrière elle, la douleur et le sacrifice. Cela fait maintenant 10 ans, nous en avions 16, nous étions jeunes, nous étions cons. Toutes les conneries du monde et bien plus, c'était tout ce qui nous intéresser, on était insouciant, bruyant avec nos envies et nos projets. A présent tout est fini, personne ne sait où elle est, que fait-elle ? Tout est flou, mais personne n'a réellement essayé de la retrouver, personne n'a envie de remuer le passé. Ce n'était pas comme toute autre disparition, tout le monde se disait qu'elle reviendrait et finalement quand on s'inquiéta pour elle, les habitants de la ville reprirent leurs habitudes rapidement sans plus de questions. C'était Polybrook, tout êtres humain était gentils, attentionnées. Aucun débordement. Rien que des mots qui ne dépassaient jamais les pensées. Une petite ville calme au bord de mer, rien de plus banale que les vagues, les vents salés et les grains de sable qui se faufilent parfois sur les routes. Du soleil, toujours du soleil, des touristes ? Rarement, et c'était plutôt agréable pour une charmante ville côtière. C'est là que je suis né, c'est ici que j'ai grandi.

« Je m'appelle Kris, j'ai 25 ans et je recherche un emploi dans la communication. »


La phrase d'accroche d'un entretient banal, pour un gars banal, dans un établissement banal, dans un endroit banal... Mais cette fois-ci, c'était différent, je ressentais que quelque chose allait se passer. Tout d'abord, c'était la première fois que je quittais Polybrook. En effet, nous n'avions pas besoin de sortir de la ville pour avoir la crèche, l'école, le collège, le lycée et l'université. J'ai postulé dans toutes les entreprises de cet endroit, malheureusement ou heureusement sans succès. Après quelque 25 années passées au même endroit sans jamais sortir, j'avais envie de découvrir de nouvelles choses, de vivre de nouvelles aventures, oublier ma ville le temps d'une vie peut être.

C'était donc la première fois que je regardais réellement, que le moindre détail ne m'échappait pas. Je n'étais plus dans mon état second. En effet, lorsque l'on vit tout le temps avec les mêmes personnes, il n'y a plus besoin de s'intéresser à eux. Alors lorsque je vis les formes de la métropole au loin, je me sentais bien et je découvrais enfin ce que j'avais rêvé. Le voyage en voiture ne fut que très court malgré la longue distance.

Je me trouvais devant l'immeuble en verre, admirant les reflets du soleil un moment avant de rentrer. Tous étaient épurés, rien ne dépassait, tout était impeccable. On me demanda d'attendre quelque temps dans un fauteuil me proposant un café que je refusai donc poliment. Je dus attendre légèrement encore, j'en profitai alors pour inspecter par la fenêtre ce que serait peut-être avec un peu de chance ma vie. Dehors, les gens étaient tels des fourmis dans une fourmilière, chacun avançait d'un pas rapide de peur d'être en retard. Des passants flânaient proches des vitrines, de nombreux sacs pendant à leurs bras. Ils semblaient heureux.


« - Monsieur ? Veuillez me suivre. »


Je suivis donc la jeune employée en regardant le balancement de ses hanches lorsqu'elle marchait, elle se décala légèrement sur le côté pour me laisser passer, tout en me souhaitant un bon entretient. Je lui souriais alors en la remerciant, puis je m'avançais dans le bureau. Une jeune femme, qui devait avoir mon âge, releva la tête des documents posés sur son bureau, elle m'indiqua un siège face à elle, ses lèvres se mouvant délicatement. Il me semblait reconnaître certains de ses traits. Je ne cherchai pas plus à comprendre, lorsqu'elle me demanda de me présenter brièvement. Elle prit des notes tout en regardant mon CV. De nombreuses questions brèves et sèches surgirent de ses lèvres teintées d'une couleur pale. Elle était habillée d'une façon très classe, un joli tailleur gris, le même gris que la robe de Rebecca lors de son départ, accompagné d'une chemise blanche. Ses yeux bleus étaient profonds et magnifiquement dévastateurs. Elle n'avait pas besoin d'artifice pour être déroutante. Quelques mots sortirent alors de ma bouche sans que je ne puisse les retenir.

« Excusez-moi... Comment vous appelez vous ? J'ai l'impression de vous avoir déjà rencontré auparavant. »


Quelques secondes suffire pour que le sourire dévastateur s'évapore de son joli visage. Je m'en sentis désolé et me demanda ce que j'avais dit qui avaient pu être si terrible. Elle se leva, tout en s'excusant avec un sourire attristé, puis elle s'en alla, me laissant seul avec mes remords et mes questions, le sentiment d'avoir tout gâché. Je bondis sur mes pieds, et parcouru l'espace délicatement décoré, le gris clair se fondant parfaitement avec le paysage que projetait la grande fenêtre recouvrant tout le mur à ma gauche. J'attendis quelque temps, admirant la vue. Comme la ville était belle. J'entendis un bruit de pas derrière moi, ce qui me fit sursauter, je me retournai alors brusquement. Elle était là, son chignon défait, des larmes sur ses joues, elle ne disait rien, elle était si fragile. Le contour de ses lèvres, ses yeux dans lesquels on avait envie de plonger, de se noyer...


« Rebecca.. ? »

Je ne pouvais que chuchotais son prénom, mes doigts parcourir délicatement sa joue d'une caresse. Je ne savais que ressentir. Je pouvais être triste, ou bien être heureux de la revoir. Mais la haine. Je sentais le poison du dégoût survenir en moi, me laissant un goût amer de ces retrouvailles. Je n'avais plus envie de lui faire confiance, plus envie de la laisser entrer dans ma vie.


« Je n'aurais jamais dû venir ici, excuse-moi. Adieu, nous t'avons tous oublié. Ne reviens pas. »


La porte claqua violemment à mon passage, derrière moi, je laissais mon passé. Lorsque je sortis en trombe de la bâtisse, je sentis les gouttes glaciales frappant mon visage, me rappelant l'horrible douleur. Des souvenirs me revinrent brusquement et je ne pu m'empêcher de laisser échapper quelques larmes.



Flashback.

« -Rebecca ? Rebecca ? Où es-tu ? Que fais-tu ? Rebecca ! Nous devons rentrer dès à présent ! Rebecca ! Les parents vont nous int-.... »

Je ne pu finir ma phrase, la jeune fille venait de me sauter dessus par surprise, nous faisant tous les deux tomber à la renverse, elle plaqua ses lèvres contre les miennes. Mon corps fondait sous son baiser. Je lui rendis et nous étions insouciants. La pluie torrentielle nous faisant sombrer dans les désirs les plus fous. La chaleur et la douceur de ce moment, jamais je ne pourrais l'oublier. Je n'ai jamais pu comprendre la douceur de ses mots, la caresse de ses lèvres... Elle était mienne. Jusqu'au moment où elle se releva brusquement, me repoussant. Elle se mit à courir en me criant tout son amour, elle disait qu'elle était désolée. Sa robe grise flottait autour d'elle, une lumière m'aveugla. Lorsque que je fus enfin en mesure de voir et de me relever, elle avait déjà disparu. Je ne la revis plus jamais.

Polybrook.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant